As-tu vu les belles quenouilles dans le marécage ?! (Idris)

Tu respirais bruyamment, tes yeux étaient encore rouges des larmes que tu avais versé il y a peu. Tu t'essuyais le nez avec ta main en reniflant un coup. Tu redoutais ce jour. Bien qu'étant entraînée depuis quelques années, tes parents ne voulaient pas que tu suives le mouvement des carrières se proposant. Ils avaient trop peur de te perdre, toi ou l'un de tes frères ainés. Ainsi donc même si la famille Manderly n'avait pas pris position aux Jours Sombres, les règles, les lois imposées par le Capitole ne leur plaisaient pas. Aucune révolte n'était envisageable pour eux, par lâcheté ou tout simplement pour la vie futur de leur descendants, ils pensaient tout bas sans jamais s'élever plus haut. Penser à la famille avant tout le reste, c'était votre mot d'ordre, votre slogan à vous.
Ta mère entrant dans ta chambre te fis sursauter et jeter rapidement les mouchoirs sous ton lit. Elle n'était pas dupe, elle a toujours su voir quand ça n'allait pas, quand tu avais le moral à zéro. « Idris, cacher tes larmes ne servira à rien tu le sais qu'il ne faut jamais avoir honte. » Elle vint s'asseoir à tes côtés, prenant la brosse sur la petite table de chevet. Ses doigts dans tes cheveux mouillés, avaient le pouvoir de t'apaiser, tu arrivais à arrêter tes larmes et fermer les yeux pour respirer normalement. Ta mère était ton meilleur réconfort. « Tu ne seras pas choisie. Ni cette année, ni toutes les autres à venir. » Elle termina de resserrer ton chignon et tu te retournas pour lui faire face, le visage exprimant ton inquiétude. Cette année était ta première confrontation à la moisson et tu avais peur. Après tout, tu n'étais qu'une petite fille encore. Une petite fille qui avait toute la vie devant elle, et tellement de choses à faire. « Tu peux pas savoir maman, personne ne peut savoir. Je veux pas y aller, j'ai peur maman je veux pas y aller ! » Tu plonges dans ses bras, tu as besoin de te sentir protégée plus que jamais. Hier soir tes frères étaient restés de longues heures à ton chevet pour essayer de te réconforter. Tu es beaucoup trop jeune, qu'ils disaient, tu ne risques rien pour ta première fois. Leur mot n'avaient malheureusement pas suffit, tu doutais qu'un jour quelque chose y arrive. « Tu n'iras pas, je le sais c'est tout. Parfois, il faut juste croire en une puissance immatérielle Idris. » Tes larmes coulaient à nouveau à flot le long de tes joues. Dehors le bruit des remous de l'eau te font te sentir encore plus insignifiante dans ce monde.



« Regarde, prend ce coquillage. Il vient du fond fond fond de l'océan, là où tout est noir et froid. C'est papa qu'il l'a trouvé. » Tu te saisis de sa petite main et la serra très fort. Tu as l'impression de te revoir en elle il y a six ans de cela. La même peur que tu avais éprouvée se lisait sur son visage de poupin à elle. Ce visage de porcelaine, si fragile qu'on pourrait penser qu'elle se casserait au moindre mouvement. Ses cheveux châtains lui retombaient couvraient ses beaux yeux bleus embués de larmes. Ces mêmes larmes. Tu déposa un baiser sur son front. « Il te protégera, toujours, où que tu sois. » Tu lui fais sa petite tresse en même temps. Toute femme mériterais de se faire coiffer par autrui, c'est apaisant. « Mais si tout est noir et froid en bas, ce n'est pas bien parce que.. Parce qu'il ne connait rien ! » Tu éclate de rire, tu ne devrais pas dans un moment comme celui-là, mais ta petite sœur a toujours eu le don de vous faire rire par sa maladresse ou une simple grimace. U.C