(J2) Rp Obligatoire [Blue&Sawel]

L'après-midi avait été longue. Je n'avais rien trouvé à manger et la petite gourde que j'avais trouvé dans ma trousse de soins était vraiment petite. En une seule gorgée, celle-ci était vide. En dehors de la gourde, il n'y avait que des bandages et des compresses dans la trousse, rien qui ne puisse m'être utile tout de suite mais, il faut dire que je ne m'attendais pas vraiment à mieux. Je n'avais eu aucune difficulté à trouver un arbre où passer la nuit. Il m'était facile d'y grimper, car je montais souvent sur les colonnes électriques de notre district quand il y avait un problème ou quand on jouait avec mon frère. Rien ne très prudent, c'est vrai, mais nous nous amusions à cela.
A peine installé sur une bonne branche d'où je devrais avoir un bon point de vue sur les autres tributs se situant dans la forêt et être assez hors de portée, le soleil descendit et fut remplacé presque instantanément par une lune très peu lumineuse. Un froid glacial remplaça alors la chaleur douce qui avait régné depuis l'entrée dans l'arène. Je frissonnai en me recroquevillant sur moi-même après m'être attaché tant bien que mal à la branche avec la corde et avoir attaché ma serpe à ma ceinture. L'hymne résonna et je comptai quatorze visages apparaître dans le ciel. Bien sûr le visage de Tristan du district 10 en fit parti. Je sentis une pointe de regret et mon estomac se serra soudainement. Mais, je ne pouvais pas regretter ça, il fallait que je vive. Même si pour cela il fallait encore tuer trente-deux personnes. Chassant ces idées de ma tête, je tentai de m'endormir dans ce froid et cette peur.

A mon réveil, j'étais toujours sur mon arbre, même si mes jambes pendaient de part et d'autre de la branche. Il faisait toujours aussi froid et noir. Mais en plus d'hier, les feuilles étaient tombées en masse. Si bien que j'étais à peine caché là-haut. J'essayai de réprimer un bâillement sans vraiment grand résultat. Je n'avais pas vraiment dormi, me réveillant toutes les heures d'un gargouillement ou d'une grande soif. D'ailleurs, ma bouche était si sèche qu'il m'était même douloureux d'avaler ma salive. Ma mâchoire me faisait toujours mal suite au coup du tribut du dix. Je me massai lentement la joue, crachant par moment un peu de sang. Je me détachai et remis la corde au-dessus de mon épaule, mettant les compresses et bandages dans mes poches et entre ma ceinture. Je ne pouvais pas porter quelque chose de trop gros qui pourrait m’encombrer de la moindre façon. Je descendis de l'arbre bien plus bruyamment que je le souhaitais. J'étais tombé alors qu'il ne me restait plus qu'une trentaine de centimètres pour rejoindre le sol. Le froid engourdissait mes membres. Une branche morte craqua sous mon poids. Je me relevai péniblement. Il fallait que je reste sur mes gardes et je ne pouvais me permettre que ce genre de choses stupides se reproduisent.
Je cachai la trousse de soins vides sous un tas de feuilles mortes et continuai ma marche. Je restai sur mes gardes, une main sur ma serpe, prêt à l'utiliser pour me défendre. Il fallait que je retrouve Devina. Si elle ne se manifestait pas, j'allais certainement mourir plus vite que prévu. J'aurais dû faire plus attention à elle, que ce soit pendant l'entraînement ou maintenant. Je me demandais si elle pouvait ressentir ma faim, ma soif, ma peur, ou si nous n'étions liés que dans la mort.

Alors que j'avais baissé la garde à cause de mes préoccupations, un bruit m'interpella. Un bruit de buisson qui serait agité par quelque chose. J’empoignai ma serpe et contractai mes muscles, prêt à riposter. Et puis, ce qui se cachait dans les buissons se révéla être....un simple lapin. Mais finalement, ce n'était pas si mal. Je pouvais le tuer et m'en faire un repas. C'est sûr de moi que je lançai la serpe dans sa direction. Mais, l'arme dévia complètement, volant bien plus haut que prévu, se plantant dans un arbre un peu plus loin. Faisant une petite moue déçue, j'allai la chercher. J'aurais dû essayer de trouver un bon couteau plutôt que de me contenter de ce que j'avais.

C'est alors que je vis une vraie menace. Il y avait quelqu'un d'autre que moi, là, dans la forêt. Quelqu'un d'assez petit et un peu maigre. Je sortis mon arme de l'arbre et m'éloigna en essayant de faire le moins de bruit que possible malgré les feuilles et les petites branches.

Le jeune brun était encore à portée de vue quand je le vis se sauver en courant. Il avait dû m'entendre m'éloigner et il avait pris la fuite. Soudain, j'eus un déclic. Je ne m'étais pas réveillé de moi-même ce matin. Au loin j'avais entendu quelqu'un. Des bruits lointains m'avaient réveillés. Même s'ils étaient éloignés, j'avais pu les reconnaître. C'était des bruits de quelqu'un qui serait en train de manger.  Et si cela avait été lui. Et s'il lui restait encore de la nourriture, j'allais pouvoir la récupérer. Si j'arrivais à le rattraper et à lui voler cette précieuse nourriture, je n'allais pas mourir de faim comme un idiot. Mourir de faim, de soif ou de froid était vraiment une mort pitoyable et tout le monde sait que le gens du Capitole, que ce soit les organisateurs ou ces habitants loufoques, détestent quand il y a une mort naturelle, quand il n'y a pas d'action. Vu que j'étais déjà pris au piège dans cette arène et destiné à une mort certaine, pourquoi ne pas donner mon maximum maintenant, au moment où j'en avais encore l'occasion et impressionner quelques sponsors qui pourraient m'envoyer de quoi survivre encore quelques jours. Ne pensant plus qu'à ma survie, je me mis à lui courir après. Je comprenais enfin pourquoi ce nom 'Les Jeux de la Faim'. Trouver de quoi manger à tout prix, de quoi vivre coûte que coûte, sans penser aux dommages collatéraux.

Je courais du plus vite que je le pouvais. Je sentais une sorte de brûlure parcourir tous mes membres, les embraser, s'en était presque douloureux. Mes jambes me guidaient à travers la forêt plus que le contraire. Je ne pouvais plus m'arrêter de courir. J'étais peut-être déshydraté mais, au moins, je ne sentais pratiquement plus le froid ardent qui m'avait dévoré peu de temps avant. Je ne prêtais plus attention à rien à part à ce jeune tribut que je n'identifiais pas. De toute façon je n'avais pas envie de savoir qui il était. Il filait entre les arbres à une vitesse assez démente mais, au fur et à mesure qu'il progressait dans les bois, je le voyais faiblir, ralentir. Je n'étais plus moi-même, j'étais comme alimenté par une vague d'adrénaline dans mes veines. J'aurais presque pu sourire si une partie de moi ne me rappelait pas où j'étais et ce que je m'apprêtais à faire.

Je le suivais toujours, quand il s'arrêta. Haletant, reprenant son souffle péniblement. C'était la meilleure occasion que j'avais de l'attaquer. Mais il était si faible. C'est vrai que contrairement à moi il avait des choses lourdes à porter. Il était chargé d'un sac et tenait un objet étrange que je n'identifiai pas vraiment. Il était vraiment bizarre et je ne voyais pas en quoi cela pouvait être quelque chose d'utile. Même si cet objet m'avait décontenancé un instant, je me ressaisis et je continuai ma progression vers lui. Il devait avoir treize ou quatorze ans, l'âge auquel j'avais appris à me servir d'un couteau avec mon frère. Je recommençais à sentir le froid qui traversait ma combinaison. Plutôt que de l'attaquer de front, je me faufilai derrière lui en marchant. J'essayai d'être le plus calme possible mais, l'adrénaline était toujours là. Si bien que ma respiration ne décéléra pratiquement pas malgré tous mes efforts pour me calmer. Je savais que si je n'agissais pas maintenant, il allait me repérer et se remettre à courir. Si cela arrivait, j'allais perdre la nourriture. Ma nourriture. Et, malgré le peu d'envie que j'avais de m'attaquer à ce garçon, je ne pouvais décemment pas laisser une chose pareille se produire. Je ne réfléchis plus à rien au moment où je lui sautai dessus pour le plaquer au sol.

Il fallut un temps au garçon aux yeux bleus pour se ressaisir après le choc de son dos sur le sol. D'ailleurs, ce regard bleu me rappela à qui je faisais face. Le tribut du Dix, Blue. J'avais éliminé l'autre binôme de son district, en tuant le tribut mâle, qui avait tout de même eu le temps de me briser la mâchoire. Je le maintins au sol même si les souvenirs de ce jeune garçon me revenaient petit à petit. La moisson. Son nom avait été tiré au sort et, de ce que je me souvins des résumer des moissons, il avait été particulièrement confiant en montant sur l'estrade, ce gars-là. Que ce soit au défilé, à l'entraînement ou à l'annonce des scores Blue, qui n'avait pourtant pas montré beaucoup de compétences au combat, avait plus impressionné que moi et avait par la même occasion, obtenu une note supérieure à la mienne d'un point. Pendant l’interview, il avait montré un calme assez déconcertant. Une qualité dans laquelle anciennement j'aurais pu me reconnaître mais qui, maintenant,  était dissipé par l'instinct de survie.

Dès qu'il alla mieux, il se mit à gesticuler dans tous les sens. Je n'avais pas pris le temps de réfléchir à quoi faire dans une situation comme celle-là, où je devais tuer quelqu'un qui se débattait sauvagement pour sa vie, bien que c'était ce à quoi j'aurais dû m'attendre de la part de n'importe qui. Heureusement pour moi, sous mon poids bien supérieur au sien il ne bougeait qu'à peine. Mes mains appuyaient sur ses épaules, j'avais tous les muscles de mon corps contractés, prêt à bloquer le moindre de ses mouvements. Je devais avoir l'air d'un vrai fou furieux.  Je repensai à ma tante, elle qui m'avait tant appris sur la valeur des gens. Et mon frère, qui m'avait enseigné comment lancer un couteau. Eux, que pensaient-ils de cela ? Est-ce qu'ils pensaient c'était mieux que le tue plutôt que je ne meure de faim et que je ne les revois jamais ou se disaient-ils simplement que j'étais devenu un monstre sans cœur s'attaquant à n'importe qui ?

Quoi qu'il en soit c'était trop tard pour reculer, j'avais lancé le combat, j'avais attaqué Blue en étant sûr de remporter ce duel et de lui voler son sac. Il me donnait des coups dans le ventre du plus fort qu'il le pouvait. Même si par moment cela me coupait le souffle, cela n'était que passager. Je devais faire quelque chose maintenant, pendant que j'avais encore le dessus sur lui, pendant qu'il était vulnérable. Je devais attraper ma serpe qui, depuis que je l'avais, m'avait déjà servi à tuer quelqu'un. Mais, alors que je lâchai une de ses épaules pour prendre l'arme accrochée à ma ceinture, ma proie leva son poing vers mon visage et me frappa violemment la mâchoire. Je reculai d'un coup en lâchant un cri mêlé à une sorte de grognement de rage. Le goût métallique du sang arriva dans ma bouche. Je ne le tenais plus maintenant. L’adrénaline s'était dissipée de mon corps et le froid était revenu aussi vite que la douleur. Il avait frappé bien plus fort que son acolyte. J'avais mal et j'avais honte. J'avais été trop confiant. J'avais laissé ces gens du Capitole, cette arène, ces Jeux me changer en seulement une journée et me faire oublier mes plus grandes qualités ainsi que mes plus grands atouts pour vaincre. Je n'étais devenu qu'un objet de divertissement et je ne pouvais plus arrêter ce que j'avais lancé. Maintenant je devais aller jusqu'au bout de cette bataille, quoi qu'il m'en coûte et quoi qu'il puisse m'arriver.

HRP:

J'étais toujours par terre alors que Blue s'éloignait un peu de moi. Je n'allais rien faire. De toute façon je ne pouvais rien faire. Il était debout et me fixait d'un air grave. Il paraissait tourmenté, partagé entre deux choix. Je ne savais que trop bien de quels choix il s'agissait. Me laisser en vie ou me tuer. Je serrai ma serpe qui était devenue ma seule défense. Je ne pouvais plus réfléchir, mon esprit était trop troublé, il ne me servait plus à rien. Et mes muscles, eux, recommençaient à s'engourdir par le froid. J'avais été tellement stupide, tellement différent de ce garçon timide mais très intelligent et réfléchit que j'avais été tout au long de ma vie jusqu'à maintenant. Là, j'allais connaître une mort certaine entre les mains de ce garçon à l'air innocent. On allait envoyer mon corps chez ma tante dans une caisse de bois taillée rapidement pour vite s'en débarrasser et passer à la suivante. Bizarrement, plutôt que d'essayer de trouver un moyen de fuir, je pensais à Devina. Elle allait mourir à cause de moi. Mais, après tout, elle allait surtout mourir à cause d'elle-même, elle qui m'avait choisi pour aller dans l'arène à sa place. Finalement, c'était assez comique de voir qu'elle allait devoir se battre à mes côtés. Enfin, si l'on peut dire à mes côtés, car depuis la moisson, nous ne nous étions que très peu adressé la parole et elle n'avait pas vraiment l'air d'avoir envie de faire équipe avec moi. Je ne l'avais pas non plus revue depuis le bain de sang. La seule chose dont j'étais sûr c'était qu'elle était encore en vie. Bien que plus pour longtemps.

Je me levai lentement, j'allais peut-être réussir à mourir dignement, en étant dans autrement que faiblement assis sur un sol de feuilles brunes déjà pourrissantes. Je me mis en position défensive. Je resserrai petit à petit mes doigts autour de l'arme, tellement que cela me faisait presque mal. Blue se pencha, attrapa quelque chose au sol, quelque chose que je n'arrivai pas à identifier. Il se releva et marcha vers moi. Puis, il se mit à accélérer, jusqu'à courir. Il courait dans ma direction si vite et avec une telle détermination. Sans que je comprenne ce qu'il se passait, ma respiration se bloqua. Je cherchai à reprendre mon souffle par tous les moyens, paniqué. Alors que l'air réussi à nouveau à parvenir jusqu'à mes poumons, une douleur fulgurante parcouru toute ma tête. D'un geste comme désespéré, je donnai un coup de serpe dans le vide, sans faire attention à ce que la lame allait toucher, à quelle sorte de dégâts ceci allait provoquer. Ce dont je fus sûr avant de m'écrouler à nouveau sur le sol, c'était que Blue avait été touché car j'entendis un gémissement de la part de ce que garçon que j'identifiai maintenant comme une menace. Je parvins à entendre ses pas s'éloigner alors que je réalisai ce qu'il venait de se passer. Il n'avait jamais eu la moindre intention de me tuer. Il venait simplement de se battre pour sa vie. Et le coup qu'il venait de me porter n'était pas pour me tuer, non, il voulait être sûr de pouvoir s'enfuir sans que je ne le poursuive pour le tuer.

J'attrapai une compresse et des bandages que j'avais bloqués dans ma ceinture et essayai de nettoyer le sang qui coulait le long de mon visage avec. Une fois à peu près propre, j'enroulai les bandages autour de ma tête. Le pire dans toute cette histoire était que je n'avais même pas réussi à lui voler son sac pour récupérer sa nourriture et mon ventre me le rappela d'un gargouillement. J'étais bien parti pour gagner les Jeux, dis donc.