i, i can't get these memories out of my mind, and some kind of madness has started to evolve. and i try so hard to let you go but some kind of madness is swallowing me whole.
Venge-moi. Un murmure léger, doux, caressant, qui pourtant fait frissonner la rousse. Elle revient, encore et encore. Elle regarde autour d'elle de ses yeux hagards, et elle remarque alors la chevelure d'or pur de sa petite soeur étalée sur le sol. Allongée par terre dans sa tenue d'astronaute, Lola fixe Jo-Beth de ses yeux bleu perçant, bleu glacé. La rousse fait non de la tête. Lola se lève alors, et lui jette un regard haineux, venimeux, plein de douleur ; un regard comme un poignard qui frappe Jo-Beth en plein cœur. Elle daigne baisser les yeux devant cette apparition. Se taire. Fermer les yeux. Boucher ses oreilles. Si seulement ça suffisait à la faire partir, loin, pour toujours. Si seulement. Ça serait tellement facile, qu'elle soit aussi docile, son imagination. Mais quand la rousse a ouvert ses yeux, elle était toujours là, avec son trou béant, sa tâche sanglante, dans le ventre, assise sur la table. Je sais que tu le déteste aussi. Jo-Beth lève la tête. Elle croise le regard de glace de Lola, et baisse à nouveau la tête, honteuse. Pas besoin de nom, tout est clair dans sa tête. Arès. C'est forcément lui. Lola prend les mains de Jo dans les siennes, et la rousse frissonne à ce contact. Mais elle n'ose pas retirer ses mains, effrayé par ce qu'elle pourrait faire si elle commettait une telle audace. Alors elle hoche la tête, lentement, les lèvres pincées. Un sanglot remonte sa gorge, mais elle le ravale difficilement. Elle ne voulait pas montrer sa faiblesse à Lola. A la méchante Lola. Pourtant, quand celle-ci dévoile un sourire carnassier, Jo-Beth ne fit rien de plus que se tasser un peu plus dans le canapé, en battant des cils pour se retenir de pleurer. Quand l'hallucination serra fortement ses petites mains pâles autour de celle de la paranoïaque, Jo eut d'abord un mouvement de recul léger ; puis terrifiée, elle se leva du canapé en couinant comme une souris terrorisée. Mais quand elle essaya de s'éloigner, Lola lui bloqua la route. Tu m'as tuée, tu vas faire ce que je te dis. Son ton avait été sec, cassant, menaçant. Alors Jo-Beth obéit.
Lola attrapa à nouveau la main froide de sa sœur, et flotta doucement jusqu'à la table. Elle tira la chaise, et appuya sur les épaules de Jo pour la faire s'assoir. Et cette dernière, poupée docile, elle s'assit sans broncher, son visage insipide fermé à toute émotion. Lola avait raison, elle était faible et sans couleur, même pas capable de contredire un délire de son cerveau malade. Lola s'installa sur la table, et eut un faux sourire compatissant pour sa grande sœur. Faux, c'était faux. Elle la déteste, cette chose sortie de son cerveau, sortie des Jeux, sortie de la mort pour venir la hanter. Elle savait ce qu'elle avait à faire. Elle l'avait déjà fait, ça, coquille vide qu'elle était, elle obéissait comme un pantin à son imagination. Alors Jo-Beth prit le stylo posé sur la table, et elle le fit doucement tourner entre ses doigts. Fixant le vide devant elle, là où se trouvait Lola quelques secondes auparavant, elle attendit. Longtemps. Elle attendit qu'elle revienne, lui dire quoi écrire. Après tout, elle revenait toujours. Alors elle attendit, cette folle. Et quand Lola réapparut, elle parla, doucement. Et Jo-Beth, poupée docile, elle traça d'une écriture ronde et fine les mots salés, les mots sales que dégueulait Lola. Elle s'arrêta un instant, se demandant comment son joli petit rayon de soleil avait pu un jour devenir cette créature malsaine. Peut-être qu'elle ne reflétait rien d'autre que la noirceur qui envahissait le cerveau de Jo, le poison qui coulait dans ses veines et pourrissait son être. Elle aurait voulu changer. Vraiment. Devenir quelqu'un de bien. Pour Lola. Jo-Beth plia la lettre en quatre, et la glissa dans une enveloppe.
Les rues s'assombrissent, le ciel crépusculaire à la couleur rougeâtre se teinte d'une couleur violacée, et laisse poindre quelques étoiles. La nuit enveloppait le deux de son manteau noir, de son manteau de froid. Frissonnante, Jo-Beth rabat la capuche de son sweat sombre sur sa chevelure de feu. Dans sa poche, les mots sales et tristes. Gris, comme son cœur à elle. Il l'a mérité. Elle le sait, il l'a mérité. Il l'a tuée. Elle accélère le pas. Lola est partie. Elle ne vient jamais, dehors. C'est pour ça que Jo-Beth essaye de travailler à nouveau. Pour s'échapper de la cage du lion. Il fait de plus en plus sombre, elle voit de moins en moins où elle va. Mais elle connait le chemin par cœur. Pour avoir déjà posté des lettres dégueulasse, pour l'avoir observé de loin, aussi. Il avait l'air gentil, de loin. Il avait de très beaux yeux, Arès. Mais elle savait ce qu'il y avait derrière ces beaux yeux bleus. Une noirceur aigre, une noirceur acide. Elle s'arrête un instant à l'entrée du Village des Vainqueurs. Il y a toujours quelques Pacificateurs, ici. Et on savait qu'elle n'aimait pas Arès. Alors ils ne chercheraient pas d'explications, et elle aurait des problèmes. Elle s'en était toujours sortie en jouant la carte de la pauvre détraquée désespérée. Mais on avait de moins en moins pitié d'elle. Sur la défensive comme un animal traqué, Jo-Beth s'avance. Doucement, ses pieds effleurant délicatement le sol. Évitant les carrés de lumière s'échappant de certaines fenêtres. Comme une proie. Son cœur battait la chamade, le sang frappait ses tempes, ses entrailles se tordaient. Elle savait ce qu'elle risquait, en s'attardant ici. Pourtant, elle resta plusieurs minutes à fixer la maison de celui qu'elle détestait tant. Vite ! La voix comme un écho dans son cerveau, qui arracha un petit cri de terreur à la rousse. Elle se tassa dans un coin, pour sangloter, mais se ressaisit vite. Enfin, presque. Jo-Beth tituba jusqu'à la boite au lettre, terrorisée à l'idée que la voix de Lola revienne. Elle ne lui parlait jamais, dehors, pourtant. Sortant l'enveloppe de sa poche, elle serrait brièvement le poing autour des mots salés, froissant doucement le papier. Jo leva ensuite la main, pour glisser la lettre aigre dans la boite d'Arès. Mais la porte s'ouvrit brusquement, et la lumière qui s'en échappa éblouit la rousse, qui s'accroupit dans le rectangle de lumière, laissant échapper sa chevelure flamboyante de sa capuche, et commença à sangloter. Effrayée.
Didn't think I'd turn around, and say.. It's too late to apologize, it's too late
« Siléna s'il te plaît. C'est vraiment pas le moment. » Arès avait espéré trouver sa maison vide, mais il n'avait pas eu cette chance, à croire que Siléna prenait un malin plaisir à faire de sa vie un enfer. L'agressant dès qu'il passa le pas de la porte, il n'avait cependant pas la force d'enchaîner. Il était exténué et d'une humeur de chien. La journée avait été épuisante, et tout ce qu'il avait envie de faire maintenant, c'était se poser sur son canapé, et passer le reste de sa soirée à regarder Capitole One, sans que son adorable future femme vienne lui chercher des noises. Mais évidemment, il ne pouvait pas compter sur elle pour ça. Et puis la supplier d'arrêter, c'était comme rajouter de l'huile sur le feu. Si seulement il pouvait simplement la prendre par la peau du cou et la jeter dehors, il l'aurait fait depuis bien longtemps. Mais il avait les mains liés, et elle en profitait. Elle adorait ça, le provoquer. Et elle était bien plus forte que lui à ce jeu là. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était prendre sur lui, encore et encore, et se défouler sur quelqu'un d'autre par la suite. Et dire qu'il allait devoir passer le reste de sa vie avec cette femme. Son corps se mit à trembler de colère à cette pensée. Le mariage avançait à grand pas, et il avait peur … oui, il avait peur de ce que ça serait une fois qu'ils se seraient officiellement dit oui. Il se demandait surtout s'il allait réussir à tenir plus que quelque mois. Déjà qu'il était au bord de l'explosion maintenant … Non, il ne préférait même pas imaginer. Balayant ces images de sa mémoire, il soupira de plus belle, ce qui ne manqua pas d'énerver Silena, qui l'attaqua là dessus. Arès gonfla ses joues et serra les poings. Il regarda autour de lui, et pendant un instant, l'idée de l'attacher et la bailloner lui passa par l'esprit. Évidemment, cette idée, il l'avait déjà eu plusieurs fois, mais c'était la première fois qu'il se mettait à réellement songer à la mettre en pratique. Si c'était réellement une option, il l'aurait fait depuis longtemps. Une lueur de déception brilla dans ses yeux. Mais elle continuait de parler, de parler, et de parler encore. Et il n'en pouvait juste plus. Il ne pourrait plus en endurer ce soir, il était arrivé à bout. D'un rapide et violent mouvement, il se saisit d'un verre qui se trouvait par là et, concentrant toute sa rage dans son impulsion, le jeta contre le mur et se leva. L'objet se brisa en mille morceaux et Silena étouffa un petit cri de surprise. Puis, il sauta du canapé, saisit sa veste et se dirigea vers la porte d'entrée en l'enfilant. « Où est-ce que tu vas ? » cria Siléna, visiblement en colère. « Je vais faire un tour. » Répondit Arès, agressif au possible en lui jetant un regard noir. Il posa ses doigts sur la poignée et ouvrit la porte violemment. Il fit un pas dehors, et ce n'est qu'après avoir claqué la porte qu'il remarqua la silhouette sombre agenouillée devant lui.
Arès se stoppa de surprise et observa la dite silhouette. Il ne lui fallut cependant pas plus de deux secondes pour la reconnaître et sa colère redoubla d’intensité. Jo-Beth. A présent, il était à deux doigts d'abattre son poings sur le mur. Il serra ses poings ainsi que sa mâchoire et, sans vraiment contrôler ce qu'il faisait, attrapa la jeune femme par le bras et la força à la relever. « Qu'est-ce que tu fous là ? » Il fulminait de rage. Ses doigts pressaient le bras de la rouquine sans se soucier de si ils lui faisaient mal ou non, et honnêtement, Arès s'en fichait pas mal. Voilà depuis sa victoire que cette pauvre folle n'avait de cesse de lui crier sa haine, par voix orale ou autres lettres. Tout ça parce qu'il avait tué sa sœur lors des jeux. La belle affaire franchement ! Arès la fusillait du regard, et porta ce dernier sur le petit rectangle blanc dans sa main. Une lettre. Une autre. Le jeune homme grogna et s'en saisit, l'ouvrant avec violence. Puis il se mit à la lire. Des mots, des menaces, ce n'était pas la première fois et, en temps normal, il n'en aurait pas prêté si grande attention, mais ce soir, ça avait suffi à le faire redoubler de colère. La mâchoire serrée, il fit de cette lettre des confettis qu'il jeta sur Jo-Beth. « Je commence à en avoir sérieusement marre de toi ! » Arès n'était d'ordinaire pas un homme violent, mais là, il était arrivé au bout de sa patience, et avait peur de quoi il était capable si on le poussait encore un peu plus. Il s'empêcha de crier, pour ne pas rameuter tout le village des vainqueurs, ce serait très gênant pour lui. Empoignant de nouveau le bras de la rouquine, il la traîna sans ménagement jusque dans l'ombre, où il la colla contre un mur. Il lâcha ensuite son bras mais l'emprisonna des siens en collant ses deux paumes contre ce même mur. Leur visages n'étaient plus qu'a quelques centimètres l'un de l'autre et leurs yeux se lançaient des éclairs. Jo-Beth n'avait aucun moyen de s'échapper. « Qu'on soit bien clairs toi et moi, la tarée. Tout ça, faut que ça s'arrête. Lola est morte, va falloir t'y faire et passer à autres choses ! » Sa voix tremblait d'une colère noire.
Jo-Beth Lowry district 2 ❖ maçonnerie
❖ PSEUDO : crying lightning. (jade) ❖ DOUBLE COMPTE : blue. (d10) ❖ CREDITS : avatar (c) thug's mermaid ; gifs (c) tumblr. ❖ MESSAGES : 319❖ STATUT CIVIL : seule depuis la nuit des temps.
Sujet: Re: ~ MADNESS. (arès + jo-beth) Dim 6 Oct - 16:13
some kind of madness is starting to evolve.
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Tremblotante, assise sur le sol, Jo-Beth espéra de tout son cœur que la personne qui sortait de la maison ne serait pas Arès. Son cœur battait cent fois trop vite, et la peur lui nouait les entrailles. Pourtant, en apercevant à peine la silhouette sombre, elle déchanta immédiatement. C'était lui, qui avançait d'un pas rageur, droit sur elle, et qui ne tarderait pas à la découvrir, là, au milieu de la rue, avec son enveloppe. Et quand il s'arrêta devant elle, elle leva quelques secondes les yeux pour croiser le regard bleuté de celui qu'elle haïssait tant ; un regard plein de colère, qui sembla flamboyer à la vue de la rouquine. Se laissait tomber sur les fesses, elle plaqua ses mains pâles sur ses oreilles, mais Arès les y arracha immédiatement, attrapant violemment le bras frêle de Jo. Puis il la releva comme si elle n'avait pas pesé plus lourd qu'une plume, et alors à sa hauteur, elle baissa les yeux pour ne pas avoir à croiser ce regard emplit de colère, de hargne, de haine. Qu'est-ce que tu fous là ? Question on ne peut plus légitime, à vrai dire, puisqu'il venait de trouver une folle, à moitié psychopathe, sur le pas de sa porte. Il serrait son bras d'une poigne de fer, arrachant à Jo-Beth un petit couinement de douleur. Elle n'osa cependant pas répondre, absolument apeurée devant l'expression de haine plaquée sur le visage habituellement doux du vainqueur. Mais dans un sens, elle ne pouvait pas répliquer, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même et sa stupide hallucination. Une réaction moins violente aurait été contre-nature. Mais il l'avait tout de même tuée, alors elle regroupa toute sa rancœur, enfouie au fond de son être, et trouva le courage de vaincre sa surprise et de lever les yeux... pour quelques secondes, seulement. Les yeux océan d'Arès lançaient des éclairs de haine, de colère, de douleur, de rancœur. Jo-Beth avait l'impression de pouvoir lire dans ces yeux azurés toute la colère du monde. Et pour ça, elle ne trouva pas le courage de répliquer. Jamais.
Il lui arracha la lettre des mains avec une violence qu'il n'avait pas à l'accoutumée, et estomaquée de surprise, la rousse le laissa simplement la lire, en essayant tout de même de se libérer de l'emprise de celui qui la maltraitait presque. Mais Arès serrait son poignet avec une force incroyable, laissant à peine circuler son sang, et Jo ne pouvait rien y faire. Mais ça commençait à être sérieusement douloureux. Elle le regarda, de ses yeux bleu lessivé, déchirer la lettre et la jeter en une pluie de confettis. On aurait dit de la neige, pendant un instant, et cette pensée grotesque arracha pour quelques secondes un sourire à Jo-Beth. Je commence à en avoir sérieusement marre de toi ! Elle sursauta à nouveau. Le cri avait été agressif à ses oreilles. Elle baissa encore les yeux, pour fixer ses pieds. De sa main libre, elle chassa les restes de papier de sa chevelure abricot. Elle aurait voulu pleurer, mais les larmes ne venaient pas. Peut-être qu'elle avait déjà trop pleuré, ces deux dernières années. Les sanglots restèrent coincés dans sa gorge, et elle se contentait donc de fixer le sol d'un regard morne. Et quand Arès la traina sans ménagement, lui tordant presque le poignet, Jo-Beth trébucha, s’éraflant les genoux et son coude libre, puisque avec son bras prisonnier, elle ne pouvait se rattraper. Elle laissa échapper une exclamation de surprise, mais se releva immédiatement comme elle pouvait, de peur qu'Arès ne la traine au sol. Il en serait capable, aujourd'hui, puisqu'il avait l'air emplit d'une colère noire comme un nuage d'orage. Jo ne savait pas si elle en était l'origine, mais il n'avait jamais été comme ça. Pourtant, cette fois-ci, elle était presque soulagée qu'il réagisse. Qu'il réagisse comme un véritable humain, et non comme un robot, ignorant toute sa haine.
Le vainqueur la plaqua sans difficulté contre un mur, dans un coin sombre, où les pacificateurs, ou n'importe qui d'autre, ne pourraient pas intervenir. Ni même les voir. Peut-être qu'il allait l'assassiner, simplement. Jo-Beth se dit que comme ça, elle comprendrait comment Lola est morte. Mais il se contenta de l'emprisonner entre lui et le mur. Ce n'était pas nécessaire, la rousse n'osait même pas bouger. Mais cette fois-ci, elle soutint son regard, sans broncher. Elle se sentait juste comme une coquille vide, alors elle resta là, ses yeux azur dans les yeux nébuleux d'Arès. Toute la haine flamboyante des yeux du vainqueur semblait se dissoudre dans le regard morne de la pauvre folle. Qu'on soit bien clairs toi et moi, la tarée. Tout ça, faut que ça s'arrête. Lola est morte, va falloir t'y faire et passer à autres choses ! Il n'avait pas parlé fort, mais le message était limpide. Il semblait presque la mépriser, la considérer comme une folle irréaliste. Elle savait que Lola était morte. Mais Lola continuait quand même à hanter ses nuits, ses jours, ses rêves et ses cauchemars. Passer à autre chose. Elle aimerait. Elle essayait. Mais c'était impossible, parce que Lola était morte de la main de Jo autant que de celle d'Arès. Mais pour se cacher cette atroce vérité, elle continuait de le haïr, lui. Lentement, la rousse se laissa glisser le long du mur, pour s'assoir sur le sol, replier ses genoux, et faire ce qu'elle faisait le mieux. Pleurer. Finalement, son quota de larmes ne semblait toujours pas atteint. Pleurer, elle ne savait faire que ça, pleurer. Tout le temps. Pleurer, c'était fuir. Mais c'était facile de fuir, plus que de combattre. Elle ne te hante pas, toi ? Sa phrase, prononcée d'une voix sourde, avait été à moitié engloutie par le sanglot qui lui serrait la gorge. Et elle avait plutôt sonné comme une affirmation. Une question rhétorique plus qu'une véritable interrogation. Aux yeux de Jo, Arès vivait parfaitement sa victoire, ses meurtres, tout. Elle leva ses yeux, cette fois-ci brillants d'une détermination dure et froide. Tu ne regrette jamais ce geste ? Sa voix avait été dure, et Jo-Beth ne su même pas comment elle avait fait pour ne pas trembler. Et alors qu'elle aurait voulu cette phrase emplie de colère, elle avait simplement parlé d'une voix plate, rauque et doucereuse. Obtenir des aveux. Lui montrer qu'il était un monstre. Elle aurait voulu tout lui jeter à la figure, lui cracher sa colère, cette colère qui la rongeait de l'intérieur, qui lui empoisonnait l’existence. Elle aurait voulu qu'il comprenne, purement et simplement. Mais c'était inutile, elle le savait. Elle avait des centaines de fois essuyé son indifférence glaciale. Et ce soir, elle se demandait même s'il n'allait pas la frapper. Pour extérioriser toutes les fois où il n'avait rien dit, peut-être.
Sujet: Re: ~ MADNESS. (arès + jo-beth) Ven 11 Oct - 21:56
Tenant Jo-Beth comme prisonnière de ses muscles, Arès lui lançait des regardes de haine pure et de colère flamboyante. Pas une seconde il ne se demanda si ce qu'il faisait était bien, pas une seconde il ne se demanda s'il n'avait pas dépassé les limites. Pas une seconde, il ne pensa à ce qu'il était en train de faire, pas une seconde il n’esseya d'estimer la peur que Jo-Beth devait ressentir en cet instant. Il la regardait, se décomposer, se mettre à pleurer, se laisser glisser contre le long du mur, sans sourciller, sans rien faire, restant dans la même position, la suivant du regard, resserrant ses membres pour ne pas la laisser s'échapper. Il pensait à des choses, des choses dures, des choses qui pourraient se passer … jusqu'à ce que Jo-Beth ouvre la bouche. « Elle ne te hante pas, toi ? » Cette phrase le frappa de plein fouet et le déstabilisa autant qu'elle l'énerva encore plus. Elle avait parlé d'une voix tremblotante, apeurée, d'une façon si … innocente. Pourtant, il s'était senti agressé. Attaqué. Comme si ça devait être une évidence, comme si elle lui disait « c'est toi qui l'a tué, c'est toi qu'elle devrait hanter, pas moi. » et qu'elle sous-entendais qu'il était sans émotions si elle ne le faisait pas. Qu'il était un monstre si elle ne le faisait pas. Et comme pour confirmer ses doutes, prise d'un courage qu'Arès ne lui avait jusque lors, jamais soupçonné, elle rajouta. « Tu ne regrette jamais ce geste ? » Sa mâchoire se crispa, ses poings se serrèrent sur le mur. Oui, il se sentait attaqué, et quand il était attaqué, il attaquait en retour.
Plus tard, quand il sera calmé, il s'en voudra terriblement d'avoir agi comme ça avec Jo-Beth. Plus tard, quand il aura les idées plus claire, il le regrettera amèrement, mais pour le moment, la colère lui obscurcissait l'esprit, et il n'était plus capable d’apercevoir les limites, ou même de réfléchir correctement à ce qu'il faisait. Il n'était plus le Arès agréable revenant des jeux, non, il était le Arès rempli de rage des jeux, même si cette fois-ci, les causes de sa colère étaient différentes. Traîner Jo-Beth sans ménagement, sans se soucier de sa douleur, de ce qu'elle pouvait ressentir, et la coller contre le mur, l'emprisonner de ses bras, lui faire comprendre qu'elle n'avait aucune chance, ne pas réagir, ne pas sourciller devant ce visage décompensé, ne pas reculer devant la peur dans ses yeux, ne pas arrêter devant la pâleurs de son visage … c'était son comportement pendant les jeux de la faim. L'esprit complètement fermé, juste cette rage qui le guidait à travers l'arène, qui faisait virevolter son épée, qui LE faisait voler dans l'air dépourvu de gravité. Son cœur battait si fort qu'il n'entendait plus que ça, le retour d'anciennes pulsions, de pulsions oubliées. Des envies meurtrières presque, mais non, il n'irait pas si loin. Le visage terrifié de Jo-Beth le ramena à la réalité et, soudainement frappé par une prise de conscience, il décolla ses mains du mur et se recula de quelques pas, se tenant la tête et en grognant de rage. Rage qu'il tentait maintenant de contrôler, de peur de vraiment aller trop loin. Mais celle-ci se déversait trop rapidement dans son sang, et il se sentait exploser. Toute la pression accumulée, toute la peur qu'il ressentait, tout ce qu'on attendait de lui, Siléna, le mariage, Jo-Beth, l'Edition d'Expiation, c'était trop de responsabilités pour lui d'un coup. Jusqu'ici, il avait fait comme si tout allait bien, il avait refoulé tous ces sentiments de sorte à garder cette image de jeune homme propre sur lui même, mais ce soir, il ne pouvait plus en supporter plus, et qu'il le veuille ou non, il était en train d'exploser. Alors, au lieu de donner un coup de poing dans le visage de la rouquine, il se tourna et préféra frapper le mur. Un mur aux rocailles pointues qui accueillit son poing avec dureté, et qui lui donna douleur et sang. Dans un cri de souffrance étouffé, il colla son dos au dit mur, et se laissa glisser jusque sur le sol, comme la rouquine, les yeux fermés, la respiration haletante, sa main en sang et quelques perles de sueurs sur son front. La douleur était atroce, mais il se sentait mieux, quand bien même il s'en voulut trop rapidement d'avoir craqué ainsi devant Jo-Beth. Si il y avait bien une personne qui ne devait pas le voir dans cet état, c'était bien elle. Nul doute qu'elle devait s'en réjouir, et qu'elle allait profiter au fond une fois partie d'ici, le dire à tout le monde, raconter comment le grand Arès Bryskers a perdu son sang-froid à cause d'une misérable lettre. Son image en serait entachée, Siléna n'hésiterait pas à répliquer et il ferait honte à son père, et ça, il ne pourrait pas le supporter. A cette idée, les larmes lui montèrent aux yeux, une chance que la rouquine ne puisse pas le voir. Elle n'avait pas en plus, besoin de le voir en larme.
Lentement, il se releva et fit face à Jo-Beth qui semblait terriblement choquée. Paralysée même. Arès, par réflexe, baissa les yeux, il ne se rendit compte qu'après à quel point c'était dégradant de sa part, et il se redressa immédiatement. Sa main pissait le sang, et ses grimaces traduisaient sa souffrance, quand bien même il n'en fit pas plus de cérémonie. Un instant, il se demanda s'il devait s'excuser auprès de Jo-Beth pour ce qu'il avait fait, mais se ravisa. Il ne saurait pas comment le faire, ne saurait pas quoi dire, autant s'épargner plus de gêne. Il avait envie de se retourner, de laisser Jo là où elle était et de rentrer chez lui, passer sa main sous l'eau, mettre un bandage, aller se coucher, oublier ce qu'il venait de se passer. Mais il ne pouvait pas. Il en avait envie mais ses jambes refusaient de bouger. Il était bloqué à fixer Jo-Beth, et à repenser aux questions qu'elle lui avait posé quelques instants plus tôt. Elles tournaient en boucle dans sa tête et, malgré lui, il s'était mis à y réfléchir. « Elle ne te hante pas toi ? » Non. Elle ne le hantait pas. Pas elle, ni personne. Déjà du temps où elle était sa co-tribut, il n'en avait rien à fiche d'elle. Jamais l'idée d'une alliance avec elle ne lui avait traversé l'esprit. Heidi le lui avait conseillé, mais les jeux, c'était quelque chose d'individuel. Un seul pouvait gagner, et il ne voulait pas s'encombrer d'un poids. Pourquoi l'avoir tué dès le bain de sang ? Ca, c'était une autre question. Il aimerait sans doutes répondre que c'était pour lui épargner souffrance et faux espoirs, puisqu'il ne pouvait y avoir qu'un seul gagnant, et que c'était évident que ce serait lui, mais ce n'était pas du tout dans cette optique qu'il avait fait ce qu'il avait fait. Il voulait … surprendre. Montrer qu'il n'était pas à prendre à la légère, avertir tout le monde qu'il arrivait, et qu'il allait tuer tout ceux qui allaient se mettre sur son chemin. Tout simplement. Le corps tremblotant à cause du froid et de la douleur qui persistait et semblait s'accentuer, il plongea son regard azur dans ceux de Jo-Beth. Cette dernière pourrait y discerner plus de trouble que de colère, bien qu'il la détestait pour le faire penser à ce genre de choses. « Non, elle ne me hante pas. » Il avait craché ça d'un ton presque dégoûté, la voix légèrement chevrotante, et il se rendit compte que ça faisait vraiment monstre sans cœur. Il voulut se rattraper et baissa le regard, mais se souvint ensuite que c'était trop dégradant, et se redressa une fois encore. « Et non … je ne regrette pas. » Pourquoi ? Pourquoi je ne regrette pas ? Il se retournait la question dans sa tête comme s'il s'agissait d'une énigme qu'il n'arrivait pas à résoudre. Pourquoi ? … Parce que c'était nécessaire. Son père l'avait toujours entraîné dans le but d'en faire un gagnant. Formaté dès son plus jeune âge, formé dans le but de donner la mort, il savait que c'était mal, mais ne s'y était jamais opposé, parce qu'on lui avait clairement expliqué que c'était ce qu'il devait faire. Que c'était ce qu'on attendait de lui. Il devait tuer, il était obligé si il voulait survivre. Et il voulait survivre, plus que tout, il voulait survivre. Il a refusé de mourir, il s'est battu, il a tué, mais il est revenu vivant. « Parce que j'ai fais ce que j'avais à faire. » Son but, son destin. « Elle serait morte de toutes façons. Il n'y avait plus d'espoir pour elle au moment où son nom a été tiré. » Elle serait morte de toutes façons, puisqu'il allait gagner les jeux. « Ne me vois pas comme un monstre, vois-moi plutôt comme celui qui lui a épargné toute l'horreur et la souffrance. » Hypocrisie.
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Sujet: Re: ~ MADNESS. (arès + jo-beth) Sam 12 Oct - 14:04
some kind of madness is starting to evolve.
i, i can't get these memories out of my mind, and some kind of madness has started to evolve. and i try so hard to let you go but some kind of madness is swallowing me whole.
Ses questions, elle aurait voulu les cracher comme du venin, un venin qui se serait insinué dans les veines d'Arès pour le ronger de l'intérieur. Mais elle n'avait réussi à sortir que des mots chancelants et brisés. Comme elle. Elle s'était trouvé une témérité inconcevable pour cracher ces phrases, mais à peine les mots prononcés, ce courage se dégonfla comme un soufflé et Jo-Beth recommença à pleurer de plus belle. Toujours pleurer. Elle devait faire peine à voir, elle, maigre, pâle et pleurnichant devant le vainqueur le plus adulé du district. Lui, il semblait sur la défensive, comme si les questions avaient été un claque cinglante et violente. Mais ce n'était rien de plus que des mots. Les mots, c'était tout ce qui lui restait. Elle, elle n'était plus qu'un fantôme. Alors les mots, elle essayait d'en jouer, un peu, de s'en faire des armes pour lutter contre les monstres. Mais avec Arès, c'était différent. C'était autre chose, face à ses yeux bleus perçants qui semblait ne voir d'elle que la pauvre folle qu'elle était devenue. Peut-être qu'elle n'était que ça, une coquille vide, seulement pleine de folie et de terreurs nocturnes. Seulement pleine de noirceur et de douleur. Jo-Beth aurait voulu, pour une fois, qu'Arès ressente ce qu'elle ressentait constamment, celle colère morose. Elle releva la tête, brusquement. Et elle essaya de condenser dans son regard toutes les émotions contradictoires qui emplissaient son cœur. Un regard qui demandait des réponses. Qui exigeait des réponses. Mais Arès ne sourcillait pas, lui. Il ne réagissait pas devant ce regard presque suppliant. Et Jo fut presque balancée deux ans en arrière, à ce moment douloureux où le nom de Lola était sorti de la boule de verre. A cet instant où son esprit, son corps, son cœur, trop attachés à la vie avaient refusé de se porter volontaire. C'était risible. Cette envie de vivre, voilà où elle l'avait menée, en quoi elle l'avait transformée. En un animal torturé, effrayé, brisé. Et Arès, qu'elle avait imploré, s'était contenté pour réponse de trancher la gorge délicate de Lola dès les premières secondes. L'animal.
Il se décolla alors du mur, brisant la cage invisible qui retenait Jo-Beth prisonnière. Il avait l'air aussi perturbé qu'elle par la situation, finalement. Elle jeta un œil autour d'elle. Elle n'avait pas la moindre chance d'échapper à Arès. Ses yeux bleus regardait nerveusement, furtivement autour d'elle. Elle était mal à l'aise. Elle aurait tellement, tellement voulu disparaitre. Mais ça, ça ne marchait que dans les livres. Alors Jo-Beth releva la tête. Il n'y avait plus rien d'intéressant à regarder ses genoux. Arès lui, il semblait imploser, brûler de l'intérieur. Et l'éloquent silence, installé entre eux, Jo aurait voulu le briser, d'une manière ou d'une autre, mais elle n'en fit rien. D'un revers de la main, elle essuya une larme au coin de ses yeux, et détourna le regard. On apercevait la forêt, un peu plus loin, derrière le Village des Vainqueurs, et le silence était tel que Jo pensait presque pouvoir en percevoir les bruits étouffés. Mais c'était sûrement son imagination. Elle se demandait, aussi, si elle partait dans la forêt, qu'est-ce que les gens feraient ? Et puis, d'abord, il y avait quoi, derrière la forêt ? Là-bas, au moins, il n'y aurait plus rien. Ni Arès, ni Lola. Son cerveau lui jouait des tours, ce n'était pas le moment de penser à ça. Mais son esprit s'égarait souvent, ces derniers temps. Ce n'était pas de sa faute. Les larmes séchées avaient tracé des sillons salés sur ses joues. Arès donna un violent coup de poing dans le mur, et Jo-Beth se recroquevilla encore plus dans l'ombre. Au moins, ce n'était pas elle qu'il avait frappé. L'odeur ferrailleuse du sang du vainqueur gangrena l'air. Jo serra les dents. Quelques gouttes s'échouèrent sur le sol, en même temps qu'Arès. Alors maintenant qu'ils étaient à la même hauteur, la rousse osa le regarder dans les yeux. Il n'avait plus rien du charismatique Arès qu'on voyait toujours. Rien. Il s'était détraqué, détruit, envolé. La rousse se demanda si ce qu'elle avait en face d'elle, c'était ça, le vrai Arès. Alors quand il ferma les yeux, Jo-Beth se dit que ce qu'elle avait sous les yeux semblait aussi brisé qu'elle.
Le silence, toujours, encore, elle ne le supportait plus. Elle aurait voulu hurler, pour être certaine qu'elle ressentait encore quelque chose. Non, elle ne me hante pas. Cette affirmation était tombée comme la foudre, dure et froide comme un coup de couteau. Elle avait encore envie de pleurer. Pourquoi elle et pas lui ? la réponse, elle la connaissait, enfouie au fin fond de son esprit, logique, fatale. Alors Jo-Beth hocha la tête, lentement, en fermant les yeux. Il avait simplement l'air de la penser encore plus folle que ce qu'il croyait. Peut-être que c'était vrai, que son cerveau était simplement détraqué. Mais pourtant, il avait l'air troublé, lui aussi. Elle n'avait plus envie de dire quoi que ce soit. Lasse de cette haine, lasse de cette colère. C'était sa faute à elle autant que la sienne, elle le savait, dans les tréfonds de son cœur en miettes. Et non… je ne regrette pas. Mais ça, ça lui avait coupé le souffle, à la rousse. Elle aurait préféré ne jamais le savoir, elle aurait préféré que cette vérité reste enfouie à tout jamais. Parce que ça n'avait fait que décupler la colère que Jo ressentait à son égard. Aucun regret. Pourquoi ? elle voulait hurler. Mais son agressive question resta bloquée dans sa gorge par un énième sanglot. Dans un élan de désespoir, elle prit appui sur ses pieds, et se jeta sur lui, pour cingler sa joue d'une claque foudroyante. Pourtant, ses doigts de porcelaine semblèrent se briser au dernier instant, et ses doigts ne heurtèrent sa joue qu'avec une force dérisoire. Alors elle retourna dans l'ombre, roulée en boule, attendant la riposte du vainqueur, qui frapperait sans doute beaucoup plus fort. Elle ne savait plus quoi dire, quoi faire, quoi penser, alors elle resta là, les yeux plantés dans les siens. Jo-Beth avait l'impression d'y lire un doute, caché derrière une tapisserie de colère ; mais elle ne saurait dire si elle n'y voyait pas là le reflet de ses propres sentiments. Espérances. Mais peut-être qu'il avait des raisons, de ne pas regretté. Elle l'avait détesté, sans jamais creuser plus loin que ses beaux yeux bleutés. Peut-être qu'il y avait des raisons obscures à cet acharnement sans faille à rester de marbre. Elle ne voyait en lui qu'une chimie parfaite, le bon dosage de charisme, de narcissisme et de brutalité. Mais Arès, il n'était pas que ça, n'est-ce pas ?
Jo-Beth laissa rouler sur sa joue une nouvelle larme qui lui sembla aussi brûlante qu'acide. C'était sa faute à elle, avant celle d'Arès. Elle devrait le dire, le savoir, le sentir. Mais pas lui dire à lui. Lui, il voulait survivre, parce que c'est humain. C'est cette part animale tapie au plus profond de notre être. Elle, elle aurait peut-être fait pareil, dans une arène. Lola ou Arès, c'était, et le parti de Jo était forcément prit. De quelque manière qu'il l'ait tuée, elle l'aurait haï quand même. Mais peut-être avait elle espéré qu'il lui insuffle quelques gouttes d'espoir, avant de la tuer. La laisser croire qu'elle sortirait de là, puis la tuer doucement dans son sommeil, où quelque chose comme ça. Lola n'avait même pas eut le loisir de penser rentrer chez elle hors d'une boite en bois. Il lui a épargné les horreurs de l'arène, peut-être, mais Jo n'en était pas convaincue. C'est autant ta faute que la mienne. J'aurais du me porter volontaire. Elle avait lâché ça comme un bombe, sa gorge serrée ne lui permettant de parler qu'en un murmure rauque et acerbe. La phrase entrecoupée de sanglots. Pensant sûrement qu'une fois cette monstrueuse vérité prononcée, elle ne pourrait plus l'oublier au fond de son subconscient. La partager avec Arès, c'était ce qu'il y a de mieux à faire. Lui, il lui parlait sans détour, alors que tous les autres, Liam, Heidi, Astrae, ils essayaient toujours de lui épargner la vérité de ce monde. Arès ne lui mentirait pas. Un rire misérable et désespéré s'échappa de ses lèvres, et ses yeux bleus se levèrent vers le ciel.
Sujet: Re: ~ MADNESS. (arès + jo-beth) Ven 25 Oct - 23:17
Arès n'avait aucun compte à lui rendre. C'était pourquoi il avait refusé de lui accorder les explications qu'elle méritait. Il n'y en avait tout simplement aucunes. Il n'allait certainement pas s'excuser pour avoir fait ce qu'il avait à faire. Pour avoir fait ce qu'on attendait de lui. Lola serait morte de toutes façons. Jo-Beth devait plutôt s'estimer heureuse que ce soit lui qui s'en soit occupé. Les autres n'auraient certainement pas été aussi gentils. Le fait était que, dans son esprit, il n'avait absolument rien de fait de mal, rien qui ne méritait qu'il se justifie pour. Il avait tué sa co-tribut, la belle affaire. Lola n'avait jamais été sa co-tribut. Dès le début, elle avait été une adversaire, comme tous les autres. Une adversaire qu'il devait tuer. Fin de l'histoire. Se remettre en question, se poser la question de si c'était bien ou mal, il refusait de s'encombrer de ces idioties. Bien ou mal, peu importait : c'était nécessaire. Jo-Beth n'avait cessé de le harceler depuis sa victoire, abattant sa haine sur lui, lui envoyant multiples lettres de menaces, lui pleurant au visage, et jamais il n'avait pu comprendre sa peine, sa douleur. Jamais il n'avait pu se mettre à sa place. Il ne se souciait que de son petit nombril et ne voyait pas plus loin que le bout de son nez. Jamais il ne s'était dit que ses actes durant les jeux l'avaient peut-être menés à la victoire, mais avaient fait souffrir bon nombre de personnes. Il ne s'en était jamais inquiété, il ne s'était jamais posé aucunes questions, jusqu'à ce soir. Ce soir, c'était différent. Tellement différent que ça le troublait profondément. Même s'il gardait cet air supérieur, presque hautain qui le caractérisait si bien, il était au fond, terriblement tourmenté. Son entretient avec Jo-Beth n'était pas comme les autres où il pouvait se contenter de simplement l'ignorer, pauvre petite chose insignifiante fusse-t-elle. Jamais il n'avait passé autant de temps avec elle, et l'échange qu'ils avaient actuellement était le plus long qu'ils avaient jamais eu. Et grâce à ça, il fut capable de comprendre au moins une partie de ce qu'elle ressentait. Elle, cette jeune femme aux cheveux de feu, au visage déformé par le chagrin. La douleur se lisait sur son visage blême, dans ses yeux livide, vidés de toutes essences de vie. Qui ne pouvait pas avoir de la peine pour cette jeune femme ? Même lui ne pouvait pas résister. Malgré les efforts qu'il déployait contre ça, son air dur finit par s'adoucir malgré lui, tandis qu'une étrange masse s'abattit sur ses épaules. Le poids de la culpabilité certainement, car il venait de réaliser : tout ça, ce visage abîmé, ce regard triste, cette petite chose cassée … c'était sa faute. Qu'il le veuille ou non. Que c'était nécessaire ou non, c'était entièrement sa faute.
Rien qu'un moment, il se sentit perdre pieds, en proie a des émotions qu'il n'avait jusqu'ici, jamais ressenties. Des émotions qu'on lui avait interdites de ressentir. Son père ne lui avait jamais parlé de ça. Au contraire, il l'avait poussé à ne rien ressentir. Il l'avait entraîné à ne rien ressentir, tout comme il lui avait appris à manier l'épée. Pas à cacher ses sentiments, non, à ne rien ressentir du tout. Le corps d'Arès se mit à trembler légèrement, et il ressentit l'envie de remonter le temps, de gommer toute son existence d'après les jeux, de revenir au jour où Iron lui avait tendu une épée. Pourquoi ? Pour retenir cette leçon. Il oublia peu à peu Jo-Beth pour se perdre dans ses propres pensées. Pas étonnant que son père n'était pas tendre avec lui. Pas étonnant qu'il ne cessait de le décevoir. Il n'avait rien compris. Absolument rien compris. Il n'était pas assez bon. Pardon papa. Désolé de ne pas être à la hauteur. Il ne méritait pas d'être son fils. Le jeune vainqueur baissa la tête, serra les poings et tenta de se faire tout petit. Il avait l'impression d'être de retour à ses premiers jours d’entraînement, quand son père le disputait parce que justement, il n'était pas assez bon. Bien qu'il n'était pas là, il sentait peser sur lui ce regard qui le terrifiait tant, et il eut envie de courir chez lui et de pleurer. De retour à l'âge de huit ans. Pathétique. Pathétique, tu es pathétique Arès, il pouvait presque entendre susurrer à son oreille. Un frisson lui traversa le corps et, comme frappé par un éclair, il releva la tête, se redressa, et tourna son regard vers Jo-Beth. Un regard de profonde colère. C'était sa faute, si il se sentait comme ça. C'était sa faute. Elle lui avait fait réaliser, et son père était pas content. A cause d'elle. Mais tout n'était pas perdu. Il n'était pas obligé de le décevoir plus longtemps. Il n'était pas encore trop tard pour le rendre fier.
Son regard brillant d'une détermination nouvelle, il le projeta sur la jeune rousse et la toisa. Son visage troublé se durcit. « Je ne vais pas m'excuser pour avoir fait ce que j'avais à faire. C'est la dure loi des jeux. » Sa phrase avait été tranchante comme du verre. Un verdict, une sentence irrévocable. Ce que Jo-Beth attendait de lui, elle ne l'aurait jamais. Il était hors-de-question qu'il s'abaisse à ça. Hors-de-question. Il prit une longue bouffée d'inspiration. Cette prise de conscience ne lui avait pas fait du bien pour autant, et bien qu'il essayait de la combattre, cette masse qui s'y était abattu plus tôt ne voulait pas quitter ses épaules.
« C'est autant ta faute que la mienne. J'aurais du me porter volontaire. » A l'entente de cette phrase, sa détermination se fâna comme une fleur en plein hiver. Sa voix était emplie de souffrances, de regrets, et même Arès ne pouvait y rester insensible. Son cœur n'était pas fait d'acier, même si il aimait faire croire le contraire. Et juste à l'instant, Jo-Beth venait de le toucher. Son visage se détendit et il se rapprocha de Jo-Beth. Il n'avait aucune sympathie pour cette fille, mais il ne pouvait juste pas la laisser là, à sangloter dans le noir et ne rien faire. Dans un soupir, il se plaça devant la jeune rousse et s'assit en face d'elle. « Pourquoi? » demanda-t-il simplement. D'où ça sortait ça ? « C'est toi qui serait morte si tu t'étais portée volontaire. Je vois pas en quoi c'est un meilleur sort. » Il haussa les épaules. Personne ne devrait jamais se reprocher d'être vivant. L'auto-préservation est l'instinct le plus primitif de l'esprit humain, normal qu'elle n'est pas voulu aller crever sur la lune. « Personne ne peux te reprocher de vouloir rester en vie. » D'une certaine manière, il parlait pour eux deux. Personne ne pouvait blâmer Jo-Beth d'avoir voulu s'épargner la mort, tout comme personne ne pouvait le blâmer lui d'avoir refusé de mourir. « Ce n'est pas de ta faute si ta sœur est morte. Ni de la mienne. C'est le hasard. Le sort n'a juste pas été en sa faveur. » Il prononça ces derniers mots dans un murmure grave qui s'envola dans l'air, en mémoire à Lola, et à tous ceux qui avaient péris lors de la vingt-troisième édition. Une étrange mélancolie s'empara de son cœur, qui se serra dans sa poitrine.
« Lola ne t'en voulait pas tu sais. » Il lâcha cette phrase quelques instants après sa dernière. Il ne savait pas comment elle serait accueillie, mais peut-être que ça ferait du bien à Jo-Beth, qui aurait bien besoin d'un peu de réconfort. « Je ne l'ai pas beaucoup connu mais … je crois qu'elle comprenait. » Il esquissa un petit sourire. Il ne disait pas ça pour être gentil, il sentait juste la détresse de Jo-Beth, et comme il lui serait impossible de l'ignorer, il décida d'essayer d'aider du mieux qu'il pouvait. Même si il était sans doute mal placé pour le faire.
Jo-Beth Lowry district 2 ❖ maçonnerie
❖ PSEUDO : crying lightning. (jade) ❖ DOUBLE COMPTE : blue. (d10) ❖ CREDITS : avatar (c) thug's mermaid ; gifs (c) tumblr. ❖ MESSAGES : 319❖ STATUT CIVIL : seule depuis la nuit des temps.
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Le silence était horrible. Trop lourd, trop pesant sur ses épaules frêles de petite poupée. Elle avait balancé ce qu'elle avait eu sur le cœur pendant ces longs mois de souffrance. Mais laisser surgir cette vérité à la surface ne la rendait pas plus belle. Ni plus facile à porter, comme elle l'avait espéré. Ça restait moche et cruel. C'était elle qui aurait du sauver sa petite Lola, et pas Arès. Il n'avait aucun compte à lui rendre. Il n'avait eu aucune raison de tendre une main secourable à cette tribut qui n'était rien d'autre qu'une ennemie en plus. Lola, ou une autre, pourquoi il aurait du la sauver ? C'était bizarre, toutes ces choses auxquelles elle n'avait jamais voulu penser. C'était tellement plus simple d'éclater des objets contre les murs, de hurler, de pleurer ; plutôt que de réfléchir et puis... lui pardonner. Mais c'était quelque chose que Jo-Beth refusait de faire. Pardonner à Arès, ça voudrait dire assumer la responsabilité de la mort de sa sœur. Assumer sa faute. Sa lèvre inférieure tremblante, Jo essaya de sécher les larmes qui cascadaient de ses yeux, mais le flot de sanglot qui secouait son petit corps refusait de s'apaiser. C'était ça, le prix de la vérité ? Quand Arès esquissa un mouvement pour s'approcher d'elle, Jo-Beth sursauta. Il n'avait jamais eu de sympathie pour elle, alors pourquoi est-ce qu'il essayerait maintenant de comprendre ? Cette discussion n'avait pas endigué l'animosité qui avait évoluée de jour en jour entre eux. Jo-Beth n'aimait pas Arès, Arès n'aimait pas Jo-Beth. Pourtant, ce temps, là, passé à parler, dans le noir, ça avait fait bouger certaines chose. Fait évoluer certaines choses qui n'avaient pas bougé depuis deux ans. Jamais elle n'avait essayé de comprendre, alors que peut-être ç'aurait été tellement plus simple. La Jo-Beth d'avant les Jeux aurait essayé de parler et de comprendre. Mais cette fille, elle était morte avec sa sœur. Pourquoi ?
Ce simple petit mot suffit à insuffler dans le cœur de Jo une douce chaleur, presque de la sympathie pour le vainqueur assit là, en face d'elle, dans la nuit. Elle leva doucement ses yeux livides vers Arès. Et cette fois-ci, elle ne baissa pas le regard. Elle ravala un dernier sanglot. Elle avait bien assez pleuré comme ça. C'est toi qui serait morte si tu t'étais portée volontaire. Je vois pas en quoi c'est un meilleur sort. Il haussait les épaules. Il ne comprenait pas, peut-être. Il ne savait pas. Jo-Beth sourit pourtant, doucement. C'est vrai, pourquoi ç'aurait été mieux qu'elle meure à la place de Lola ? La réponse s'imposait clairement à son esprit. C'était difficile à dire, mais c'était la vérité. Encore une fois. Jo-Beth aurait préféré retourner se terrer dans sa chambre, avec son hallucination, plutôt que de s'efforcer ainsi à déterrer la vérité qu'elle avait enfouie au fin fond de son cœur brisé. Elle était tellement laide, cette vérité. Les mensonges dont elle s'était entourée étaient tellement plus beaux. Je lui avait promis qu'elle n'irait pas aux Jeux pour sa première Moisson. Les larmes lui venaient encore doucement aux yeux. Se souvenir de ce jour, le dernier jour qu'elle avait passé avec Lola. C'était un souvenir doux-amer, que Jo ne voulait pas partager avec Arès. Elle se souvenait, comme si c'était hier, mais ça lui paraissait si loin en même temps. Ce dernier matin, où elle avait tressé les cheveux dorés de Lola. Où elle lui avait tenu la main jusqu'à l'hôtel de justice. Où elle l'avait embrassée sur le front avant de la laisser partir dans le rang des filles de son âge. Jo-Beth ravala un énième sanglot qui remontait dans sa gorge. Elle avait assez parue faible devant Arès comme ça. Pleurer, c'était fini. Jo remarqua qu'elle avait recommencé à fixer ses mains, alors elle leva doucement ses yeux bleus vers le vainqueur. Et devant son air contrit et adouci, la rousse fut presque prise d'un élan d'affection pour lui. Personne ne peux te reprocher de vouloir rester en vie. Elle ne réagit pas, d'abord, puis finalement, elle lui fit un petit hochement de tête. Elle resta alors là, à le regarder sans trop savoir quoi dire. Puis elle rigola un peu, d'un rire rauque et rouillé qui n'avait pas vu le jour depuis des semaines. Si. On me le reproche constamment. Tout le monde préférait Lola. A commencer par mes parents. Ses parents. Elle avait craché ce mot comme du poison, comme une insulte. Ses parents, qui avaient toujours préféré la jolie, la gentille petite Lola. Ce n'est pas de ta faute si ta sœur est morte. Ni de la mienne. C'est le hasard. Le sort n'a juste pas été en sa faveur.
Arès avait l'air tellement différent de d'habitude. Il semblait adouci, peut-être un peu mélancolique. Cette discussion, peut-être qu'elle ne rappelait pas seulement à Jo des mauvais souvenirs. L'arène, elle ne savait pas ce que c'était, comment elle pouvait le comprendre ? Il avait été différent, avant, sûrement, mais les Jeux ont la réputation de changer ceux qui y survivent. Lola ne t'en voulait pas tu sais. C'était une phrase à laquelle elle ne s'attendait pas. Pas de sa part à lui. Jo-Beth savait que Lola ne lui en voulait pas. Lola lui avait dit, avant de partir. Mais depuis que ce fantôme malsain était revenu de l'arène, Jo en doutait de plus en plus. Elle lui avait peut-être dit ça pour l'épargner, tout en pensant le contraire. Je ne l'ai pas beaucoup connu mais … je crois qu'elle comprenait. Pourquoi il lui disait ça ? Il essayait, quoi, de lui remonter le moral ? Alors, ça la frappa immédiatement, cet air condescendant qu'on lui adressait toujours, ce sourire de pitié et ce regard comme si elle était un chiot abandonné. Lui aussi, il avait pitié d'elle. Je sais. Elle me l'a dit, avant de... d'être emmenée. Mais... elle se recroquevilla encore un peu dans son coin sombre, en se mordillant la lèvre inférieure. Elle me hante toujours, tu sais. Son fantôme, ou... je sais pas, ça me rend folle. Elle avait terminé sa phrase d'une toute petite voix, sachant bien qu'il ne comprendrait pas. Il était Arès Bryskers, et elle, elle était une pauvre folle. Il lui fit un petit sourire, chose qu'il n'avait jamais faite. C'était gentil de sa part, de s'inquiéter du sort de celle qui faisait tout pour le faire craquer. Il était comme ça, peut-être, au fond de lui. Gentil, vraiment. Sinon pourquoi il se préoccuperait d'elle ? Elle avait peut-être réussi à trouver un petit bout du vrai Arès. Mais ça ne changeait rien. T'es comme tous les autres, en fait. T'as pitié de moi comme si j'étais un chien abandonné. Elle cracha sa phrase d'un ton presque dégoûté, mais elle réussi pas à empêcher sa voix de trembler à la fin. C'était peut-être ce qu'elle était, au fond, un chien abandonné. Mais elle ne voulait pas être considérée comme tel par Arès Bryskers.
L'air glacial frappait la main saignante d'Arès de sa fraîcheur douloureuse, mais ce n'était pas ce qui lui faisait le plus mal. Les émotions qui s'entrechoquaient en lui, voilà ce qui le faisait vraiment souffrir. En cet instant, il prenait pleinement conscience de la portée de ces actes, des dégâts qu'il avait causé en dehors de cette arène. En tuant ses adversaires, il n'avait pas juste mis fin à leur courte vie, non, il avait plongé des familles dans une douleur éternelle. Une douleur mille fois pire que ce qu'il ressentait en l'instant, et qui ne s'éteindrait jamais. Il pouvait bien tenter de se dérober, mais qu'il le veuille ou non, la folie de Jo-Beth était de son fait. Sans le vouloir, il avait plongé cette jeune femme dans la folie, et touché sa vie de la même façon qu'il avait transpercé le corps de sa cadette. Pourtant, dire ne serait-ce qu'il était désolé, ou même donner un petit signe qu'il l'était était trop difficile, et allait à l'encontre de tous les principes que son père lui avait soigneusement mais douloureusement inculqué. « Les Bryskers ne doivent rien à personne fiston. » lui répétait-il sans arrêt. « Dans les jeux, c'est tuer, ou mourir. » Règle numéro un. « Ne laisse personne te reprocher d'avoir voulu sauver ta peau. » Ces paroles l'avaient empêché de ressentir autre chose que de la fierté. Aucune compassion, juste de la fierté. Et il la ressentait toujours cette fierté, car sortir vivant des hunger games, ce n'était pas rien. Mais en plus de ça, Jo-Beth commençait à le faire sentir coupable. Pas seulement coupable d'avoir tué sa sœur, mais coupable d'être toujours vivant alors que tant d'adolescents étaient morts. Jusqu'alors, il n'y avait jamais vraiment réfléchi. Non, en réalité il ne s'était jamais posé de questions quant à ce que signifiait sa victoire. Il n'avait jamais considéré ses adversaires comme d'autres êtres humains, seulement comme des obstacles à sa victoire, des obstacles à sa vie. Et ce soir, la rouquine lui ouvrait brutalement les yeux. Deux ans qu'il était complètement aveuglé par la gloire et les projecteurs du Capitole. Il déglutit difficilement, la sueur perlait sur son front mais les perlettes glaçaient sous le vent. Ses pupilles s'humidifièrent, ses nerfs étaient encore en train de lâcher. Le froid, la douleur, Jo-Beth, Siléna, ce qu'il ressentait en l'instant, il aurait volontiers frapper de nouveau dans un mur si sa main n'était pas déjà blessée, alors il se contenta simplement de baisser la tête vers le sol sombre. Les paroles assurées qu'il venait d'offrir à la jeune femme n'avaient même plus de sens pour lui. Quel abruti il faisait. Le sort n'avait rien à voir avec ça. Lola n'a peut-être pas eu de chance pour être tirée au sort, mais ce n'était pas le hasard qui lui avait transpercé le ventre. Et ça, maintenant qu'Ares le réalisait, il ne pourrait plus se le sortir de la tête.
« Je lui avait promis qu'elle n'irait pas aux Jeux pour sa première Moisson. » Sa première moisson, se répétait Ares, comme si il venait tout juste de réaliser que la petite n'avait que douze ans lorsqu'il l'avait tué, et il ne s'en sentit que plus mal. Douze ans, première moisson, combien de fois y avait-il son nom dans cette foutue boule de verre ? A son tour, il se sentit transpercé de toutes parts par les mots de Jo-Beth, tranchants de tristesse, de sincérité, de regrets. Il se sentait mal, mais que ressentait Jo-Beth ? Que ressentaient ses parents ? Son corps se mit à trembler sous le coup de l'émotion, mais caché dans l'ombre, la rousse ne pouvait pas le voir. « Pourquoi ? » demanda-t-il en essayant de contrôler sa voix chevrotante. Oui, pourquoi avait-elle promis une chose pareille ? C'était une stupide promesse. Le genre de promesse qu'on ne faisait jamais parce qu'on n'était justement pas sur de la tenir. Le vainqueur comprenait Jo-Beth, comprenait qu'elle n'ait pas voulue monter sur l'estrade à la place de sa sœur, et partir aux jeux. Arès n'en avait jamais fait l’expérience puisqu'il s'était porté volontaire, mais il imaginait bien ce que l'on pouvait ressentir à l'entente de son nom lorsqu'on n'était pas carrière : de la peur. Ce que l'on ressent quand on se précipite vers une mort quasi-certaine. Il comprenait que Jo-Beth ait eu peur, et qu'elle n'ait pas voulue partir aux jeux, c'était une décision logique, mais alors pourquoi avait-elle fait cette promesse ? « Tu te pensais vraiment capable de tenir cette promesse ? » Il n'avait pas pû s'empêcher de poser cette question d'une voix qui se voulait un tantinet méprisante. Il ne jugeait pas Jo-Beth par rapport à cela, mais trouvait malgré tout terriblement stupide de faire ce genre de promesse. « Si tu n'avais rien promis, tu ne te torturerais pas ainsi. » souffla-t-il ensuite d'une voix plus douce. « Promettre un truc pareil était vraiment idiot, mais je comprend pourquoi tu ne t'es pas portée volontaire … enfin, je crois comprendre. » Car il ne pouvait pas comprendre totalement. Lui, il s'était porté volontaire, et n'avait pas ressenti la moindre peur, mais il s’entraînait depuis des années et des années. « Y'avait des tas de gamines qui auraient pû se porter volontaire à sa place. Des gamines de son âge ou même des carrières, mais personne n'a bougé le petit doigts. Pourquoi ça aurait été à toi de le faire ? » Ne laisse personne te reprocher d'avoir voulu sauver ta peau. « Et si les rôles avaient été inversés, tu crois qu'elle se serait jetée dans la gueule du loup ? » Arès baissa les yeux. Sa voix était dure et rauque. Il était en train de donner une leçon à Jo-Beth de la même façon que son père les lui donnaient. « Tous ceux qui te jugent, ce ne sont que des hypocrites. Lola l'avait comprit ça, c'est le principal. » dit-il en saisissant un caillou sur le sol et en le lançant devant lui.
« T'es comme tous les autres, en fait. T'as pitié de moi comme si j'étais un chien abandonné. » Ares soupira en posant sa tête contre le mur. « Mais enfin, regarde toi Jo. Tu agis comme une tarée, tu vois des fantômes, tu viens jusqu'à chez moi avec une lettre de haine et tu ne fais que pleurer sur ton sort. A quoi tu t'attends au juste ? Quelle image tu penses donner aux gens ? Ca fait deux ans. Je ne peux imaginer la douleur, mais il faut avancer Jo-Beth. Tu ne vas pas pouvoir te torturer toute ta vie pour ça. » Il ne l'agressa pas, resta calme. La fatigue transperçait sa voix, il n'avait pas la patience de faire dans le tact.