Sujet: the last of us. ▼ (orion) Dim 15 Sep - 22:20
❝ never changing who i am
rise again.
Encore quelques pas, et t’y es. Il inspira brièvement, sans se soucier outre mesure des regards étonnés ou excités des passants. Certains le reconnaissaient, d’autres non. À vrai dire, il n’en avait pas grand chose à taper. Il gardait les yeux baissés, rivés vers le sol. Sa vision périphérique n’avait pas été suffisamment sauvée pour lui permettre de se rendre compte de l’intérêt qu’on lui portait. Un vainqueur qui se balade au Capitole. Voilà de quoi faire sourire, faire parler, faire rire, rougir, intimider. Il n’était pas de ceux à s’être bâti une réputation foireuse. Il assumait l’intérêt qu’on pouvait lui porter. Il assumait d’être un objet de désir et de convoitise, et ne crachait pas sur les demandes qu’on lui faisait, quand bien même elles impliquaient de vendre son corps. De toute manière, qui aurait voulu de toi, au district ? C’était le cadet de ses soucis. Les femmes du Capitole aimaient qu’il s’occupe d’elles. Elles trouvaient fascinante l’idée de le prendre en pitié, de tester sa vision et de le plaindre en se lovant contre son torse. Leurs doigts courant le long de cette cicatrice, que tu arborais peu fièrement, pour tout avouer. Le Capitole décidait de l’objet de convoitise qu’il était devenu. Il avait été façonné, la chirurgie esthétique lui étant refusée au vu du profit que rapportaient ses handicaps. Bande de salauds, pensait-il sans cesser de leur sourire. Il les détestait. Aurait voulu leur peau. Mais se complaisait dans cette vie de luxe. Il avait les avantages, et plus que de gros inconvénients. Mais il avait appris à vivre avec. À se passer d’alcool le temps de se présenter chez une ravissante jeune femme aux besoins mal assouvis par ces enfoirés de Capitoliens. À se servir un verre ensuite, avant de partir. Et à profiter un peu. De son séjour. Du Capitole. Des gens. De tout.
L’espace d’un instant, relevant les yeux vers un ciel qu’il ne pourrait désormais plus voir qu’au travers de photographies, il se demanda ce qu’il foutait là. Pourquoi il avait pris la peine de venir. Il n’avait pas le souvenir d’une femme. Mais d’un homme. Le début de délire paranoïaque s’estompa aussi vite qu’il avait fait mine d’apparaître, tandis qu’un fin sourire éclairait les lèvres de Titus. Orion. Il était là pour Orion. Il tourna la tête, regardant autour de lui. Se retournant l’espace de quelques secondes pour s’assurer que personne ne le suivait. En-dessous de dix mètres, tout du moins. C’bon mon vieux. T’es en sécurité. Le stress rythmait sa vie plus que n’importe quel autre tempo. Et son handicap visuel ne l’aidait en rien, ne faisant qu’empirer les choses, quoiqu’il puisse se produire. Il serra les dents, son sourire retombant quelque peu, conservant un aspect crispé. Ça va aller. Ça va aller.
C’est là qu’tu t’arrêtes. Sans se rendre compte, il était parvenu à destination. Sans se poser de questions, ne prenant même pas la peine de frapper, il abaissa la poignée de la porte d’entrée, la poussant pour pénétrer dans la grande maison. Il n’avait pas la moindre gêne, pas le moindre tabou. Entrer chez Orion n’était plus une honte. Et ça te protègerait habilement des menaces que l’extérieur pouvait bien appliquer sur ton dos. Entré, il s’empressa de refermer derrière lui. Un léger soupir. Il ferma les yeux. Le cœur battant. Personne ne t’a suivi. Arrête ton délire, putain. Il se força à s’armer d’un sourire, rouvrant les paupières sur ces deux lacs gelés, qui parcoururent la pièce avec hâte. Sans cesser de sourire, il grimpa les escaliers, entrant dans le salon. À nouveau, ses yeux détaillèrent avec parcimonie l’endroit. Il avisa le bar. Dut prendre sur lui pour résister à l’attraction qu’exerçait le savoir de la présence d’alcool sur les lieux. Reste toi-même. Ça ne contribuera pas à atténuer le brasier qui te fait exploser les tripes.
Il déglutit lentement, sortant ses mains de ses poches, attrapant les pans de sa veste pour les écarter, commençant à enlever le vêtement sans se préoccuper du monde autour de lui. Il ne voyait pas assez loin pour repérer l’ensemble des lieux, mais faisait tout pour ne pas y penser. Pourquoi fallait-il que ces putains de baraques soient aussi grandes ? Il regarda à nouveau vers les escaliers, son sourire envolé. Mâchoires crispées. Le stress reprenait ses droits. Son geste s’était interrompu en pleine course, tandis que sa veste n’était pas entièrement tombée de ses épaules. Y a quelqu’un ?
Pourquoi tu stresses comme ça ? T’es en sécurité. C’est chez Orion, tu le sais. Et tu ne voudrais pas qu’il te voie dans cet état. Alors détends-toi. C’est parce que tu as entendu du bruit, que tu es comme ça ? Ouais, ça doit être ça.
Il suffit parfois de peu. Mais toi, t’es comme les animaux. Sur la défensive. Perpétuellement.
Sujet: Re: the last of us. ▼ (orion) Mar 17 Sep - 19:02
Ils arrivent. Les Jeux arrivent. L'idée même te rend nerveux, comme chaque années. Tu as hâte, bien sûr, inutile de le préciser, mais la peur de ne rien produire à la hauteur des années précédentes te rend malade. Oui, malade. Jetant négligemment ton stylo sur ton bureau, tu prends ton visages entre tes mains et soupires. Tu es fatigué de tout noter dans ce carnet, tout consigner. Ton écriture noire en remplis les pages de petites lettres courbées et fines. Te massant doucement les tempes, les yeux rougis d'insomnies, tu manques de t'endormir pour de bon. Non. Pas tout de suite. Tu n'as pas travaillé toute la nuit pour passer ta journée au fond de ton lit. Alors tu allumes une énième cigarette et te verses un fond de whisky. La bouteille est légère et les mauvaises langues pourraient y voir un alcoolisme sous-jacent. Mais non. Tu ne bois ni par besoin ni par manque. L'alcool n'est pour toit qu'un moyen comme un autre de te calmer les nerfs, de t'éclaircir les idées. Tu ne bois d'ailleurs jamais à outrance, trop fier pour te plonger dans de quelconques situations embarrassantes. Le liquide ambré tangue dans ton verre alors que tu l'agites doucement. Tu observes les rayons du jours s'y refléter, la couleur changer devant tel ou tel objet. Tu es fatigué. Peut-être aurais tu pu faire monter quelqu'un, demander un café ou quelques substances qui t'auraient tenu en éveil pour le reste de la journée. Mais tu n'avais pas envie de bouger ni de parler. Tu te sentais bien, enfermé dans ton mutisme de cette manière. Seul avec toi même. La cigarette coincée entre tes lèvres, tu entreprenais de trier tes papiers, de ranger tes affaires. Ton bureau semblait avoir été témoin d'une grande guerre. Des dessins y trouvaient leurs places mêlés aux pages de livres anciens et photographies de tributs. Tes reliques. Chacun d'entre eux s'y trouvaient joliment exposés. Tu les rangeais une à une, t'attardant sur certaines. Svethel figurait sur l'une d'entre elle. L'allure fière, belle bien entendu. Belle. Elle s'était habillée pour l'occasion -à ton grand désarrois- et arborais un sourire plein d'assurance. La photographie de sa jumelle capturait elle aussi ton regard. Identiques. Moissonnées à une année d'intervalle. La chance avait frappé la famille Weiss deux fois de suite. Qu'en serait-il cette année ? Tu brûlais d'envie de le savoir. Tu faisais tomber ces visages dans leur boîte, les effleurant du bout des doigts. Une seule te manquait. Hannibal. Parcourant d'un regard incertain ton espace de travail, tu soufflais un nuage de fumée grise. Merde. Où avait-elle bien pu se cacher ? Derrière quel livre, quelle enveloppe, quelle feuille ? Tu détestais cette sensation de perte, cette incertitude quant à la potentielle retrouvaille de l’objet.
Alors tu te levais et arpentais la pièce. Tu étais pourtant sûr de ne pas l'avoir sortie. Tant pis. Tu n'auras qu'à chercher plus tard. Tu laissais la fin de ta cigarette encore fumante dans un cendrier et faisait lentement craquer les vertèbres de ton cou. Il était tôt. Du moins tu le pensais. Tu ne savais pas trop. La tête te tournait. Tu sortais de la pièce, marchais comme dans un rêve en direction de ta chambre et te laissais tomber sur ton lit. Tu sombrais immédiatement dans un sommeil profond. Tu dormais longtemps. Lorsque tu ouvrais enfin les yeux, l'obscurité régnait dans la pièce. Tout en coton tu te sortais péniblement du lit. Tu étais groggy. La fatigue avait eu raison de toi. Toujours. Clignant des paupières, tu te déshabilles rapidement et t'en vas prendre une douche. L'eau de délasse un peu, pas assez à ton goût. Tu restes longtemps sous le jet, te frottant le visage plusieurs fois. Mais après être enfin sorti de la cabine, alors que tu commençais à peine à te raser, un bruit te fis sursauter. La lame t'entailla la joue, laissant une larme rouge s'écouler sur ta peau. Tu juras doucement, nouais ta serviette autour de ta taille puis essuyais sans y prendre garde l'écorchure.
Les bruits venaient du salon. Tu pressais le pas. Qui pouvait bien être là ? Tu n'avais demandé personne ce soir. Arrivé enfin à l'embrasure de la porte, le dos d'un homme se dessina devant tes yeux. Large, puissant. Sa légère gaucherie, ses cheveux bruns. Cette assurance à être rentré sans même prévenir. Hannibal. Ça ne pouvait être que lui. Tu t'approchais à pas lents, sans faire de bruits. Du moins tu essayais. Il avait peut être perdu certaines de ses facultés visuelles mais sont ouïe demeurait excellente. Tu étais bien placé pour le savoir. «Content de te voir Hannibal.»
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Sujet: Re: the last of us. ▼ (orion) Mer 18 Sep - 12:06
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Il avait entendu un bruit. Il avait entendu un bruit, mais ne voyait rien. Il clignait des cils, regardant inconsciemment dans la mauvaise direction. Il expira lentement, le coeur battant, figé. Il se rendit rapidement compte que tout venait de derrière lui, mais ne prit pas la peine de faire volte-face. Il s'efforça de desserrer doucement des doigts de sa veste, faisant le tri entre la réalité et les images délirants que son esprit tordu et malade lui infligeaient. Il n'y avait rien, dans cette maison, qui soit susceptible de menacer sa sécurité. Il n'y avait qu'Orion. Juste Orion. Peut-être quelques Muets, mais aucun d'eux n'aurait pu lui faire de mal. La voix résonna finalement dans la pièce. Il l'avait entendu arriver. Mais ne s'était pas retourné. Il voulait être sûr qu'il serait assez près pour le voir, s'il lui faisait face.
Lorsqu'il se retourna, ses prunelles claires se posèrent sur la silhouette qu'il distinguait aisément, désormais. Un sourire étrange se déposa sur ses lèvres, mélange de satisfaction et malice. Sans gêne, son regard céruléen caressa les traits agréables de l'homme qui lui faisait face. Il laissa définitivement sa veste glisser à bas de ses épaules et la déposa sur le dossier d'un fauteuil, comme s'il était chez lui, sans se soucier de la moindre des convenances de son hôte. Il se frotta ensuite les mains, faisant inconsciemment jouer ses épaules musclées sous son t-shirt, quelques secondes. Sourire simple, un tantinet narquois. « Mais, tout le plaisir est pour moi. » Une insolence légère, moquerie amicale, brocard n'ayant pas pour but de le vexer. Il cessa de frotter ses paumes l'une contre l'autre, savourant l'espace d'une fraction de seconde la chaleur qui s'y répandait. Puis il se retourna, faisant dos à son hôte. Il avisa le bar, quelques secondes, le rejoignant d'un pas droit et pour le moins déterminé. Un peu d'alcool, vite. Si Orion pouvait prétendre n'être en rien sujet à l'alcoolisme, il n'en était pas de même pour son invité. Peu le savaient. Mais l'alcool l'aidait souvent, trop peut-être même, à supporter les folies de son esprit, les délires et les handicaps le rongeant en permanence. Il s'approcha du comptoir, ouvrit un placard pour en sortir un verre. Comme s'il savait où absolument tout se trouvait. Et il le savait. Ce n'était pas la première fois qu'il venait. Pas non plus la première qu'il se servait seule. Orion n'était peut-être pas au courant. Peut-être que si. Dans un cas ou dans l'autre, le vainqueur n'avait pas la moindre honte à agir devant lui. Il sortit une bouteille d'alcool, inspectant au passage les autres, breuvages forts en âge et en goût, les plus assommants possibles. « J'adore quand tu me paies un coup. » Un coup à boire. Le plus simplement du monde. Se servir. Faire comme si de rien était. Il opta finalement pour une autre bouteille, la levant légèrement en faisant à nouveau face à son hôte. « Tu permets ? » Un sourire. Il se servit, reposant la bouteille sur le comptoir, avançant de quelques pas vers son hôte, qu'il ne faisait désormais plus que discerner. Se rapprocher. Le voir.« Le port de la serviette te va à ravir. » Un grand sourire, teinté d'humour. De son habituelle insolence dont il ne parvenait plus à se départir. Il leva son verre à ses lèvres, avant de le rabaisser, sans en avoir ingurgité la moindre goutte. « Hm, tu en veux un peut-être ? » Sourire de plus belle. Laisser ses yeux parler. Sinon, tu boiras dans mon verre.
Il n'y avait pas la moindre gêne. Pas le moindre tabou. Il le regardait, sans ciller, sans se priver de l'examiner dès qu'il le pouvait. Il tentait tant bien que mal de dissimuler ces apparences maladroites et vulnérables. Il ne voulait pas qu'on le voit dans un moment de faiblesse. Il ne voulait surtout pas qu'Orion l'aperçoive dans un de ces moments-là.
Ah, elle est belle, la comédie du paranoïaque. Rustre et cynique. Insolent et sans gêne.
Sujet: Re: the last of us. ▼ (orion) Sam 21 Sep - 21:57
Bleus. Les yeux d'Hannibal avec la couleur du ciel pendant l'été. Clairs, profonds. Il avait posé sur toi un regard empreint de sûreté comme à son habitude. Il était là, sans gène aucune, presque chez lui. Vous vous fixiez, tout les deux trop fiers pour baisser le regard. Tu sentais quelques gouttes d'eau glisser sur ta nuque, les entendais presque s'écraser au sol. Le gagnant se débarrassait de sa veste, dévoilant sa forte carrure. Tu ne le lâchais pas de tes prunelles bleutées. Fasciné. Fasciné par cet être qui de ses mains avait pris des vies. Tu le voyais se les frotter, ces larges mains d'homme. Peau contre peau, ses épaules roulant sous son T-shirt. « Mais, tout le plaisir est pour moi. » Narquois, un tantinet insolent. Tu l'écoutais, les bras croisés sur ton torse nu. Tel un aimant il s'approchait du bar et fouillait tes placards. Hannibal était un homme sans manière et cela te changeait un peu. Il était d'un naturel presque déstabilisant. Tu ne bougeais pas, le laissais faire. Il connaissait, semblait-il, assez bien l'endroit pour s'en sortir tout seul. « J'adore quand tu me paies un coup. » Tu riais doucement. Tu savais qu'elle sorte d'alcool lui offrir, quelque chose de si fort qu'un seul verre pourrait lui faire tourner la tête. « Le placard du milieu, la bouteille du fond. » Oh pour ça, c'en était une belle. Vieille qui plus est. D'une teinte délicieusement ambrée. Le genre de boisson qui vous brûlait la gorge et crépitait presque sur la langue. « Tu permets ? » Feignant vaguement l'indifférence, tu lançais d'une voix presque moqueuse : « Ça change quelque chose ? »
Tu tirais une cigarette d'un des paquets posés près de toi. D'un geste sûr et rapide tu l'allumais, ne remarquant même pas qu'il s'était approché de toi. Sa vue. Tu oubliais. Toujours. Tu ne devais être qu'une ombre à cette distance. Indiscernable. Pareil à tant d'autres. À la différence peut être des vêtements même si tu doutais au final de la rareté de ton habillement. Une serviette. Presque nu. Tu n'étais pas gêné de te montrer de cette façon. Homme ou femme, la barrière était finalement mince. Les mentalités ici étaient toutes les mêmes. Un corps était un corps. Il n'était qu'à dominer. Ce mot te plaisait. La domination sur l'autre était ton activité préférée. « Le port de la serviette te va à ravir. » Ton sourire se joint au sien. Tu la voyais venir. Si tu avais su tu serais descendu nu. Tu aurais voulu le gêner, le titiller un peu. « Il semblerait. La présidente Rithels m'a dit la même chose hier. » Tu souffles un nuage de fumée, t'accoudant au mur derrière toi. Tu te sentais bien. Bien mieux que ce matin. Ta fatigue s'était envolée comme par magie, s'effaçant face à l'excitation. Le gagnant était le centre de ton attraction. Tu éprouvais une fascination morbide à son égard, une volonté de le faire replonger, de revivre les Jeux à ses côtés. À travers lui. « Hm, tu en veux un peut-être ? » Tu viens de te rendre compte qu'il n'a pas bu. Pas encore. Il t'attendait. Il jouait tel le chat s'amuse avec sa pelote. Tu t'avançais alors sans te presser, retirant lentement ta cigarette de tes lèvres. Enfin arrivé à sa hauteur, tu poses tes doigts sur le verre et l'attrapes sans ménagement. « C'est tellement gentil de m'avoir servis. » Tu te retournes, avales une gorgée d'alcool et fermes les yeux, appréciant le contacts brûlant du liquide à l'intérieur de ta bouche. C'est bon. C'est un goût noble, puissant. « Ne range pas la bouteille, tu vas en avoir besoin ce soir. » Tu fais une petite pause près d'un cendrier pour y écraser la fin de ta cigarette, termine ton verre, le pose. « Je vais me changer. Tu connais le chemin si besoin. » Tu prends ton temps pour arriver à ta chambre et fais tomber ta serviette au sol. Tu savais qu'à ton retour une Muette l'aurait ramassée et remplacée. C'était la magie du Capitole. Tu tirais de ton armoire une chemise blanche et un pantalon simple et t'habillais calmement. Tu n'avais pas peur de le faire attendre. Ça ne te dérangeait pas. Esquissant quelques pas vers ton bureau, tu attrapais une petite boîte remplie de cachets blancs. Tu les gardais pour lui, toujours. Tu savais que plus que toi ces pilules le faisaient revenir. Elles lui offraient la vue. Tu t'emparais à nouveau d'une cigarette, enfumant quelques secondes la pièce.
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Sujet: Re: the last of us. ▼ (orion) Sam 21 Sep - 23:29
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Orion le connaissait. Aussi dingue que cela puisse parfois lui paraître, le juge semblait avoir compris la manière dont il fonctionnait depuis bien longtemps déjà. La plupart du temps, cela contribuait à le mettre à l’aise, et à lui arracher des sourires plus sincères qu’il ne l’aurait parfois espéré. Mais, à certains moments, il se prenait à être effrayé de ce fait. À espérer que l’homme face à lui ne connaisse pas réellement tout de ses vices et de ses défauts. Que certaines choses lui soient encore obscures, et permettent au vainqueur d’avoir une légère longueur d’avance. Et, à ce moment précis, il doutait justement d’avoir la moindre longueur que ce soit. Son hôte avait su lui prescrire avec exactitude l’alcool qui lui aurait le mieux convenu. Et à en voir l’étiquette de la bouteille indiquée, il avait senti cette faiblesse et cette fatalité. Orion le connaissait. Et il en était effrayé.
Avec un air légèrement surpris, aussitôt remplacé par un rictus de colère puis par une moue railleuse, le vainqueur laissa son vis-à-vis lui prendre le verre, et en tirer une longue gorgée. Un léger sentiment de frustration l’avait immédiatement envahi. Les mots s’évadèrent, railleurs, tandis qu’il lui tournait le dos, l’air noir, retournant vers la silhouette du bar qu’il apercevait là-bas. « Mais de rien. Tout le plaisir est pour moi. » Sec, légèrement agacé, mais d’une ironie doucereuse et mielleuse, comme à son habitude. Il attrapa la bouteille. L’ouvrit. Sentit la flemme de sortir le moindre verre s’emparer de lui. Il la porta directement à ses lèvres, avalant une rasade d’alcool fort. Il sentit le liquide brûlant accrocher les parois de son larynx, tandis qu’il l’absorbait. Un long frisson le parcourut, alors qu’il rabaissait la bouteille, vissant à nouveau le bouchon, sans pour autant la ranger. Après tout, il semblerait qu’il en ait encore besoin ce soir, à en croire son hôte. « Ça tombe bien. Elle est bien, dans ma main, je trouve. Elle me va au teint. »Et t’en sais quoi, pauvre paysan, venant de ton district paumé, avec tes yeux estropiés et ta vision d’handicapé ? Rien. Il n’en savait rien. Disait ça pour l’énerver. Disait ça pour s’énerver. Et visiblement, dans le second cas, à en juger la colère sourde envers lui-même qui bouillonnait dans ses veines, cela fonctionnait à merveille.
Je vais me changer. Les mots résonnèrent dans son esprit, quelques instants. Un fin sourire naquit sur ses lèvres. J’voudrais bien voir ça, tiens, se retint-il de lâcher. « Je devrais survivre, c’gentil de t’inquiéter. » Il s’essuya le nez d’un revers de poignet, reniflant légèrement avant de s’approcher du verre qu’Orion avait laissé à l’abandon. Il le remplit à nouveau, sans aucune gêne, et le porta à ses lèvres, tandis que le juge était définitivement sorti de son champ de vision restreint. C’était comme l’embrasser. Et le provoquer, surtout. Il vida le verre d’un trait, esquissant une grimace à la quinte de toux qui menaça de le prendre. D’un pas traînant, il s’approcha d’un canapé, avant de s’y affaler. Il laissa le verre sur la table, portant une nouvelle fois le goulot même de la bouteille à ses lèvres. Il ferma les yeux une fois l’alcool absorbé, laissant sa tête se caler contre sa propre épaule, soupirant longuement. Orion le faisait attendre ; comme toujours. Une part de lui était tentée d’aller voir ce qu’il fabriquait, de briser l’intimité de son hôte jusqu’aller le chercher dans ses appartements privés. L’autre part de lui se contentait de cette position avachie dans ce canapé ma foi fort confortable. L’alcool lui montant paisiblement à la tête, et faisant vaciller son champ de vision. Il soupira, passant sa main sur son visage. Las.
« Tu te fais chier au point de m’inviter sans autre raison qu’une envie de bavarder, ou t’as quelque chose derrière la tête ? » Sa voix s’échappa d’entre ses lèvres, forte. Il vainquit finalement la flemme, se levant, traînant des pieds jusqu’aux appartements plus privés d’Orion. Il n’eut pas besoin d’élever autant la voix que la fois précédente. Et n’en avait d’ailleurs pas la force. « T’en prends du temps pour enlever une pauvre serviette. … Oh, non, me dis pas que t’as enfilé des fringues, quand même. » Il ne le voyait pas. Ne cherchait d’ailleurs pas à l’apercevoir, dos contre la cloison menant à la chambre d’Orion, sa bouteille dans la main, s’amusant à visser et dévisser le bouchon métallique. Son sourire, par contre, lui, se percevait facilement à l’oreille.
Tu te fous gentiment de lui, mon vieux. Tu joues avec le feu. On ne t’a jamais dit que qui s’y frottait s’y piquait ? Non, bien sûr. Fais simplement le malin.
Tant que tu as encore la tête sur les épaules et les idées en place.
Sujet: Re: the last of us. ▼ (orion) Jeu 26 Sep - 19:11
Tu aurais voulu qu'il rentre, investisse l'espace. Tu aurais aimé voir sa silhouette se refléter dans le miroir central, l'entendre parcourir la pièce. Tu aurais tué pour l'observer se déplacer à tâtons, ne rien faire pour l'aider. Il n'était que force et faiblesses en même temps. Il te fascinait, lui et son aisance naturelle. Tu ne pouvais t'étonner de son succès au Capitole, te surprenant parfois à jalouser ses autres clients. Tu voulais être son préféré. Tu voulais pouvoir le posséder tout entier. Aucune main autre que la tienne ne devait avoir le droit d'effleurer ses vieilles cicatrices, toi seul en comprenait l'origine. Hannibal. Le gagnant qui avait perdu la vue. C'était vendeur. Ajoutez-y son charme naturel et c'était gagné. Les vainqueurs avaient leur attrait. C'était pour toi plus une manière d'achever leur destruction que de leur faire appel. Leur rappeler que s'ils s'étaient tiré des Jeux, le reste n'était pas terminé. Jamais.
« Tu te fais chier au point de m’inviter sans autre raison qu’une envie de bavarder, ou t’as quelque chose derrière la tête ? » Tu souris, satisfait. Enfin. Sa voix est forte, il est resté là-bas, sans doute trop peu motivé pour marcher jusqu'à toi. Dommage. Il aurait eu une surprise. Tu te redresses, inspire une bouffée de cigarette et répond d'une voix égale, légèrement railleuse : «Ha ? Je pensais que tu étais venu par pur plaisir, de ton plein grès. Je suis déçu.» Tu sais que tu devrais sortir de ta chambre et retourner à lui, mais une partie de toi reste certain qu'il se décidera avant toi. Ô, terrible fierté, que ferais tu sans elle ? Plus de chose, probablement. « T’en prends du temps pour enlever une pauvre serviette. … Oh, non, me dis pas que t’as enfilé des fringues, quand même. » Il s'est approché, cela s'entend. Tu jubiles. Les plus petites victoires sont les meilleures. Un large sourire s'est formé sur tes lèvres, un rictus de satisfaction. Hannibal avait fait ce que tu attendais de lui. Pour une fois. Tu le savais aussi orgueilleux que toi. Peut-être pire, aussi difficile fut-il. Tu passais brièvement ta langue sur tes lèvres sèches et embrassais quelques secondes une bouffée de nicotine. Tu te demandais s'il allait rentrer un jour. «Je te proposerais bien de venir m'aider mais j'ai malheureusement terminé.» Tu fermes les yeux quelques secondes puis te décides enfin à quitter la pièce. Tu le trouvais dos au mur, ta bouteille entre les mains. Un air irrémédiablement las habitait son visage tandis qu'il jouait avec le bouchon. Le niveau d'alcool avait baissé depuis tout à l'heure. Il avait bu, encore. Tu venais te placer près de lui, si près que vos bras pouvaient se toucher, et lui prenait l'objet des mains pour le porter à ta bouche. Ta gorgée d'alcool te brûla l’œsophage. C'était fort, peut être un tantinet trop. Tu fermais les yeux, prenais quelques profondes inspirations. Tu te sentais bien comme ça. Ta serviette te manquait un peu, sans doute. Tes doigts jouaient avec la cigarette, dansant doucement près de ton bassin. «J'ai une surprise pour toi, mais je ne suis pas sûr que tu la mérites.» Tu tournais ton visage vers le sien. Le jeux avait repris. Enfin. Tu parlais des cachets que tu gardais dans ta poche. Douce drogues aux effets colorés. Tu allais la lui rendre sa vision. Momentanément. Tu l'avais déjà fait. Comment pouvait-il y résister ? Tu n'en prenais toi même que rarement, préférant de loin rester conscient de chacun de tes actes ou paroles. Tu aimais te sentir encré au sol et non loin au dessus des nuages. Ici au moins tu pouvais tout contrôler. Tout dominer. La drogue rendait faible. L'alcool faisait de même. Les faiblesses te rendaient malade. Du moins les tiennes. Celles des autres étaient exploitables.
La vie de ta cigarette touchait à sa fin et tu te dépêchais de retourner dans ton salon pour aller l'écraser au fond d'un cendrier. Tes mains venaient retrouver leur places dans les poches de ton pantalon et tu allais t'asseoir sur ton canapé. Ton corps s'enfonçait dans les moelleux coussins comme un couteau dans du beurre. Dieu seul sait comme tu avais eu raison de l'acheter. Si Hannibal ne s'était pas tenu ici, à quelques mètres de toi, tu te serais sûrement laissé sombrer dans un sommeil profond. Tu te sentais plutôt bien installé comme ça. L'alcool commençait doucement à faire son effet, anesthésiant tes sens. Tu étais calme.[/color]
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Sujet: Re: the last of us. ▼ (orion) Ven 27 Sep - 21:46
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La remarque de son hôte lui arracha un sourire non dissimulé. À quoi le cacher, de toute manière, puisqu’Orion était toujours dans l’incapacité de le voir ? Il se laissa aller, baissant la tête vers le sol, laissant la bouteille s’abaisser délicatement. Il secoua quelques instants le menton, savourant la sensation chaude et doucereuse de l’alcool remontant dans ses veines. La tête ne lui tournait pas encore ; et tant mieux. Il perdrait assez rapidement pied, face à Orion, pour précipiter les choses dès maintenant. Le Juge savait comment l’aider. Il savait comment l’emmener ailleurs, et le faire voyager plus haut qu’il n’aurait jamais dû aller. Il essayait de ne pas y penser, de ne pas se focaliser dessus. Mais il ne pouvait empêcher ses filins de pensées vagabondes de s’orienter vers l’espoir d’une soirée d’illusions douces. C’était plus fort que lui. Ça l’avait toujours été.
Il entendit distinctement son hôte se rapprocher de lui, et arriver à ses côtés. Il n’avait nullement besoin de porter son regard sur sa silhouette pour le savoir. Ses sens s’étaient développés de manière à compenser sa vision réduite ; il avait pu le remarquer dès les premières semaines d’adaptation. Il avait mis quelque temps, malgré tout, à retrouver une certaine stabilité et une certaine confiance à ce qui s’offrait à sa vue. Mais, maintenant que les choses étaient rentrées dans l’ordre, après toutes ces années, il s’était stabilisé. Il grogna, lorsque la main d’Orion attrapa sa bouteille, et la lui vola pour en boire une gorgée. Grommelant de plus belle, il reprit la bouteille, rapidement, possessif, et la porta à ses lèvres. Il prit quelques longues rasades, fermant les yeux pour savourer l’ivresse légère qui commençait à engourdir ses membres. Il allait encore finir dans un état pitoyable. Et quelque part, il le savait, et ne faisait strictement rien pour l’empêcher.
Il ne releva pas le regard vers Orion, pas même lorsque celui-ci prononça le mot de surprise. Il avait une légère idée de ce dont il pouvait bien s’agir. Il ne dit rien, laissant un sourire étirer la commissure de ses lèvres, comme à son habitude. L’homme bougea. Du coin de l’œil, il l’observa jusqu’à ce que ce ne fût plus possible. À cet instant, il baissa les yeux, sans se départir de son sourire. « Je le mérite toujours. »T’es sage, comme garçon, après tout. Il fit quelques pas vers le canapé, à son tour, avant de venir se poser près de lui, à l’autre bout cependant. Il conservait le poing fermé autour du goulot de la bouteille, comme s’accrochant au seul point de repère qu’il lui restait. Comme d’ordinaire, il ne savait plus réellement où il en était. C’était ce genre d’effet, que l’homme suscitait toujours chez lui. « Allez, me fais pas languir. Qu’est-ce que c’est ? » Il s’en doutait, évidemment. Un sourire las, ne relevant pas même les yeux de sa bouteille. Il en faisait tourner le cul, appréciant le poids variant du liquide en fonction de l’endroit où il appuyait le verre.
Il tentait de ne pas avoir l’air mal à l’aise ; en vain. Il lui semblait parfois qu’Orion avait le dessus sur lui, sans qu’il n’y puisse rien. Cette sensation le perturbait. Le prenait à la gorge. Il se sentait comme un loup face à un boa. Qu’importe la taille. Si le serpent avait décidé d’engloutir le canidé, il n’en aurait fait qu’une bouchée.
Sujet: Re: the last of us. ▼ (orion) Lun 21 Oct - 23:42
Installé de cette manière, le corps engourdis et les yeux clos, tu te sentais bien. Tu te tenais dans cet îlot de confort, un arrière goût d'alcool en bouche fugace comme le parfum d'une femme. Tu aurais pu rester ainsi, immobile une vie entière. Tes sens annihilés par la boisson. « Je le mérite toujours. » Tu souris sans même ouvrir les yeux, écoutant seulement le bruit de ses pas se rapprochant. Tu aimes ce son. Tu aimes te dire que dans quelques secondes il sera là, près de toi. Qu'il s’assiéra à tes côtés, t'offrant à nouveau l'accès à la bouteille. La sienne désormais. «T'es encore habillé, ça commence mal. Je croyais que ça faisait parti de ton travail de te couvrir le moins possible ?» Tu ouvres les yeux et le regarde s'installer non loin de toi. Tu observes ses mains, si serrées autour du goulot comme si elle pouvait en un claquement de doigt disparaître, se réduire à néant. Le laisser seul au milieu de tout. Sans repère. Perdu. « Allez, me fais pas languir. Qu’est-ce que c’est ? » Tu tournes la tête vers lui, le dévisage. Il n'a pas l'air bien heureux. Il sourit, las. Las comme tu l'es aussi. Il joue de la bouteille et tu écoutes le roulis régulier du liquide à l'intérieur. Il te berce. «Tu sais très bien ce que c'est.» Tu soupires et fixes le plafond à nouveau. «J'ai de quoi te rendre voyant un moment. C'est pour cela que tu viens toujours, soyons honnêtes.» Tu sors la boîte de cachets, frissonne au contact du métal froid. Les gélules tanguent, bruyantes. À la manière d'Hannibal, tu joues avec l'objet d'un air désabusé. Tu sens le corps chaud du gagnant tout près de toi, les vibrations de la bouteille contre ton bassin.
Tu l'ouvres doucement, saisis un cacheton blanc. Tu joues avec un instant, le fais glisser sous tes digitales. L'addiction était souvent le prix de ce petit bonheur. Tu n'en étais pas un grand fanatique pour être honnête, préférant l'alcool aux paradis artificiels. Les risques étaient moins importants, c'est ce que tu te disais. Tu ne buvais jamais à l'excès de toute façon. Tu voulais restais les pieds sur terre, ne pas déraper. Tu ne devais pas perdre les pédales. Tu ne pouvais te permettre cette faiblesse. Avec une toute autre personne tu aurais sûrement déposé le cachet sur ta langue pour dans un baiser le glisser entre ses lèvres. Mais c'était Hannibal qui se tenait à tes côtés et votre relation était trop compliquée pour ce genre de gestes. Cela ne faisait pas parti du jeu. Du moins pas encore. «Alors, qu'est-ce que je fais Hannibal ? Je te la donne ou je jette tout ?» Tu t'étais tourné vers lui, enfermant la drogue dans main. Le temps s'écoulait comme une gorgée de whisky. En parlant de ça, tu arrachais la bouteille des doigts du vainqueur et la portais à tes lèvres. Tu en avalais une rasade, fronçant les sourcils face à la force de l'alcool. Tu avais envie de bouger, de te dépenser. Tu avais besoin d'extérioriser. De sortir de ta tête, enfin. Tu avais envie de l'arroser de scotch pour y mettre le feu. Besoin de le dominer sous les jets de ta douche. Tu ne supportais plus de rester immobile. D'un geste tu aurais sûrement pu lui jeter les cachets au visage tel un vulgaire gâteau de mariage.
«Qu'est-ce que j'y gagne rappelle moi ? Le plaisir de ta compagnie ?» Tu fermes les yeux. Tu as besoin de t'en griller une. Tu aimerais être saoul. Être heureux. Tu aimerais être vain l'espace d'un instant. Être libre.