you're worth it + orion

Minuit. Chacune des pièces vides de ton appartement sont allumées. Ta chambre seule reste sombre. Des vestiges de verres et bouteilles trônent sur le bar et des vêtements jonchent à même le sol. Soudain une voix résonne. Aiguë, désagréable.
«Qu'est-ce qui te plaît autant dans les Jeux ?» La prostituée se love contre toi, enroulant ses longues jambes dorées autour des tiennes. «C'est ce qui te fait prendre ton pied, c'est ça ?» Souffle-elle d'une voix mielleuse à ton oreille. Elle s'installe sur toi et se penche, t'offrant une superbe vision de son décolleté. «Non. Mais tu sais ce qui le ferait ?» Se mordant la lèvre inférieure, elle secoue niaisement la tête. «Que tu fasses ton boulot.» Son sourire disparaît alors et elle se redresse. Bien, elle a comprit. Tu sens son bassin onduler contre tes hanches et une douce sensation de chaleur t'envahit.
Elle avait été prévenue, on lui avait mainte et mainte fois répété de ne pas te poser de questions. Pas même la plus futile. Ne rien demander, seulement satisfaire le moindre de tes désirs. C'était dans ce but qu'elle était ici. Ce n'était pourtant pas bien compliqué, beaucoup y avait déjà réussit avant elle.

Tu tournes la tête vers la table de nuit afin d'attraper l'une de tes cigarettes. Tu es blasé. Alors que la jeune femme commence à poser ses lèvres sur ton cou, dérivant petit à petit sur ton torse, tu réalises que c'est trop tard. Elle a brisé l'instant à coups de paroles inutiles.
Tu allumes ta clope et fermes les yeux. Tu te laisses porter par les sensations agréables qui t'envahissent, luttant contre ta conscience, la suppliant vainement de se taire. Tu penses trop. Au lieu de te concentrer sur ce qui se passe entre tes jambes, tes pensées s'activent. Ton boulot, en tête de liste. Tu revisionnes mentalement la dernière édition des Jeux. Tu es impossible.

Sa langue te taquine et tu sens ton corps se cambrer. Tout est si dissocié. «Qu'est-ce que tu veux que je fasse maintenant ?» Tu rouvres les yeux comme sorti d'un rêve. Son visage trop maquillé est posté trop près du tien. Les couleurs sont trop vives, trop saturées si bien que tu clignes plusieurs fois des paupières. De ses mains vernies elle retire la cigarette de ta bouche pour en aspirer une bouffée avant de poser ses lèvres sur les tiennes. Dégoûté, tu la repousses avec violence. Peut être trop.  


Tu écrases ta cigarette contre la paroi du cendrier et en allumes une énième.  La lourde fumée plane dans la pièce comme un terrible nuage gris. Le Requiem de Mozart résonne, tellement fort que ton verre de Scotch ne peut s'empêcher de vibrer. Elle est partie depuis quelques heures maintenant, emportant avec elle une liasse de billets. Tant mieux. Tu ne voulais pas d'elle ici. Plus.
Bientôt l'Expiation. La hâte provoque chez toi de délicieux frissons. Tu repenses aux récents gagnants et irrémédiablement à elle. La seconde Weiss. Svethel. Comment oublier la jeune brune qui avait grâce à sa beauté récolté un douze ? Elle vous avait offert son corps contre la victoire. Ô Svethel. Tes sentiments étaient si confus à son égard. Oscillant entre l'admiration et la haine. Tu avais cette volonté terrible de la faire se soumettre. Elle était l'étincelle, et tu détestais ça. Tu devais lui montrer dans quel camp le pouvoir se tenait : le tien.