Tyria + I whip my hair back and forth

« Dans le noir, toutes les couleurs s’accordent. »

Je suis née une année, un mois, un jour, à un certain moment de cette même journée. La date exacte m'importe peu. On organise de toute façon une sublime fête pour me rappeler le moment de ma naissance. Mais, comme tout le monde, me ne me souviens pas de ce qu'il s'est passé et personne ne me l'as jamais raconté. C'est en grande partie, car durant mon enfance il n'y avait jamais personne à qui parler. Mon père, un homme dont les affaires marchaient plutôt bien, n'avait pas de temps à m'accorder. Enfermé dans son bureau à longueur de journée, c'est à peine si je le voyais sortir la nuit pour manger quelque chose. Et pourtant, il n'était pas des plus maigres. Il ne se souvenait qu'à peine de mon prénom, ou du moins de mes multiples prénoms. Tout le monde m'appelait seulement Tyria. Mais je m'appelais aussi Nolwenn comme ma grand-mère paternelle et Maria, comme mon autre grand-mère du côté de ma mère.
En parlant de mère, je ne me remémorais aucun souvenir heureux avec elle. Cette femme était typiquement dans l'ère du temps. Un fort caractère, aimant tout diriger et ne recevant d'ordres de personne mais, qui savait rester douce et gentille envers les gens avec qui elle travaillait. Sa ligne de vêtements était prisée et réclamée de tous. Différentes boutiques de ses créations naissaient en ville. J'avais appris à être sa petite fille sociable et polie qui voulait recevoir de l'amour de tout le monde pour compenser.
J'aimais tout sans exception, ayant de l'admiration pour chaque nouvelle découverte. Mais ce que j'affectionnais le plus était la couleur. Le violet comme les cheveux de ma maman, le vert comme la nature florissant autour de moi, le rouge comme le costume préféré de mon père, le bleu comme le ciel dégagé de nuages, le jaune comme le soleil à son zénith. Je regardais les arc-en-ciel avec des yeux d'enfant émerveillé. Pour moi, quelqu'un avait lancé des pots de peinture dans le ciel. Mon innocence et ma générosité faisaient sourire les gens me connaissant, jusqu'aux passants dans la rue. Je détaillais leurs habits colorés et ne pouvais que leur sourire en retour.
La femme de ménage me gardait et m'emmenait à l'école. En rentrant, elle me racontait des histoires merveilleuses d'un monde avant le notre. Un monde empli de beauté mais dont la tristesse et la violence l'avait détruit. J' imaginais d'un air songeur ce à quoi cela devait ressembler. Je voyais un monde plein de couleur mais dont les gens était en noir et blanc.


Ma "nourrice" est morte quand j'avais quatorze ans. J'ai été très triste, car elle avait été comme ma mère pendant tout ce temps, la seule chose qui me consolais était de savoir qu'elle était morte de façon naturelle. Mais la réalité était toute autre. Le Capitole l'avait faite arrêté pour ses idéaux d'un monde meilleur. Elle s'était laissée mourir de faim. Le gouvernement avait eu peur. Peur que la fille de deux personnes influentes que j'étais ai des idées révolutionnaires en tête et en fasse part. On a fait en sorte que mes pensées dérivent sur autre chose. Que j'oublies ces contes. Ma mère, complice de tout cela, m'a offert des cours de coiffures avec de vrais professionnels qui m'ont beaucoup appris. C'est l'esprit plein de rêves que j'ai voulu faire comme eux.


C'est ce que je fis plusieurs années plus tard. Six. Pour être exact. Avec le financement de mes deux parents, j'ouvris un salon dans un des quartiers les plus prisés du Capitole. Du haut des mes vingt ans on pouvait penser que j'étais trop jeune pour gérer un commerce avec seulement quelques employés mais, au fil du temps, mon professionnalisme poussa les gens à me respecter et à reconnaître mon talent. J'étais si gentille avec tout le monde et mon succès auprès des gens me montait si peu à la tête que je me faisais souvent amie avec n'importe qu'elle personne qui entrait dans mon salon. 


Alors que trois ans plus tard il entrait dans mon salon à l'heure de la fermeture quand il n'y avait plus que moi pour ranger, ses cheveux indisciplinés dont la couleur bleu électrique avait été vraiment ratée qui n'allait pas avec sa peau légèrement bronzée et son costume aux couleurs pastelles mal coupé, je ne savais pas encore ce qui m'attendait. Il me demanda de faire mon possible pour rattraper ses cheveux mais, plutôt que de leur donner une nouvelle teinte, je leur redonnai leur couleur naturelle, le noir de jais, déjà présent sur ses racines. Il ne me parla pas de tout le long. Fière du résultat magnifique que j'avais obtenu, je le lui montrai. Quand vint le moment de payer, un spot passa à la télé montrant son visage et signalant qu'il était recherché, alors il tenta de fuir. Je le rattrapai aisément en bloquant les portes automatiques et je tentai de comprendre son geste. Il m'expliqua qu'il avait dit des choses contre le gouvernement et que maintenant il était recherché. N'ayant jamais pris part à notre style, il avait tenté de se fondre dans la masse. C'est sans réfléchir que je lui proposai de l'héberger dans la chambre mitoyenne à la mienne. Il accepta sans se poser de questions et c'est à partir de ce moment que je commençai à m'attacher un peu trop à lui.

Ce n'est qu'aujourd'hui que je me rends compte de mon erreur de l'avoir fait entrer chez moi -chez nous avec mes parents- à la place de le dénoncer, ce qu'un bon citoyen capitolien ou non aurait du faire. Je sais maintenant que si on découvre ce que j'ai fait, qui j'ai caché, ma famille va avoir des très gros problèmes. Et je n'aurais plus rien ni personne pour me protéger.