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MessageSujet: (vb. ~ ch.) ★ never going back.   (vb. ~ ch.) ★ never going back. EmptySam 7 Sep - 11:29

“ I've nowhere else to go ”
I'm sick and then I'm well, So full, so empty still. You leave me wanting. Oh tell me where'd you go, Don't be invisible Cause I am reaching. Save me, Go on break the glass. Take me, I'm never going back, No. Here on the other side, there's no place to hide. My heart is racing, Hold me, take me in. Without you I can't live. Gravity's pulling. ★ VASILII BLUNDEN & CRESSINDA HEAVENSBEE.

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Le district cinq. C’était celui dans lequel elle s’était le plus rendue durant ses nombreuses fugues. Dans sa famille personne ne savait qu’elle dépensait beaucoup d’argent dans le seul but de s’échapper du deux. Son père avait eu bien des doutes sur où disparaissait son argent, mais elle avait toujours trouvé un moyen de garder précieusement son secret. Elle savait que son père, tout comme sa sœur serait bien incapable de comprendre pourquoi elle était tellement de fois revenue vers le cinq, pourquoi elle s’acharnait à fuir le deux. Sa sœur dirait sans doute que si elle voulait fuir, elle ferait mieux d’aller vers le capitole que vers des districts encore plus pauvre que celui dont elle était issue. Elle avait bien des raisons pour garder ses escapades pour elle-même ; la première et plus importante étant que ça ne concernait personne d’autre qu’elle-même. Elle avait bien souvent visité d’autres districts, toutes ses fois où elle s’était enfuie de la demeure familiale. Mais il n’y avait toujours eu que vers le cinq qu’elle avait ressenti le besoin, l’envie de revenir, encore et encore. Elle avait été stupide. Son erreur avait peut-être été de revenir une première fois dans ce district. Elle était jeune à ce moment, une simple adolescente qui avait décidé de s’enfuir sans savoir où aller. C’était dans les rues de ce district qu’elle s’était retrouvée. Ça avait été dans ces rues qu’elle l’avait rencontré lui. Un soupire passa le seuil de ses lèvres alors qu’elle traversait ces mêmes rues qu’elle avait, autrefois traversées avec lui. Aujourd’hui, il n’était plus à ses côtés. Plus jamais il ne serait à ses côtés. C’était mieux ainsi. Il n’avait pas besoin d’elle et elle n’avait certainement pas besoin de lui. Il avait été son ami, ce garçon qu’elle avait rencontré là, si loin de son district. Il avait été cet ami qu’elle avait perdu à la seconde même où son nom était sorti de l’urne désignant les tributs des jeux de la faim. Elle avait cru en lui, elle avait espéré de tout son cœur qu’il ressorte de l’arène, elle avait fermé les yeux sur ses agissements, ce qu’il avait pu faire dans l’arène, elle n’était pas en droit de le juger, elle n’avait et elle ne serait sans doute, jamais confrontée à la mort comme il l’avait été. Il n’avait fait que survivre et c’était, ce qu’elle avait le plus espéré pendant toute cette période des jeux. Pourtant, aussi vivant eut-il était à la fin des jeux, il n’était pas ressorti de l’arène. C’était un autre homme qu’elle avait eu l’occasion de rencontrer après ces jeux. Un homme dont elle aurait préféré ne jamais rencontrer. Il n’était plus le même, il avait tout pour être détestable le nouveau Vasilii et pourtant, l’idiote qu’elle avait été s’était accrochée vainement aux souvenirs qu’elle avait de cet homme complètement différent. Elle était restée à ses côtés, elle était revenue jusqu’ici, encore et encore, simplement pour lui. Malgré ce qu’il pouvait dire ou faire, elle n’avait pas voulu l’abandonner, elle était trop loyale pour ça, ou simplement trop têtue pour lâcher si facilement l’affaire. Elle aurait voulu ne jamais le laisser tomber, rester fière et forte malgré tout ce qui ce qui pouvait se passer entre eux deux. Lui faire comprendre qu’il n’était pas seul, qu’il ne le serait jamais, parce qu’elle était là, parce qu’elle serait là, en toute circonstance. Mais elle était humaine. Lui-même l’avait prouvé dans l’arène, l’être humain était doté d’un instinct de conservation, si le sien l’avait poussait à commettre bien des atrocités pour survivre à l’enfer ; celui de Cressinda l’avait poussé à baisser les bras et à enfin s’éloigner de Vasilii. Elle n’était pas parfaite, elle faisait vivait dans un luxe que d’autres ne n’avaient pas, elle n’était pas loin des gens du capitole, mais, ô combien ces aspects de sa vie pouvaient déplaire à certains (à elle aussi au final), elle ne méritait pas d’être traitée comme Vasilii l’avait traitée. Il avait été comme un poison dans ses veines, la détruisant à petit feu et elle n’avait pas pu rester éternellement là, à se laisser consumer par la haine du jeune homme. Elle était partie et bien des années s’étaient écoulées sans que Vasilii ne refasse d’apparition dans sa vie, il aurait presque pu n’être qu’un vieux souvenir sans intérêt, une histoire appartenant à un passé bel et bien révolu.

Ce n’était pourtant pas le cas. Si ce n’était pas pour lui qu’elle était revenue au district cinq, elle ne pouvait s’empêcher de penser à lui à chaque fois qu’elle remettait les pieds par ici. Elle était tellement de fois venue rien que pour lui qu’aujourd’hui, il restait présent dans son esprit comme dans son cœur, y laissant une plaie béante et affreusement douloureuse. Elle aurait voulu que leur pseudo histoire n’appartienne qu’au passé, mais ce n’était malheureusement pas le cas. Elle avait toujours fait attention à ne pas revenir dans les coins qu’ils avaient fréquentés ensembles, quand elle était revenue. Aujourd’hui encore, alors qu’elle était venue rendre visite à un ami rencontré dans le district, elle avait tâché d’éviter les lieux où elle pensait avoir une chance de rencontrer le jeune homme. Ça faisait quelques longues années que leurs routes ne s’étaient pas croisées à nouveau et malgré la douleur qu’elle ressentait à chaque fois qu’elle pensait à lui, elle le savait ; c’était mieux comme ça. Elle ne voulait pas le laisser croire qu’elle pouvait être revenue sur sa décision. Elle avait beaucoup trop d’orgueil pour ça et c’était vrai, elle n’était pas revenue sur sa décision. Elle n’était pas revenue pour lui, elle n’avait plus aucune raison de revenir pour lui. Il n’était qu’une perte de temps et elle n’avait pas de temps à perdre inutilement. Elle en avait déjà trop perdu à cause de lui. Toutes ces fois où elle était revenue vers lui alors qu’il n’en avait clairement eu rien à faire. Toutes ces fois où elle avait tenté de l’aider alors qu’il n’avait, de toute évidence, pas la moindre envie d’être aidé. Ce qu’on disait de lui encore aujourd’hui, c’était qu’il était un monstre. Elle avait longtemps cherché à le nier. Il n’était pas un monstre. Elle avait eu tort. Il n’était pas un monstre. Avant les quinzième hunger games, le jeune homme qu’elle avait rencontré dans le cinquième district n’avait rien d’un monstre. Celui qui en était ressorti en revanche devait bien en être un, sinon, ils n’en seraient pas là où ils en étaient aujourd’hui. Le capitole en avait fait un monstre. Cependant, malgré tout ce qu’il avait pu faire dans l’arène, malgré tout ce qu’il avait pu lui faire à elle, elle trouvait encore le moyen de le trouver moins monstrueux que ces créatures sans cœurs qui habitaient le Capitole. Cressinda n’aurait pas dû faire partie des gens en mesure de se plaindre du capitole. Dans les urnes pour la moisson son nom n’apparaissait qu’une seule fois au milieu des autres noms des jeunes du district. Elle était sûre que son père avait d’avance proposé de l’argent à quelques carrières pour se porter volontaires si jamais le nom d’une de ses filles était tiré au sort. Elle le savait, elle était née dans la bonne famille pour échapper aux jeux comme à la misère, le capitole n’avait pas vraiment d’influence dans sa vie. Mais les conditions dans lesquelles elle vivait, ne rendait pas le capitole plus formidable à ses yeux. Elle n’était pas de ceux qui admiraient le capitole, contrairement à sa sœur, elle préférait encore mourir dans d’atroces souffrances plutôt que de vivre un jour là bas. Il n’y avait pas que ceux qui connaissaient la misère qui pouvait la détester. Malheureusement, trop peu de gens riches arrivaient à penser comme Cressinda. Eux au capitole, ils avaient tout ce dont ils avaient besoin, ils avaient même largement plus que ce dont ils avaient besoin, alors les autres, ils s’en fichaient. Ils n’étaient que des imbéciles qui apparemment n’avaient aucune capacité de réflexion. Des fois, elle se disait qu’ils ne devaient même pas avoir conscience que les Hunger Games étaient réels. Elle avait bien du mal à imaginer qu’on puisse vraiment cautionner ce genre d’évènements, s’en réjouir même. Toutes les fois où elle s’était demandé si c’était vraiment possible de les accueillir avec enthousiasme, il lui avait suffit de poser les yeux sur son aînée pour arriver à la conclusion que oui, c’était possible.

Sa sœur aînée était aussi détestable que les gens du capitole. Elle devait en être fière puisqu’elle semblait avoir tant envie de leur ressembler. Cressinda ne serait pas surprise de la voir un jour revenir avec les cheveux roses pétants et la peau orange. La mode du capitole était assez particulière. Si la plupart des gens admirait les costumes des tributs pendant la parade avant les jeux, Cressinda elle, préférait de loin observait les spectateurs, ces gens du capitole au fond de la foule qui, il fallait bien l’admettre, faisaient incroyablement pitié. Ils étaient tous très extravagants et ça les rendait particulièrement laids. Cressinda avait bien du mal à imaginer qu’on puisse vouloir leur ressemblait. Finalement, elle aimait ses longs cheveux bruns, ses yeux marron, sa peau claire et ses vêtements aux couleurs peu criardes. Son père avait tendance à lui offrir des robes venues tout droit du capitole. Elle ne pouvait s’empêcher de les regarder d’un air presque horrifié, de remercier son père avec un sourire gêné avant de ranger la robe dans l’un de ses placards dont elle ne sortirait probablement jamais. Le patriarche Heavensbee avait tendance à oublier que ses deux filles étaient parfaitement opposées. Elles étaient comme le feu et l’eau, le jour et la nuit, deux parfaits opposés qui n’arrivaient pas à cohabiter ensemble. Peut-être qu’il aurait aimé que sa cadette ressemble un peu plus à son aînée. Elle respectait les valeurs de la famille. Il était clair que jamais Astrae n’était rentrée à la maison recouverte de boue, jamais on avait appelé le patriarche Heavensbee parce que sa fille ainée avait été retrouvée dans un district voisin, jamais les professeurs n’avaient signalés un incident dans lequel Astrae était impliquée. L’aînée Heavensbee avait tout pour être parfaite, quand on oublié qu’elle était idiote au possible, incapable de penser autrement que par le capitole, elle était endoctrinée jusqu’au bout des ongles de pieds, elle était pathétique. Sans emploi elle rêvait certainement de finir femme au foyer d’un mari riche du capitole avec qui elle aurait tout une tripotée d’enfants. Si ça c’était la perfection façon Heavensbee, Cressinda préférait de loin être le vilain petit canard de la famille. Elle n’irait jamais vivre au capitole, si elle devait se marier un jour, ce serait par amour et elle n’aurait certainement pas d’enfants. Elle ne voulait pas faire des mômes pour risquer de les offrir un jour en sacrifice au capitole. S’ils voulaient envoyer des enfants s’entretuer dans une arène, ce ne serait certainement pas un enfant porté et mis au monde par Cressinda. Faire des enfants, c’était presque comme cautionner les jeux, si l’indice de naissance des districts venaient à baisser considérablement, peut-être qu’au capitole ils se rendraient compte de l’importance de mettre fin aux jeux. Après tout si la population des districts diminue trop, ils en pâtiront certainement. Cressinda avait bien des idées pour tenir tête au capitole, mais elles étaient finalement irréalisables. Les enfants, ça arriverait toujours, même par accident. Arrivée à la gare après une longue marche à travers le district la jeune femme soupira à nouveau. Il commençait à être tard, il fallait qu’elle rentre chez elle. Elle pourrait bien vite retrouver sa famille et ses idées débiles, sa sœur et son enthousiasme pour les jeux. Ce n’était pas un hasard si depuis des années elle fuyait à travers le district, chez elle, elle se sentait définitivement pas à sa place. Elle n’était à sa place nulle part, c’était ce qu’elle ressentait depuis qu’elle avait perdu Vasilii. « Désolé mademoiselle, les trains sont annulés pour le moment. » La jeune femme releva la tête vers la personne qui venait de s’adresser à elle. Un employé de la gare qui l’avait subitement faite sortir de ses pensées. Les trains annulés, comment ça les trains annulés ? Il lui adressa un regard insistant qu’elle aurait facilement pu traduire par un ‘dégagez de là maintenant, revenez plus tard’. La poisse. Elle n’avait pas vraiment envie de passer la nuit dans les rues du cinq. Quoi qu’un pacificateur l’enverrait peut-être passer la nuit dans un endroit encore pire que la rue. Si c’était le cas, son père serait à nouveau averti de la présence de sa fille dans le cinq et elle n’en avait pas franchement envie. Elle laissa échapper un soupire avant de s’éloigner de la gare, avançant rapidement dans les rues assombries du district, avant d’être arrêtée dans sa marche par un obstacle. Elle venait de percuter quelqu’un. Elle recula de quelques pas pour s’éloigner légèrement de cette personne qu’elle venait de heurter. « Je suis désolée. Pardon. » Elle leva les yeux vers la personne en question tout en repoussant nerveusement ses cheveux derrière son oreille. Elle eut l’impression que son cœur s’était arrêté de battre alors qu’elle reconnaissait la personne en question. « Vasilii … » Elle le fixa pendant quelques secondes avant de réajuster son sac sur son épaule et de baisser les yeux vers le sol. Elle devait partir, même si pour le moment, elle ne savait pas où aller, elle ne pouvait pas rester là, en face de lui. Malgré cette envie qu’elle avait de prendre ses jambes à son cou, elle n’osait pas bouger ne serait-ce que d’un millimètre, comme soudainement paralysée par le poids des souvenirs qui lui retombaient dessus après trois longues années pendant lesquelles elle avait essayé de lutter contre eux.
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Singh Forrenwerd
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MessageSujet: Re: (vb. ~ ch.) ★ never going back.   (vb. ~ ch.) ★ never going back. EmptyDim 8 Sep - 16:48

Spectres squelettiques se fondant avec la pierre, les ombres de la nuit s’étendent à mesure que le crépuscule tend vers les ténèbres : lentement mais sûrement, chaque seconde pesant de tout son poids sur la courbe de l’existence, le jour s’achève, la nuit s’épaissit. Une seconde passe, suivie d’autres encore, toutes les mêmes, qui se ressemblent, s’assemblent, alors qu’inerte, Vasilii ne bouge pas de son impénétrable état. Telle une statue de pierre, trônant au centre de la pièce, l’homme lorgne le vide en face de lui, ses pupilles reflétant toute l’inutilité de sa condition. Il lui semblait presque que c’était dans une autre vie, que l’aube s’était levée, blafarde puis grisâtre, offrant un ciel de perle au-dessus du District Cinq. Il lui avait paru bien étrange, au Capitole, de voir le linceul bleu profond du ciel, ainsi que le scintillement des étoiles, là où chacune des journées s’alignant à sa vie n’avait été teintée que de ce gris vomissant, crachant ses toxines polluées sur les fantômes déprimés, dépravés, dépassés de ce triste et ignoré coin de Panem. Ses doigts encerclant le fin cristal de son verre, Blunden leva devant ses yeux torves l’aubépine à ses lèvres, liquide ambré tournant inlassablement au rythme de ses mouvements : les années passant, la solitude demeurant, il semblait désormais que ses veines, les palpitations de son coeur et chaque fibre de son corps étaient à présent alimentés par cet âpre cocktail alcoolisé, aux secrets de fabrication précieusement conservés secrets, aux effets si doucereux qu’il ne pouvait s’en lasser. Car dans le silence ambiant du grand salon, le whisky annihilait la peine d’une cuisante solitude, réduisait au silence les hurlements de trop nets souvenirs glissant à ses paupières ; pupilles étroitement dilatées à la pénombre l’entourant, Vasilii demeurait aveugle à ses démons, imprudent marcheur glissant sur les pavés de l’Enfer, bras dessus, bras dessous avec ses vices. Grognant finalement, l’alcoolique quitta sa place, rejetant derrière lui un fauteuil qui semblait avoir été taillé, au fil des ans, pour prendre la forme exacte de sa silhouette vautrée dans le malheur. Aux monstres recrachés par l’abysse glacial de la mort, l’obscurité grandissante d’une nuit s’étendant, s’apparentait au plus précieux des alliés - prendre l’air, vulgaire litanie tournant à l’esprit du démon, brûlant désir au combien humain, frivole, stupide. Dans un réflexe, ses doigts se perdirent dans la trainée cendrée à son menton, image d’un manque indéniable d’entretien depuis quelques jours déjà : vieille de trois jours, cette naissance de barbe parsemait ses joues sans grâce aucune - loin étaient ici, les soins précieux desquels il avait été la victime au Capitole. Capitole, à son esprit s’entrechoquant, cette pensée n’avait de cesse d’être la traduction de l’irrépressible haine brûlant au fond de ses entrailles ; eux, les abrutis pompeux tirés à quatre épingles, détestables bourgeois déversant leur sensible inhumanité sur le reste du monde. Comme une plaie, une épidémie se répandant à travers les veines de la terre, il était à présent dans chaque parcelle du sillage de Blunden - survivre, survivre pour ça, porter  cette marque au fer rouge, gravée en profondeur sous les couches de son épiderme. Plus le temps passait, plus la bête blessée aspirait à la mort ; celle d’il y a dix ans, celle qu’on lui offrirait aujourd’hui : dans cet univers décalé, il était le coupable, l’impitoyable prédateur et non pas la triste victime d’un monde qui ne tourne pas rond. Dans un bruit mas, de verre contre le bois, il reposa son alcool favori, l’abandonnant au profit de quelque chose de plus sain, aimerait-on dire, attrapant une épaisse veste dont il se couvrit les épaules, parant ainsi à toute possibilité d’être repéré, voile noir au teint opalin dans la nuit, toute chance d’être glacé par une pluie inattendue au milieu de son expédition solitaire. Car l’instinct de survie continue de vibrer en lui, ronronnant comme un tambour de guerre, en une révolte l’ayant fait survivre tout ce temps, le punissant pour avoir vaincu ses ennemis. En dix ans de vie déjà, alors que l’empreinte des Jeux s’effaçait des esprits d’autrui mais nullement du sien, survivre perdait de sa saveur, à mesure que les murs de la solitude qu’avaient construit Vasilii, se resserraient autour de lui : détesté, craint, il avait fini par se dire, de toute manière, qu’il ne méritait pas mieux. Qu’il ne préférait même pas mieux, ni une quelconque compagnie, ni des desseins moins grandioses et plus médiocres. Difficile d’imaginer qu’un jour, le gamin effronté du Cinq, aux yeux brillants, l’orphelin de mère que l’on aimait prendre en affection, avait rêvé de devenir géologue, construire une vie piteuse dans cet endroit, et s’y complaire.

En abandonnant vivement la haute bâtisse s’étendant désormais dans son dos, Vasilii frissonna quelque peu sous l’âpre caresse d’une brise indélicate : une tempête approchait, imperceptible, sifflant doucement aux oreilles aux aguets, présente malgré tout, ramenant avec elle, en avant-garde, une odeur de sang lui collant au palais. Il la connaissait bien, synonyme d’Enfers plus grandioses et cauchemardesques, d’affres aux images de puits sans fond - d’aucun n’en ressortirait, il était bien placé pour le savoir. Les Jeux reviendraient, plus acclamés et plus cruels que jamais : à ceux-ci, Blunden devrait reprendre sa place, ne ramenant au Cinq que des cadavres, s’attirant plus encore les foudres de ceux qui le détestaient déjà tant : l’expérience faisant, leurs regards finissaient par ricocher sur lui comme une pierre plate à la surface d’une eau trouble et calme. Il était, à la manière d’un lac, aux profondeurs insaisissables, insondables et indescriptibles, prêt à se transformer en tsunami se déversant sur autrui, épidémie les mouillant jusqu’aux os, les destituant totalement. Vasilii Blunden était devenu la honte du Cinq, l’unique gagnant, revenu vivant des Jeux, mais ayant à jamais transformé le visage du District : aimaient-ils penser qu’il n’était pas né là, qu’il n’avait pas grandi parmi eux et que eux-mêmes, ne lui avaient jamais adressé la parole. Si on les écoutait, aucun n’aurait jamais participé à la création du monstre qu’ils avaient découvert au milieu des décombres d’humain qui étaient revenus à eux. Mais comme un Seigneur imprenable, un Roi trônant, Vasilii était revenu ici, revenait sans cesse ici, quand bien même ses Tributs, eux, gisaient dans leur propre sang ; et chaque année on le détestait, le craignait un peu plus. Et chaque année il s’effaçait un peu plus sous le poids d’une culpabilité inavouable, dévoré par ses vices et ses cauchemars, profondes estafilades à son être que personne, ô personne, ne voulait bien remarquer. Personne aimait-il se répéter, comme si cela pouvait tout rendre plus aisé subitement : il était ainsi plus facile de comprendre pourquoi sa fiancée lui avait craché sa haine en pleine figure aussitôt qu’il avait remis un pied dans cet endroit qui était sa maison. La zone pourrie où il avait aspiré construire sa vie. Pourquoi son père s’était détourné de lui également, une expression de dégoût brillant au fond de ses pupilles ; pourquoi Cressinda n’avait jamais mérité la moindre affection de sa part, le moindre éclat d’humanité au milieu du noir où il l’avait happée. Elle n’avait pas à s’y perdre également, certainement pas pour lui et ce n’était sûrement pas ce à quoi elle avait pu aspirer, si elle n’avait pas été naïve, bête ou vile manipulatrice : comme un ange touchant les flammes d’un Enfer trop grand pour lui, Cressinda aurait menacé de s’y perdre si elle avait été aussi pure qu’elle le prétendait. Elle aurait présenté une acerbe et meurtrière lame au creux des entrailles de la bête Blunden si elle s’était jouée de lui : il était mieux ainsi, spectre flottant dans le jour baissant, observant à peine de ses azurs le ciel passant d’un orangé terne à un gris foncé - cette nuit encore, personne au District Cinq ne verrait les étoiles, et l’on distinguerait à peine un faiblard croissant de lune dans la fumée âpre. Cette odeur pestilentielle qu’il avait tant détesté, s’étouffant dans celle-ci étant enfant, elle lui avait manqué au coeur de l’Arène, où l’air avait été plus asphyxiant et irrespirable encore : quand bien même il affichait une mine morne, Vasilii jamais ne se plaindrait à nouveau de l’oxygène sali de son chez lui. Où il n’était qu’à peine désiré, certes, mais là autour, tous occupés à marcher vers chez eux, à se défaire d’une journée arasante, ils ne lui accordaient pas la moindre attention. On l’attrapa brusquement par les épaules, le ramenant à la réalité froide d’une nuit s’épaississant, désorienté pour un instant, Blunden mit un long instant avant de comprendre qu’il avait percuté quelqu’un dans ses silencieux songes : si dans son manoir de gagnant des Jeux, il pouvait errer à loisir, consumé par ses pensées, l’extérieur ne lui laissait pas cette occasion : s’il se plaisait parfois à jouer des estafilades d’inhumanité qu’on avait laissé dans son âme, aujourd’hui l’humeur n’étant en rien à un servile et factice plaisir ; résonnait en lui simplement la volonté de tourner en boucle sur la même mélopée entêtante, poison assassin glissant dans ses veines. Relevant un regard accusateur vers son impromptue péripétie, le monstre sentit un sursaut d’humanité lui crever imperceptiblement le palpitant, alors qu’il dévisageait à présent la jeune femme. Elle l’avait reconnu également, habituée sans conteste à son air fatigué et pouilleux ; plus personne n’était derrière lui à présent, avec une pseudo bonté, à essayer de faire de lui quelque chose qu’il n’était pas - au moins pouvait-il profiter paisiblement, des derniers temps le séparant encore du Capitole, ou de tout travail officiel qu’on avait trop souvent tendance à lui imposer (quand bien même c’était rare, par rapport aux autres Vainqueurs). « Qu’est-ce que tu fais là ? Tu vois pas qu’il fait nuit ? » Reproche. Sourde inquiétude vibrant au creux de son ventre, Vasilii resserra ses lèvres sèches en une expression contrite d’un certain mécontentement, à peine distinguable dans la nuit. « Tu voyages beaucoup pour quelqu’un qui a tout chez soi. » Marmonna-t-il finalement, détournant le regard : il ne comprenait pas ce qui pouvait l’amener ici - lui, il était né ici, il était éternellement enchaîné à cet endroit, que cela plaise à quelques uns ou non - elle, la chance et l'opulence avaient guidé sa vie, une putain de chance qui l’avait tant préservée, qui la rendait si atrocement détestable : aucune raison qu’elle pourrait lui servir ne lui serait acceptable ; elle ne savait rien, et les bons sentiments de Cressinda ne pouvaient être que factices.
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MessageSujet: Re: (vb. ~ ch.) ★ never going back.   (vb. ~ ch.) ★ never going back. EmptyLun 9 Sep - 9:40

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C’était dans une famille riche que Cressinda avait eu la chance de voir le jour. Si elle était née dans l’un des douze districts de Panem, ces lieux qui refermaient, misère, pauvreté et souffrance, Cressinda avait eu la chance d’échapper au malheur tout simplement parce qu’elle était née dans la bonne famille. Elle pouvait avoir tout ce qu’elle voulait en un claquement de doigt, suffisamment de nourriture pour manger à sa faim et même faire preuve de gourmandise. Elle vivait dans une grande maison, bien chauffée durant les rudes hivers et toujours bien aérée pendant les étés trop chauds. Sa garde robe tout comme sa boite à bijoux ou la simple décoration de sa chambre laissait entendre qu’elle avait beaucoup plus que le reste de son district. On pourrait aisément penser qu’elle n’avait ainsi aucune bonne raison de se plaindre. Elle n’était bien qu’une enfant pourrie gâtée qui trouvait le moyen de faire des caprices. Les gens ne la comprenaient certainement pas. Elle ne connaissait pas la faim, le froid et la peur de devoir être livrée en pâture au capitole pour des jeux sanglants. Elle était au dessus de tout ça et rien que pour cette raison, elle avait sans doute tout pour être détestable. C’était pour cette raison, qu’âgée de tout juste quinze ans, elle avait quitté son district pour la première fois. Elle s’était enfuie, elle avait cherché à s’éloigner de sa famille qui eux n’avaient aucun soucis avec ce côté supérieur qu’on leur attribuait sans même les connaitre. Elle avait eu besoin de s’enfuir, elle avait eu besoin d’être quelqu’un d’autre que la riche fille du maire. Sa condition disait-on, lui apportait tout ce qu’elle voulait. C’était un jugement bien hâtif, car d tout ceux qui prétendait ce genre de choses, personne ne s’était jamais vraiment demandé ce que la jeune femme pouvait vraiment désirer. Elle n’allait certainement pas se plaindre de l’argent qu’elle possédait, juste de la façon dont ses proches l’usaient. Sa sœur en particulier, elle qui rêvait du capitole et qui se complaisait dans la fortune familiale sans rien faire de sa vie. Il n’y avait que sa sœur et son père qui l’attendait, là dans le deuxième district, si ce n’était eux, c’était juste la solitude qui s’imposait à elle après une journée de travail passée à aider les gens, bien souvent gratuitement parce que certains n’avaient pas les moyens de payer le médecin et pourtant, ils en avaient besoin, elle se considérait elle-même comme bien différente de ceux qui jouissent d’autant d’argent qu’elle et pourtant, au sein du deuxième district, elle restait, la riche fille du maire. Une réputation qui lui été collée à la peau comme une marque au fer chaud dans sa chaire. Ailleurs, elle était juste une fille, certainement assez riche pour porter de beaux habits, mais rien de particulièrement extravagants, jamais elle n’avait quitté le deux avec des robes venues du capitole, ces robes aux couleurs tellement marquées qu’on pouvait les remarquer à des kilomètres à la ronde. Celles que sa chère sœur aimait tant. Dans le cinq elle se sentait différente, libérée des chaines qui l’attachaient à cette famille qu’elle maudissait presque pour leur stupidité. C’était pour ça que depuis ses quinze ans, elle était tant de fois revenue dans le cinq, pour cette raison et pour Vasilii, celui qui avait été son ami pendant plusieurs mois avant d’être embarqué au capitole pour être envoyé aux jeux. Le hasard qui avait fait que lors de cette fichue moisson, son nom était sorti de l’urne, était détestable. Le capitole lui avait arraché cet ami auquel elle tenait pourtant énormément, beaucoup trop sans doute et il ne le lui avait rendu qu’en lambeaux. Le capitole, aussi beau soit-il (d’après ce qu’on disait, c’était un avis qu’elle ne partageait pas), avait un don pour détruire tout ce qu’il osait toucher. Des vainqueurs des jeux, rares étaient ceux qui étaient revenus avec toute leur tête sur les épaules. Malheureusement, Vasilii ne faisait pas parti de ces rares là.

Depuis des années, elle s’était acharnée à le fuir lui aussi, tout comme elle fuyait sa famille et la réputation qu’elle avait eu sein de son district. Cressinda était finalement très douée pour ce qui était de prendre la fuite. Elle prétendait pourtant être de celles qui ne s’écrasait pas devant l’adversité, c’était cependant ce qu’elle faisait, face à son père trop souvent, face à Astrae toutes les fois où elle feintait de l’écouter juste pour ne pas avoir à essayer de communiquer avec elle (c’était peine perdue, elle l’avait compris depuis des années) et c’était bien-sûr ce qu’elle faisait avec Vasilii depuis des années. Trois longues années, durant lesquelles elle ne lui avait pas adressé la parole. Elle l’avait vu, quelques fois, mais seulement à travers l’écran de sa télévision, parce qu’il arrivait encore que l’horrible vainqueur des quinzièmes Hunger Games doive se montrer devant les caméras du capitole. Il n’était certainement pas le plus populaire, il faisait parti de ceux que le Capitole voudrait presque pouvoir oublier, pourtant ils devaient bien s’efforcer d’inviter parfois le jeune homme, question de logique. Ils ne pouvaient pas présenter la personne qui avait remporté les quatorzièmes jeux pour passer directement aux seizièmes. Un trou dans les présentations, ce n’était pas assez Capitolien. Depuis trois ans, il n’y avait bien que par le biais du capitole qu’elle avait pu apercevoir le visage du jeune homme. Une image qui avait à chaque fois ravivé la douleur de son cœur, une douleur bien faible comparée à celles dont lui il devait être victime depuis la fin des jeux, il n’empêchait cependant qu’il l’avait blessée et qu’elle ne pouvait plus désormais faire comme si ça n’avait pas d’importance, parce que ce n’était rien en comparaison de ses blessures à lui. Elle avait raisonné de cette façon pendant bien trop longtemps, elle avait encaissé les répliques cinglantes en gardant un calme qui ne lui ressemblait que trop peu. Elle s’était accrochée trop longtemps, résistant aux nombreux coups qu’il avait cherché à lui donner pour qu’elle lâche enfin prise. Elle avait passé des années à prendre sur elle et à tout encaissé pour revenir encore et encore vers lui. Selon elle, il ne méritait pas de se retrouver complètement seul, les choses qu’il avait pu faire là-bas dans l’arène, il les avait faites pour survivre et après tout, c’était ce qu’on lui avait demandé de faire quand on l’avait envoyé dans cette arène. Il était le monstre des quinzièmes jeux, mais ça n’expliquait pas qu’on puisse le laisser complètement seul. Elle n’avait pas voulu elle, être comme les autres qui l’avait injustement laissé tomber, elle était restée, fidèle et aussi attentive que possible. Elle avait beaucoup donné pour lui. Elle l’avait laissé torturer sa patiences et ses sentiments presque autant de fois qu’il l’avait voulu, jusqu’au jour où il avait laissé une goutte d’eau faire déborder le vase. Elle avait été trop gentille trop longtemps avec lui, pas par pitié, mais parce qu’elle avait eu la folie de tomber sous le charme du monstre, comme si à chaque pas qu’elle faisait dans sa vie, elle s’arrangeait pour qu’il soit à l’exact opposé de ce qu’on pouvait attendre d’elle, de ce qui pouvait être logique pour une fille comme elle. Ça avait été une erreur et trop de temps s’était écoulé avant qu’elle ne s’en rende enfin compte.

Elle n’avait pas eu l’intention de revenir sur sa décision. Aujourd’hui, il ne méritait plus qu’elle puisse perdre du temps pour lui. Il n’avait jamais voulu le mérité, même si elle avait tâché d’essayer de lui prouver le contraire. Elle avait dit, trois ans plus tôt, que c’était fini, qu’il avait gagné, qu’elle le laissait définitivement tranquille, puisque c’était tout ce qu’il avait toujours voulu d’elle. Elle était bien assez têtue et bornée pour tenir parole. Elle n’avait aucune raison de revenir vers lui, elle n’était pas suffisamment masochiste pour continuer ainsi. Trois ans s’étaient écoulés sans qu’elle n’ait à croiser à nouveau le regard froid et plein de reproches – injustifiés – du jeune homme. Elle aurait voulu que ça continue ainsi. La meilleure chose à faire pour ça, ça aurait été de ne plus jamais remettre les pieds dans le district cinq, mais même sans Vasilii, elle avait besoin de la liberté qu’elle avait pu trouver ici, des quelques amis qu’elle avait, si loin du deux. Elle s’était toujours dit que de toute façon, elle ne croiserait pas le jeune homme dans les rues, ce dernier étant bien trop occupée à remuer inlassablement du noir chez lui en compagnie de ses bouteilles d’alcool. C’était tellement plus simple de se laisser sombrer que d’attraper une main tendue qui proposait ouvertement son aide. Il aurait dû être chez lui, encore ce soir alors qu’elle, elle se retrouvait coincée dans le district pour un temps indéterminé. Il était la dernière personne vers qui elle aurait pensé relever son regard ce soir, même si, au final, il avait bien plus de raison de trainer dans les rues du cinquième district, son district, qu’elle n’en avait elle. La logique aurait voulue qu’elle soit et qu’elle reste dans le deuxième. C’était d’ailleurs ce que son père lui avait demandé de faire cette fois où elle avait pour la première fois fugué et qu’elle avait été ramenée chez les Heavensbee par des pacificateurs. Elle avait promit qu’elle ne recommencerait pas. Une promesse qu’elle n’avait pas tenue, de simples mots qu’elle avait prononcés pour faire plaisir à son paternel avant de bien-sûr recommencer à s’enfuir bien loin de la maison. Aujourd’hui, elle était adulte, elle faisait bien ce qu’elle voulait de ses journée, elle bénéficiait toujours de l’argent de son père alors autant en profiter pour faire autre chose que de trainer dans les rues du deuxième district. La jeune femme arqua un sourcil suite à la réflexion de son interlocuteur. Si elle était persuadée qu’il l’avait toujours prise pour une parfaite idiote, elle était bien loin de s’imaginer que ça pouvait être à ce point. « Les trains ont été annulés. Merci pour l’information, je me demandais justement pourquoi je voyais soudainement plus grand-chose. » L’ironie dont elle faisait preuve n’aurait trompé personne, même une personne complètement sotte aurait été capable de sentir l’ironie dans laquelle était plongée ces paroles. Bien évidemment qu’elle avait remarqué qu’il faisait nuit, elle n’était pas née de la dernière pluie quand même. Il faisait nuit et elle aurait dû être dans le train pour rentrer chez elle, si seulement rien n’était venu contrarier ses plans. Serrant ses bras autour de sa poitrine elle haussa légèrement les épaules. « Je n’ai pas tout chez moi. » Elle désigna d’un signe de tête l’ombre des centrales qui se dessinait derrière eux. « Je n’ai pas de centrale par exemple. » Ce n’était pas quelque chose que l’on pouvait trouver dans le deuxième district et quand bien même il y en aurait, elles ne seraient pas chez elle au sens ou Vasilii l’entendait, chez elle ça représentait la grande et luxueuse maison des Heavensbee, là où apparemment d’après les gens, on se baignait dans des piscines d’or. Ce n’était pourtant pas le cas. Peut-être qu’on faisait ça au capitole, mais pas chez elle. « Toi, qu’est-ce que tu fais là ? Le confort et la solitude de ta tanière ne te suffisent plus ? » S’il voulait jouer sur les reproches, elle pouvait très bien le faire aussi, elle ne l’avait que très peu fait avec lui, puisqu’elle s’était efforcée de le ménager pendant toutes ses années, ce que lui, il n’avait absolument pas fait avec elle, bien au contraire. « Ou bien, tu as fini ta dernière bouteille ? » Aujourd’hui, il n’y avait plus aucune raison pour qu’elle fasse preuve de gentillesse avec lui, il ne lui rendrait de toute façon pas la pareille, il ne l’avait jamais fait, préférant de loin piétiner tous les efforts qu’elle pouvait faire, la blessant bien injustement, simplement parce qu’elle avait été là, en face de lui, la seule, l’unique qui était restée envers et contre tout à ses côtés. Superbe place qui avait fait d’elle le seul souffre douleur lui étant accessible, mais c’était fini aujourd’hui, tout était fini entre eux aujourd’hui et ce depuis trois longues années.
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MessageSujet: Re: (vb. ~ ch.) ★ never going back.   (vb. ~ ch.) ★ never going back. EmptyLun 9 Sep - 18:02

Lentement mais sûrement, année après année, une patiente asphyxie prenait part au poitrail du jeune homme : le souffle court, l’esprit embrumé, Blunden s’effondrait sur lui-même, autour de cette boule logée au fond de ses entrailles - semblable à un trou noir, remuant à l’infini les mêmes déchets, hantises, froideurs d’âme et d’esprit, il se consumait au creux d’où nulle vie ne pouvait ressortir. Face à ces démons sans nom, il était seul, désespérément seul, cadavre dénué d’âme, encore capable d’articuler quelques mouvements de survivance, incapable cependant de ressentir la caresse du soleil sur sa peau, la chaleur d’une main se déposant sur son épaule, la caresse de lèvres au creux de son cou. C’était avant même les Jeux, à l’instant où ils avaient craché son nom parmi la foule qu’ils avaient destitué le monstre de son humanité : il n’avait été qu’alors un gibier envoyé en pâture pour mourir afin d’honorer la gloire de celui qui séduirait le plus les masses stupides du Capitole - triste message, à la manière de son corps sans vie balancé au milieu de la foule : vivant, emplissait-il en moins plus d’effroi ceux qui pensaient à lui que mort, éternelle trace hantant l’existence des Jeux, leur survivance à travers les âges. Et ceux qui n’étaient pas glacés d’effroi par la simple existence du monstre dévoreur de chair hantant les rues et les mémoires du Cinq, ils le zieutaient, bête de foire offerte à la vue accusatrice d’autrui. L’admiration qu’il éveillait n’appelait que les fous, ceux qui étaient receleur de la même graine d’inhumanité que lui, lui la bête recluse qui préférait de loin vivre seule, errer, fantôme sans âme, plutôt que porter plus vivement encore le poids d’une sourde culpabilité. Jouer le rôle de la sanglante survivance des Quinzième Jeux s’avérait plus aisé à endosser en passant une année entière à s’y préparer, mordillant son os, rongeant ses sangs loin de la vue d’autrui. Car eux, ce qu’ils voulaient voir du monstre Blunden n’était pas un relent d’humanité, de regret ou de chagrin, juste la froideur de son corps de serpent, prêt à bondir au moindre instant, le vide au fond de ses yeux qui jamais, au grand jamais, n’avait reflété la moindre âme. Aujourd’hui l’on se plaisait à porter le préjudice de sa démence sur sa folle de mère, qui, sans un regard, sans se retourner, sans hésiter, avait pourri les chairs de sa progéniture d’un grain d’indécence, devenu folie avec le temps. Au Cinq ou dans le monde faste du Capitole, personne ne voulait porter le blâme pour la créature qui venait hanter leurs couloirs de temps à autres.

Vasilii était alors mieux à se repaître de sa solitude, s’entretenir avec lui-même, seul regard dont il acceptait les accusations. Et au milieu de la foule, toute main tendue s’avérait être une maitresse tortionnaire au milieu d’innombrables âmes. Quand bien même Cressinda s’était accrochée, il n’avait vu ni bonté, ni attachement au fond de ses prunelles, juste une détermination orgueilleuse, doublée d’une peur sourde qu’elle ne parvenait qu’à peine à se masquer à elle-même : s’était-elle déjà imaginée dévorée par le monstre Vasilii lorsqu’il la regardait ? Il n’en doutait pas, et bien peu désireux de se voir asséner ces accusations silencieuses de la part de la jeune femme, il avait préféré la chasser, l’enfouir à son esprit et ne plus jamais l’y éveiller. Arguant la brune d’un regard accusateur, là, sous la pâle et imperceptible lueur du clair de lune, Vasilii demeura muet à ses paroles : il n’avait ni pitié ni aide à lui offrir pour l’imprévu qui la frappait soudainement. La pitié n’étant plus quelque chose qu’on avait attendu de voir naître en lui, et l’aide n’étant sûrement pas la bienvenue, quand bien même une quelconque volonté pareille viendrait à germer à son esprit. S’humectant les lèvres dans un sourire dénué de sincérité, Blunden lorgna - inutilement - dans son dos, afin de deviner la haute silhouette de la centrale à quelques pas de là. L’ironie lui arracha un ricanement glacial, foudroiement brisant la nuit, à l’image de la servile attaque de la petite bourgeoise du Deux. « Toutes mes excuses Majestée, savais-tu que le District Cinq était celui qui comptait le plus de maladies respiratoires et la moins haute espérance de vie ? Je parie que personne chez toi puisse même envier nos richesses » Si l’acerbe vérité n’avait jamais franchi ses lèvres, l’orphelin du Cinq qu’il avait toujours été n’avait jamais pu comprendre ce qui amenait Cressinda à se fondre dans un tel paysage de cauchemar. Semblable à une petite poupée de porcelaine, lassée de son monde propre et bourgeois, elle ressentait le besoin de descendre parmi la populace, les honorer de sa présence tout autant qu’elle avait honoré l’être démoli qu’il avait été, de son aide. Ce venin menaçant de passer ses lèvres, Vasilii sentit brûler au fond de ses entrailles cette haine vivace qu’il avait toujours ressenti, dans un coin de ses entrailles, que les Jeux n’avaient fait qu’exacerber : plus encore que d’être une victime disponible et collante, Cressinda Heavensbee était en plus une cible de choix, l’idiote née chanceuse qui trouvait encore matière à se plaindre, voire même à prétendre envier ceux qui étaient destinés à crever ou à survivre dans la merde. Eux, tout autour, destinés à passer leur vie à travailler - lui, contraint d’avoir assassiné pour survivre, comme un bandit, un assassin qu’il n’avait jamais prétendu vouloir devenir. « Tu en connais un rayon en confort et luxe... visiblement, comme toi, je ressens le besoin de me mêler aux pauvres malheureux que je ne peux qu’à peine comprendre. » Tant de fois avait-il aspiré à voir autre chose, désormais, dans les démarches niaises et idéalistes de Cressinda, mais l’agacement, peut-être un geste défensif plus vif encore pour la repousser, lui faisait voir les choses avec une triste vérité. Un pitoyable mensonge peut-être bien ; mais il n’y avait rien au District Cinq pour attendre la jeune femme, personne ici qui pleurait son absence. Il ignora sa pique avec une aisance certaine, ressemblant subitement à un pauvre adolescent se disputant une gloire éphémère. « Ce n’est pas parce que tu t’ennuies chez toi, que c’est le cas de tout le monde. Peut-être que j’avais décidé de prendre le train pour aller donner des graines aux Districts encore plus pauvres. » Un art parfaitement hypocrite qu’elle avait transformé en véritable talent. « Tu ferais mieux de rester chez toi, on dirait que finalement tes petites escapades vont te coûter une nuit par terre devant la gare, si loin de ton matelas moelleux. » Avec fausse déférence, indifférence palpable, Vasilii toisa la brune, enfonçant ses mains dans ses poches. « En passant, mon whisky provient du Capitole, un des meilleurs du pays, c’est pas ici que je viendrai chercher de quoi me saouler. » Haussant une épaule, il se détourna de la jeune femme, prêt à reprendre sa route.
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MessageSujet: Re: (vb. ~ ch.) ★ never going back.   (vb. ~ ch.) ★ never going back. EmptyLun 9 Sep - 19:52

“ I've nowhere else to go ”
I'm sick and then I'm well, So full, so empty still. You leave me wanting. Oh tell me where'd you go, Don't be invisible Cause I am reaching. Save me, Go on break the glass. Take me, I'm never going back, No. Here on the other side, there's no place to hide. My heart is racing, Hold me, take me in. Without you I can't live. Gravity's pulling. ★ VASILII BLUNDEN & CRESSINDA HEAVENSBEE.

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Stupide Cressinda. Vasilii avait ce pouvoir d’annihiler toutes ses capacités intellectuelles. La jeune femme était pourtant intelligente en principe, elle avait été une gamine qui comprenait bien vite les choses, trop vite parfois et malgré l’environnement dans lequel elle avait grandi elle avait toujours su se forger une opinion lui étant propre. Elle n’avait pas eu la stupidité de marcher dans les pas de sa sœur, elle qui vouait un culte injustifié au capitole. Elle s’était toujours sentie supérieur aux gens du capitole, bien sûr elle avait moins qu’eux, elle ne vivait pas dans le même luxe qu’eux et ce n’était pas quelque chose qu’elle désirait. Elle valait mieux qu’eux parce qu’elle ne cautionnait pas leurs actes, parce qu’elle était capable de ressentir de l’empathie et qu’elle ne se trainait pas derrière elle sa richesse pour la montrer au monde entier. En revanche, elle ne s’était jamais considérée comme supérieure aux gens de son district et ceux des autres, bien au contraire, elle détestait voir la misère alors qu’elle, elle semblait ne jamais être à même de la connaitre. Mais qu’est-ce qu’elle devait faire ? Couper ses ponts avec sa famille pour aller s’installer dans un coin et vivre dans la misère avec les autres ? Juste pour qu’on arrête de la juger sur son argent au lieu d’essayer de comprendre la personne qu’elle pouvait être ? Est-ce qu’elle devait dévaliser les coffres de son père pour balancer l’argent dans les rues pour qu’on arrête de la voir simplement comme une grosse bourgeoise qui n’avait que faire du reste de l’humanité ? Ce n’était pourtant pas ce qu’elle était. Si elle s’était lancée dans la médecine c’était parce qu’elle voulait venir en aide à autrui. Dans son cabinet, elle acceptait tout le monde dans son cabinet, même ceux qui n’avaient pas les moyens de payer. Elle ne serait pas ruinée à force d’agir ainsi, elle le savait son père était là pour s’occuper d’elle. Elle avait toujours voulu se démarquer de l’image de la fille pourrie gâtée qu’on pouvait lui attribuer, celle qu’on avait commencé par attribuer à son aînée et qui forcément avait finie par déteindre sur elle. Elle aurait aimé être vue autrement, parce qu’elle savait qu’elle valait mieux que ça, elle avait toujours voulu être meilleure que ça. Elle avait eu l’intelligence pour, cependant, face à Vasilii, elle semblait aussi intelligente qu’une moule attardée. Il l’avait rendue stupide à la repousser sans arrêt alors qu’elle n’avait toujours voulu que l’aider, il l’avait poussé à se perdre dans bien des stupidités chaque fois qu’elle était revenue vers lui, chaque fois qu’elle avait tout donné pour lui. Les gens avaient finalement raison, il n’était pas une bonne fréquentation. Il était la pire des fréquentations qu’on puisse avoir, la pire qu’elle ait eu. Elle qui aurait aimé qu’on la juge autrement que sur ses richesses, elle n’était pas sorti de l’auberge avec Vasilii, à croire qu’y a ces yeux elle était semblable aux gens du Capitole, ceux qui l’avait envoyé dans cette arène, ceux qui l’avait transformé en monstre.

Ça n’avait pas toujours été le cas, avant les jeux, il n’avait pas été comme ça, il ne s’était pas acharnée à la jugée comme étant une garce égoïste qui avait trop d’argent. Les jeux l’avaient détruit, les jeux avaient tués le Vasilii qu’elle avait connu. Elle avait eu beau essayer de retrouver le jeune homme qu’elle avait connu par le passé, elle n’y était jamais parvenue. Il était bel et bien mort et de toute évidence, elle n’avait pas le pouvoir de ramener les morts à la vie. Il lui avait fallu bien trop de temps pour comprendre ça, parce qu’il l’avait vraiment rendue idiote. Elle aurait voulu ne jamais avoir à recroiser sa route, ne jamais avoir à entendre ses reproches et ses sarcasme, toutes ses phrases qu’ils pouvaient sortir dans le seul but de la vexer voir même de la blesser. Il s’en fichait bien de ce qu’elle pouvait ressentir, tout comme, à ses yeux à lui, elle devait bien s’en foutre de ce que lui pouvait ressentir. C’était faux. Elle ne s’en fichait pas, auparavant en tous cas, elle ne s’en fichait pas, aujourd’hui, c’était différent, elle ne voulait plus avoir à essayer de le comprendre, elle n’avait plus la patience pour ça, elle n’avait plus la force de rester sagement à encaissé les coups qu’il pourrait lui asséner. Aujourd’hui, elle s’en fichait, elle n’avait pas toujours été aussi égoïste qu’il pouvait bien le comprendre. C’était juste lui qui avait refusé de croire qu’elle puisse vraiment vouloir l’aider, qu’elle puisse vraiment pouvoir tenir à lui, le voir autrement qu’un simple monstre, qu’elle puisse l’aimer. Elle avait été stupide de pouvoir faire tout ça pour un homme comme lui et lui, il avait été stupide de croire qu’elle n’en était pas vraiment capable. Aujourd’hui et depuis longtemps déjà, ils n’avaient plus rien en commun. Elle ne pouvait même plus prétendre qu’il était un de ses vieux amis, c’était faux. C’était presque un inconnu qu’elle venait de croiser ce soir après trois ans de silence. Un inconnu ou bien quelqu’un qu’elle détestait, parce qu’elle avait dû apprendre à le faire, en réponse à la haine que lui, il lui avait servie pendant plusieurs années. Sa réplique lui fit lever les yeux au ciel. Il était en face d’elle depuis à peine une poignée de minute et il commençait déjà à titiller ses nerfs. Depuis qu’il était sorti des jeux, ça avait toujours été comme ça, à la différence qu’elle s’était toujours efforcée de garder son calme malgré les répliques cinglantes du jeune homme. Jusqu’au jour où, ça avait été trop pour elle. « Tu paris bien. Chez moi ce qu’on envie c’est le capitole. Mais peut-être que moi je préfère les maladies respiratoires au Capitole. » Ce n’était pas faux, elle l’avait toujours dit, elle préférait encore mourir que de finir au capitole. La seule bonne raison qu’elle aurait d’aller là-bas, ce serait pour compléter ses compétences en médecine auprès de médecins de là-bas, parce qu’elle avait un tas de choses à leur reprocher, mais leurs médecine était remarquable. « Je les comprends peut-être mieux que toi, les pauvres malheureux Vasilii. » Elle se donnait la peine d’essayer de les aider elle, les pauvres malheureux, elle ne se contentait pas de s’enfermer chez elle avec des bouteilles pour picoler et envoyer balader la première âme charitable qui viendrait vers elle. Bien-sûr, elle n’avait pas le même vécu que lui, mais ça ne le rendait pas très vaillant, le vainqueur des quinzièmes jeux de s’apitoyer sur son sort en refusant toute l’aide qu’on pourrait vouloir lui apporter. « Pas de chance pour toi alors, les trains sont annulés. » Elle doutait fortement que ses paroles soient un tant soit peu vraie, c’était juste une nouvelle façon de lui faire un reproche qu’elle préférait ne pas relever. « Je suis sûre que pour une poignée d’argent presque n’importe qui dans ce district accepterait de m’héberger, alors je ne me fais pas trop de soucis. » Elle se voyait mal toquer à une porte pour demander l’asile, mais puisqu’elle était une petite bourgeoise pleine de fric, elle pourrait bien faire ça si l’envie lui prenait, après tout, c’était bien comme ça que Vasilii la voyait. « Vive le capitole. » Elle laissa échapper un soupire alors que le jeune homme se détournait d’elle. Elle n’avait aucune raison de le retenir, elle n’en avait pas non plus l’envie. « Tu pourrais valoir tellement mieux que ça Vasilii. Ça ne servait à rien de se battre comme ça pour survivre, simplement pour se laisser mourir à petit feu après. » Les jeux, elle ne les comprenait pas, elle ne les avait pas vécus, mais il ne comprenait pas non plus sa vie à elle, alors puisqu’il fallait juger sans savoir, elle pouvait facilement entrer dans le jeu elle aussi.
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MessageSujet: Re: (vb. ~ ch.) ★ never going back.   (vb. ~ ch.) ★ never going back. EmptyJeu 12 Sep - 12:53

Déchéance humaine, sans visage et sans avenir, Vasilii se contentait d’errer au Cinq, âme en peine, âme solitaire à laquelle personne ne voulait même prêter la plus petite attention. Si, fut un temps, il avait senti la lourdeur de la haine des autres peser sur ses épaules, à présent, le poids de leur indifférence n’était plus qu’une épine dans son pied, infime douleur lancinante de laquelle il n’avait cure. Habitué à n’avoir que sa conscience, tournant en boucle sur elle-même pour unique juge, Blunden préférait la solitude de son grand manoir à une quelconque présence : celle de Cressinda également, alors que dans ses yeux, il y décelait ce qu’elle ne voulait même pas montrer au grand jour. Sans doute ne brillait-il pas du plus grand talent pour deviner les afflictions et les pensées des autres, mais avec la jeune femme, il brûlait de l’assurance de savoir lire en elle comme dans un livre ouvert, arracher au tréfonds de ses prunelles ce que ses lèvres n’exprimaient guère. Comme les autres, Cressinda ressentait à l’égard de Vasilii la haine que l’on aurait à l’égard d’une bête sauvage, un animal insondable qui risquait à tout moment de devenir aussi violent que dangereux : sûrement était-il ainsi, sauvage et indicible dans la noirceur des ténèbres – ses propres ténèbres qui l’englobaient totalement – mais si c’était pour souffrir des œillades à répétition de la jeune idiote du District Deux, il préférait que ce soit en souffrant des propres attaques de son esprit, de la paranoïa germant au creux de ses tripes plutôt que dans une réalité brutale et glaciale. Tout comme les autres, Cressinda le détestait, détestait en tout cas, cette parcelle de lui qui menaçait de ressurgir depuis dix ans déjà, l’aspect implacable de cette personnalité de fer forgée par les Jeux. Les Jeux, l’on pouvait croire que seuls ceux qui y avaient survécu pouvaient comprendre l’abysse solitaire dans lequel on se perdait en survivant, la solitude du gagnant – mais au cœur du Capitole, la bête Blunden avait serré la main de démons plus virulents encore que lui : maquillés d’un visage charmant, de sourires polis et de belles paroles, demeuraient des monstres qui se complaisaient dans la victoire, la mort des autres – des êtres qui n’en avaient cure des âmes esseulées et squelettiques qu’ils portaient sur leurs épaules, vivant d’une éphémère et superficielle gloire. Elle lui donnait envie de vomir, cette gloire qu’était la sienne, cet argent qui brillait au fond de ses poches, ce luxe qui rythmait son existence solitaire. Solitaire – il aurait pu se contenter de vivre simplement, quitte à crever prématurément, écrasé sous le poids du travail à accomplir, aujourd’hui, sûrement se contentait-il de survivre tout simplement. Il lui semblait que c’était un élan qui parcourait son échine, une envie qui courait sous sa peau malgré le désespoir qui l’enivrait : survivre, était-ce un quelconque moyen de rendre justice à toutes les vies qu’il avait prises, à tous les cadavres qui s’amoncelaient encore aujourd’hui sur son sillage ? Pour peu qu’il avait survécu, par la force de sa hargne et obéissant à ses instincts les plus monstrueux, Vasilii était encore aujourd’hui incapable de ramener ses Tributs vivants : ils mourraient tous, alimentant simplement les ressentiments que le Cinq ressentait à l’égard de son héros maudit.

Aussi petite lueur dans le noir avait-elle été, Cressinda n’avait été qu’un désir ardent de bien faire, d’accomplir un acte baigné de bonté dans un monde qui en était dénué : sans doute que la place de l’idéaliste femme qu’elle était, n’était pas dans ce monde, foulant le sol consumé par les cendres d’autrefois, pas dans ce Panem où, à l’odeur de déchéance, se mêlait le parfum rance du sang de ses victimes. Tel un fantôme ayant traversé le chemin de la brune avant de détourner ses pas, Vasilii aurait voulu partir, l’ignorant en la cinglant d’un geste d’indifférence devant ses paroles : les bonnes volontés de Cressinda n’auraient jamais suffi à supprimer ce qu’il avait fait – malgré la science infuse du Capitole, remonter le temps s’avérait encore être un luxe inaccessible – ni l’infime culpabilité hypocrite qu’elle pouvait ressentir à l’idée d’avoir été chanceuse, préservée dans un monde où tous les autres n’étaient que traînés dans la boue, victime de l’inflexible fonctionnement des choses. Lui était maudit, marqué à jamais du Sceau du Survivant – elle, visiblement, était destinée à pouvoir mieux faire, mais ses devoirs de douceur et sainteté n’étaient pas destinés à rendre quelqu’un comme Vasilii meilleur, ou plus respectable aux yeux de ses pairs. « Tu pourrais valoir tellement mieux que ça Vasilii. Ça ne servait à rien de se battre comme ça pour survivre, simplement pour se laisser mourir à petit feu après. » Ses pas se retrouvèrent suspendus dans l’ombre de la nuit. Grave, critique, acerbe, un sourire passa sur son visage – décidément, comment pouvait-elle espérer retrouver quoique ce soit d’humain à la sortie des Jeux ? Ceux qui en ressortaient sans l’ombre d’une estafilade n’étaient que ceux qui y étaient entrés dénués d’âme – à tous les autres, elle était simplement arrachée en plein cœur de l’Arène – tuer pour survivre, c’était définitivement la manière la plus pitoyable de vivre, autant se laisser mourir à petit feu ensuite. La dévisageant par-dessus son épaule, Vasilii souffla d’un air théâtral, levant les yeux au ciel. « Tu as raison, je pourrais faire tellement plus. » Mais l’air indifférent plaqué sur son visage traduisait déjà du mensonge qui passait ses lèvres, le sarcasme qui menaçait au creux de sa gorge. « Je pourrais aller manger des petit-four avec mes non-sponsors au Capitole, discuter des expériences mémorables que je retiens des Jeux avec les autres Vainqueurs, ou alors faire la pute dans ce même Capitole que j’apprécie tant. » Un sourire torve éclairant son visage, Vasilii fit à nouveau les pas le séparant de la jeune femme – à nouveau, il la sonda d’un regard implacable. Il lui semblait presque qu’elle n’avait aucune idée du monde dans lequel elle évoluait tant elle idéalisait la simple idée de vivre, survivre dans un univers comme celui de Panem. Aux promesses qu’il avait formulées autrefois pour s’accrocher à sa vie, plus aucune n’avait de sens dans le Panem qu’il voyait à présent : tordu, fou, déséquilibré ; il était après tout, aujourd’hui, parfaitement à l’image de cette zone fétide et pourrie dans laquelle il évoluait. Survivait, tant bien que mal. « Je peux pas être grand-chose de plus, okay ?! Qu’est-ce que tu pourrais bien attendre de quelqu’un comme moi ?! Que je me repente sur ce que j’ai fait ? Peut-être que tu attendais des confidences sur l’oreiller, tu aimerais croire que j’écris un journal intime dans lequel je larmoie sur mes malheurs ?! » Tous deux se souvenaient bien de la dernière fois qu’il avait fait preuve de tant d’animosité dans la voix à l’adresse de la jeune femme : il ne savait pas, au fond, ce qu’elle avait pu attendre de lui en revenant au Cinq après sa victoire aux Jeux. Il aurait fallu être fou pour imaginer qu’il était toujours celui qu’il avait été avant d’entrer dans l’Arène cauchemardesque qui avait marqué le brutal tournant de son existence, la fin de son humanité. Depuis dix ans déjà, Vasilii avait décidé d’abandonner ses remords dans un coin de son esprit, dévoré par une maladie silencieuse et insidieuse, et ce n’était sûrement pas la plaintive aide de Cressinda qui lui aurait permis de remonter ce gouffre dans lequel on l’avait si brusquement jeté. Il était, de toute manière, tant devenu un symbole d’inhumanité et de monstruosité qu’on ne lui demandait sûrement pas de renouer avec ces relents d’âme et de bons sentiments qui pouvaient toujours vivre en lui. « Tu sais que tu es sans doute la seule imbécile dans ce monde à encore croire que je peux mieux faire. » Un ricanement acerbe passa ses lèvres : quelle ironie quand même. Il lui arrivait aussi, souvent, de s’interroger sur ce qui l’avait fait survivre, le faisait survivre encore aujourd’hui. Rien ne le faisait avancer, si ce n’est des miettes d’un passé appartenant désormais à une autre vie, un autre lui. Vivre, respirer cet air glacial, la regarder, survivre, chaque aube, chaque crépuscule, tout s’apparentait simplement à une saloperie de malédiction.
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