watch the world burn (artemis)

Lyam était allongé sur ton lit, le visage tourné vers le plafond. Tu reboutonnais ta robe blanche, un sourire satisfait plaqué sur les lèvres. Tu avais réussi. Tu avais eu exactement ce que tu voulais. Lyam, nu au milieu de tes draps, le souvenir de ses mains sur tes hanches et de sa bouche contre la tienne encore frais dans ta mémoire. Il avait cédé, lui et ses cinq ans d'avances. Il t'avait résisté pourtant. Longtemps. C'était malsain qu'il disait. C'est naturel, tu répondais. Maintenant la balle était dans ton camp. Il allait exaucer le moindre de tes désirs. Il n'avait pas le choix. Plus le choix. Un mot de ta part et tu savais que ton père le tuerait. Il en était pleinement conscient. Le corps était plein de faiblesses que tu te faisais un plaisir d'exploiter.

Tu tournais ton visage d'enfant vers lui, le dévisageais un instant. Il allait se sentir mal. Tellement mal. Il allait regretter d'avoir même effleuré ta douce peau de petite fille. Il n'était pas le premier mais tu préférais le laisser dans l'ignorance. Tu aimais voir cette lueur d'incertitude dans ses yeux. Lyam. Il était à toi maintenant. Une nouvelle poupée dans ta salle de jeux.
Tu te relèves enfin, marches jusqu'à ta fenêtre d'un pas lent. Tu regardes dans le vide. «Je pars demain, tu sais ?» Sa voix est grave, un peu roque. Il va partir. Ta mère te l'avait dit. Pacificateur, voilà sa grande vocation. Tu ne réponds rien. «Tu feras attention hein, Rae ?» Les commissures de tes lèvres s'abaissent alors qu'il utilise ton deuxième prénom. Celui que tu n'utilises plus. Celui que tu détestes tant. Rae. Rae Kennedy. Personne ne t'appelle comme cela, même tes parents ne s'y risquent plus. Ils avaient fait l'erreur une fois à ta naissance et c'était déjà bien trop. «Ouais.» Tes lèvres s'ouvrent à peine, tu lâches ce mot sans même y penser. Tu voudrais lui dire que tu te porteras volontaire à la prochaine moisson. Tu voudrais voir son visage se décomposer un instant. Tu serres les dents, te retiens comme tu peux. Il n'aimera pas ça. Il te répondra sûrement qu'il y a du temps encore. Plusieurs mois. Mais ça ne changera pas. Quand tu as une idée, c'est pas dans les pieds.


Les mois sont passés, le jour fatidique approche. Tu es tendue, tu ne sais plus. Tu as envie, tu brûles de te retrouver sous le feu des projecteurs. Ce n'est que comme ça que tu sortiras d'ici. Tu sais que tu reviendras, tu n'as aucun doute là dessus. Tu es forte, assez pour y survivre. Tu veux gagner. Tu vas gagner.