(J2) Who's here ? ❖ nikodarlia

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Qu'est-ce qui leur avait pris de se séparer. Quelques minutes, simplement, avaient suffit pour qu'ils se perdent de vue. Lui qui avait au départ vu comme une bonne idée le fait de s'éloigner un peu afin d'aller poser ces pièges étranges qu'il avait trouvé dans le sac ramassé près de la Corne avait vite déchanté. Il avait tout d'abord compris que malgré ces affirmations qu'il avait opposé aux interrogations d'Artémis, il était bel et bien incapable de d'utiliser ces objets permettant de capturer les petits gibiers. Non, franchement, c'était quoi ces machins ? Il n'avait jamais appris à utiliser ce genre de trucs, et, évidemment, ne s'était pas vraiment intéressé à l'atelier concerné au centre d'entraînement. Grosse erreur. Il avait donc dû faire demi-tour, honteux et en colère contre lui-même. Il avait ensuite cherché Artémis. Cherché. Cherché. Cherché. Soit elle avait disparu, soit il était perdu. Et il aurait plutôt penché pour la seconde option.

Un bruit. Une fourrée qui bouge, un pas qui résonne. Une tête qui se tourne. Un souffle qui s'échappe dans l'air, rauque, tendu. Le cœur qui s'accélère soudain, et la peur qui emplit le corps et l'esprit. Les muscles qui se tendent, prêts au combat. Les yeux qui guettent, observent. Les questions que l'on se pose, ces réponses que l'on se formule et qui traversent l'esprit en y détruisant tout au passage.

Qui est-là ? C'est la mort qui vient sonner à ta porte, mon petit. Elle est là, elle t'attend. Tout d'abord, elle va te laisser méditer sur ta vie, hurler de peur à l'idée de ce qui t'attend. Puis elle va se jeter sur toi, tandis que tu pleureras encore et encore, que tu la supplieras de mettre fin à ta vie d'un seul coup de son immense serpe, de te laisser tranquille.

Un silhouette apparut enfin.

« Nikolaï, putain, qu'est-ce que tu fous là ? Tu me suis depuis quand ? »

Invité

La rage. Il n'y a que ce sentiment qui remplit les moindres recoins de mon corps. La violence de mes mots semble encore remplir mon crâne. Comment pouvait-elle être aussi naïve? Comment pouvait-elle considérer ça comme un immense jeu? Leigh n'était pas mort dans un putain de jeu. Kaaley n'a pas versé des larmes à cause d'un jeu. Tout ça n'est pas un jeu. Si c'en était un, nos actes ne détruiraient pas des vies. La blonde du Un, dont le visage a illuminé la nuit, hier, ne serait pas dans une caisse en bois à l'heure qu'il est, en direction de son chez elle. Sa famille ne serait peut-être pas en train de pleurer sa défaite à l'heure qu'il est. Nous, on ne serait pas en train de nous battre pour revoir le district Cinq. Mes parents ne trembleraient pas devant l'idée de ma possible mort. Mes frères ne devraient pas s'inquiéter de perdre quelqu'un. Personne n'aurait à se préoccuper de notre sort, si tout ça n'était qu'un jeu. Mais d'après Adara, nos vies ne sont qu'un jeu, ici. Nous sommes le jeu. Mes pieds écrasent le sol, alors que ma main se serre sur le manche de mon couteau. Elle n'est pas avec moi. Elle vague quelque part dans l'arène. En quête de victimes, sans doute. En quête de points pour son jeu.

Je continue à marcher, le corps secoué de frissons glacés. Les belles températures d'hier sont oubliées, remplacées par un froid mordant. On doit avoisiner les 0°. Je range la nourriture que je mangeais pour apaiser les grognements de mon estomac, avant d'en ressortir un couteau. On n'est jamais trop prudents dans une arène, les visions des autres Jeux me l'ont appris très bien. Je n'ai pas envie de me retrouver sans défenses face à un autre tribut. Surtout si le tribut en question est un carrière. Je rends ma façon d'avancer plus silencieuse, jusqu'à que je vois quelqu'un d'autre. Je reconnais facilement ce corps. Eddard. District Trois. Je le suis lentement, la main serrée sur l'arme.

Cependant, une brindille craque. Mince. Eddard se retourne, en me regardant avec surprise. « Nikolaï, putain, qu'est-ce que tu fous là? Tu me suis depuis quand? » « Coucou Eddard. Quelle coïncidence de te croiser ici. » Ma main se crispe sur le couteau que j'ai à la main, alors que je garde mes yeux rivés sur lui. « Pas longtemps, je te rassure. J'allais justement essayer d'attirer ton attention pour te parler. » Un détail attire alors mon attention. Il est seul. Pas de binôme à l'horizon. « Ton co-tribut n'est pas avec toi? » Peut-être qu'elle est cachée et que... qu'elle n'attend qu'une chose. Venir me tuer. Je recule d'un pas, instinctivement, en priant pour qu'elle ne soit pas là. Et là, je remarque quelque chose qui vient troubler l'air de cette rencontre joyeusement tendue. Un bruit de pas. Et une silhouette qui sort de la verdure. Ma main, celle qui garde le couteau, quitte l'ombre de mon dos, alors que j'essaye de trouver une façon de fuir. Je n'ai pas besoin d'autres blessures, et éviter un autre combat serait ravissant.

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#1 'Dé équation' : 2

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#2 'Dé conséquences' : 8

Callum était parti. La Corne s'était refermée. Et cela ne signifiait qu'une chose : le jeu allait se compliquer. Amelia avait espéré jouer la carte de l'alliance Carrières pendant quelques jours, le temps que l'ambiance soit moins tendue dans l'arène, que les tributs soient moins nombreux, et peut-être, moins dangereux. Toutefois, elle doutait fort que leur joli arrangement passe la journée, pas quand il leur faudrait rationner leur nourriture, plutôt que de jouer à la chasse à l'homme. Alors, la demoiselle avait décidé de partir avant que tout ne dégénère ; elle avait déjà vécu un bain de sang, autant en éviter un deuxième. Et puis, surtout, il y avait son premier problème, celui qui la préoccupait dans l'immédiat bien plus que la possibilité de manquer de nourriture ou d'eau : Callum était là, quelque part. Seul. Et tous les autres étaient certainement en binôme.

Quand Aurelianne lui avait appris le départ de son compagnon d'infortune, peu avant l'aube, Amelia n'avait eu qu'un seul objectif : celui de le retrouver, quitte à arpenter l'arène toute entière. Heureusement que sa co-tribut avait réussi à la retenir en lui suggérant de ne pas y aller seule - la fermeture de la Corne avait à peine précipiter leur départ et peut-être même, éviter qu'on leur pose trop de questions. Un kilomètre après leur départ, elles s'étaient séparées, l'une vers le Nord, et l'autre vers l'Est. Amelia leva les yeux vers le soleil faiblard qui régnait dans cette partie de l'arène et estima que deux bonnes heures s'étaient écoulées. Deux longues heures à errer dans les bois, par un froid de canard. Une fois de plus, elle porta les mains à sa bouche, les mit en cornet pour souffler dedans dans l'espoir de les réchauffer. Elle décida de se laisser une demi-heure encore avant de rebrousser chemin ; si Callum avait fui vers là, elle doutait qu'il y passe la journée, vu la température. Elle reprit sa marche solitaire quand un mouvement sur sa droite attira son attention. Elle dégaina aussitôt le couteau qui était à sa ceinture, prête à affronter le ou les tributs qui viendraient la chercher. Mais le mouvement venait de beaucoup plus loin, une centaine de mètres environ. La tribut se baissa légèrement et avança jusqu'à un arbre, dans l'espoir d'en voir plus. Si les bois ici n'offraient qu'une couverture partielle, au moins permettaient-ils d'avoir une bonne visibilité. Elle n'eut donc aucun mal à voir une silhouette masculine avancer prudemment, la main placée dans son dos, tenant certainement une arme. Ce qu'elle ne voyait pas, toutefois, c'était qui il comptait attaquer, au juste. Et cela pouvait être Callum. Bien décidée à en avoir le cœur net, et au besoin, à défendre son binôme, Amelia serra plus fort le couteau de chasse qu'elle tenait en main, puis commence à faire le tour de la scène, histoire de mieux la saisir. Des voix s'élèvent alors, masculines toutes les deux. Deux potentiels adversaires, deux potentiels alliés, mais aussi quatre potentiels tributs à affronter. Et aucun d'eux n'a la voix de celui qu'elle cherche, et si elle avait pu en douter, le fait qu'ils se soient appelés Nikolaï et Eddard le lui a confirmé. Bien décidée à repartir comme elle était venue, la jeune femme fait prudemment marche-arrière. Un bruit la stoppe aussitôt, des feuilles ont craqué sous son pied, une branche a bougé. Elle se redresse alors puis avance jusqu'aux deux hommes, son couteau toujours à la main : inutile de jouer à cache-cache.

Son regard passe de l'un à l'autre. District trois. District cinq, se souvint-elle. Pour le dernier, elle se rappela également la tribut qu'elle l'avait vu égorger, avec son binôme, la veille. Trois était désarmé, cinq tenait un couteau lui aussi. Le même qu'il avait quand il s'approchait à pas de loups du blondinet. Amelia eut un léger sourire en fixant celui qu'elle pensait être Nikolaï et lança :

"Ecoute, je veux pas d'ennuis..." C'était vrai. Elle était bien décidée à éviter un combat et des blessures potentielles aussi longtemps qu'elle le pourrait. "Alors voilà ce que je te propose : je te laisse égorger Trois comme tu semblais vouloir le faire, et tu me laisses repartir comme je suis venue." Tous ses muscles étaient tendus, elle était prête à bondir au moindre mouvement de leur part, à l'un et à l'autre. Mais surtout à Cinq, avec son couteau à la main.

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#1 'Dé équation' : 12

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#2 'Dé conséquences' : 6

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Tout s'était passé si vite... Les actions s'étaient enchaînées à un rythme effréné, comme afin de lui couper le souffle. Trop vite pour qu'il ne puisse réagir correctement, sans appuyer chacun de ses agissements d'un minimum de réflexion. Il était seul face à ses deux autres tributs, encore une fois dépassé par les événements. Cette émotion intense qui lui brouillait l'esprit refaisait peu à peu surface, comme le jour des moissons, ou lors du lancement des Jeux. C'était comme entendre des voix dans un autre langage qui mettaient des secondes et des secondes à pénétrer le cerveau et à lui communiquer l'information. C'était comme de voir, plongé dans l'eau, le paysage danser sous ses yeux. L'être intérieur se mouvait tandis qu'à la surface, Eddard n'était plus qu'une loque, regardant cette autre tribut qui était apparue si soudainement. Il ne connaissait plus son prénom, mais au terme de longs instants de réflexion, le jeune homme avait fini par comprendre qu'il ne s'agissait pas de la co-tribut de Nikolaï.

« Alors voilà ce que je te propose : je te laisse égorger Trois comme tu semblais vouloir le faire, et tu me laisses repartir comme je suis venue. »

Un déclic se produisit. Eddard se sentit immerger. Il retrouva en quelques secondes ses esprits, comme remonté à la surface par la violence de cette menace. "Trois", cela ne pouvait être que lui. Il apercevait distinctement un couteau entre les minces doigts de Nikolaï. Même si celui-ci le tenait maladroitement, il savait très bien qu'il n'aurait aucune chance de survie face à une lame aiguisée. De plus, cette autre fille -qui, d'après son souvenirs, était carrière du district quatre- pouvait très bien venir à l'aide de Nikolaï si besoin, dans le cas où elle comptait vraiment le laisser en vie au terme du combat. C'était très mal engagé.

Eddard croisa le regard de ce garçon qu'il connaissait depuis si jeune, mais qu'il avait tant déteste. Est-ce que Nikolaï se contenterait ne serait-ce que d'hésiter ? Ce serait peut-être pour lui un moyen de vengeance à l'égard de ce conflit qu'ils avaient eu. C'était si pathétique de mourir dans l'arène à cause d'une vieille histoire entre gamins... Il fallait trouver un autre moyen.

Eddard ne réfléchit pas. Lui qui avait accepté le jour auparavant de s'allier au plus vite avec quelqu'un, selon la demande d'Artémis, n'allait pas attendre plus longtemps pour partager le fond de sa pensée au tribut du district cinq. Il n'aurait certainement pas d'autre occasion.

« Donne-moi ton couteau et je la tue. On la tue. »

Invité

Le ton de la jeune tribut semble presque sincère. Cependant, ses allures ne semblent pas celles d'un tribut comme les autres. Elle semble trop confiante dans ses capacités. Au contraires des gamins qui tiennent un couteau pour la première fois de leur vie, elle semble sûre de ses mouvements. Elle ne semble pas le genre de tribut résigné à mourir, elle semble prête à se battre. Ma main se serre encore un peu sur mon couteau, alors qu'un sourire tord ses lèvres. « Ecoute, je veux pas d'ennuis... » Comme si quelqu'un en voulait. Tout le monde préfère rester sain et sauf jusqu'à la fin. Mais y'a des tributs qui ont moins de chance que d'autres. « Alors voilà ce que je te propose : je te laisse égorger Trois comme tu semblais vouloir le faire, et tu me laisses repartir comme je suis venue. » Un sourire semblable au sien se dessine sur mes lèvres, alors que son visage perce ma mémoire. District Quatre. Une carrière. Je ne crois à un seul mot de l'annonce qu'elle vient de terminer. Se fier, c'est bien. Se méfier, c'est encore mieux. Accepter de la laisser partir serait une condamne à mort, surtout si elle retrouve ses alliés pour ensuite chasser des tributs. Et si elle tombe sur Adara... Sans oublier Eddard. Maintenant que cette fille a évoqué l'idée que je pourrais me débarrasser de lui, il ne va pas rester là sans broncher, en souriant comme un idiot. Je n'ai pas vu d'arme sur lui, mais je préfère garder mes distances.

La voix du garçon que j'aurais bien aimé voir mort quelques instants avant l'arrivée de notre chère étrangère s'élève, en brisant ce silence tendu. « Donne-moi ton couteau et je la tue. On la tue. » Je n'ai pas envie de lui donner un de mes couteaux. Je ne veux pas lui faire confiance, surtout en sachant que l'égorger ne m'aurait pas dérangé plus que ça, il y a quelques instants. Mais je ne veux pas mourir à cause de la fille qui se trouve devant nous. Je ne veux pas perdre maintenant que les Jeux sont commencés. Je n'ai pas le droit de perdre. Je ne peux pas laisser que les choses se passent ainsi. Adara ne peut pas mourir à cause d'une dispute enfantine éclatée il y a des années. Comment aurait fait le jeune Nikolaï qui traînait dans cette rue à penser que cette personne qu'il allait croiser aurait pu changer sa vie de façon si radicale? Comment auraient fait ses prunelles bleues pour se focaliser sur l'étranger comme quelque chose qui pourrait faire la différence entre la vie et la mort? Entre la victoire et la défaite de sa cousine? Exact. Il ne pouvait pas le savoir.

Je ne pense pas qu'Eddard veule essayer de me tuer. Il tient assez à sa vie pour éviter de faire ça. Sans tarder plus, je tends un couteau à Eddard, tout en gardant le mien vers la fille du Quatre. Elle va sans doute réagir. Mais après tout, à deux, on peut essayer de s'en sortir sans trop de dégâts. J'avance vers la tribut, tout comme mon allié provisoire, en me préparant à la blesser.

La meilleure chose qu'aurait pu faire Trois aurait été de déguerpir en vitesse, profitant du fait que deux potentiels assassins soient occupés à se jauger mutuellement. Au lieu de cela, il garda le silence un moment, à les fixer l'un et l'autre, avant de faire un choix qui, pour Amelia, relevait plus du suicide qu'autre chose. Trois demanda un couteau à Cinq, Cinq hésita quelques secondes - vraisemblablement, il voulait bien égorger Trois par surprise - avant de finalement lui en tendre un, certainement à contrecœur. Le seul avantage, c'était que la réaction de Trois l'avait apparemment pris autant au dépourvu qu'Amelia qui, quand elle se retrouva face à non plus un, mais deux adversaires, avait au moins eu le temps de se ressaisir. Elle savait clairement ce que l'issue de ce combat serait : leur mort, ou la sienne. C'était les Jeux. Son estomac se serra violemment et elle se rappela qu'elle s'était préparée tout ce temps pour ce moment. Elle n'avait pas le droit à l'échec. Rapidement, elle jaugea les deux tributs - la prise de Trois sur son couteau nouvellement acquis était faible et maladroite, celle de Cinq, plus affirmée mais on sentait qu'il n'était pas habitué à combattre avec une arme. Bien. Mais une lame aiguisée restait dangereuse ; il ne fallait pas qu'elle les sous-estime.

"Bien, puisque vous insistez... Je ne suis pas contre le fait de tuer quatre tributs en une matinée." lança-t-elle, pleine d'assurance.

Amelia ne comptait pas laisser une chance aux binômes de rappliquer, et elle choisit vite sa cible. Cinq était plus éloigné, bien que visiblement plus dangereux. Elle fonça donc sur Trois, bien décidée à le mettre hors d'état de combattre. De sa main gauche, elle saisit le poignet de l'adolescent pour tenir éloigné le couteau. Sa propre arme, elle, s'abattait déjà sur le tribut, bien décidée à le frapper à l'abdomen. Se rappelant des leçons de son frère, elle se souvint qu'elle visait les poumons, juste sous les cotes.

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« Bien, puisque vous insistez... Je ne suis pas contre le fait de tuer quatre tributs en une matinée. »

C'est ce qu'elle croit, elle n'y arrivera pas. Nous sommes deux, elle est seule. C'est la supériorité numérique qui permettra de l'emporter. Ne t'inquiète pas, c'est certain.... Eddard se répétait ces mots à maintes reprises dans l'esprit. Il tentait de se persuader qu'il allait réussir, qu'il était bien parti, alors que tout son corps lui hurlait de fuir. Il avait toujours cette détermination en lui, mais elle ne tenait qu'une place trop peu importante en son être. La peur lui tiraillait le ventre. Il pensait trop. Et son adversaire sembla le remarquer, fonçant droit sur lui. Elle n'attendit pas un instant, bien décidée, semblait-il, à en finir rapidement. Elle attrapa le poignet du jeune tribut avant de lui asséner un coup de couteau dans l'abdomen. Il ne vit venir que cet éclat de lumière réfléchissant sur la lame de l'arme.

Aïe.

Il tomba, le corps assailli de milles douleurs et une grimace douloureuse affichée sur le visage, contre le sol parsemé de feuilles mortes. Dans sa chute, il s'était dégagé de l'étreinte dans laquelle il était prise, mais il n'avait pas la force d'en tirer profit. Il avait mal, juste mal. Sa vision se brouillait, il avait des difficultés de respiration -et pour cause, il avait été frappé au niveau d'un poumon- et avait envie d'hurler. Il devait être complètement pitoyable à regarder -et certainement pas attractif pour les sponsors, d'ailleurs- avec ces gémissements qu'il poussait en continu. Il imaginait bien la tête que devait tirer cette carrière qui le faisait souffrir en cet instant. Un sourire satisfait, la soif de sang. Elle devait aimer ce qu'elle voyait. Il n'y avait rien de détestable.

Où es-tu, Nikolaï ?

Il fallait faire quelque chose, agir. Si il restait couché contre terre, il ne tarderait pas à mourir. Alors même si tous ses muscles semblaient se liguer contre lui afin de le maintenir immobile, même si chaque mouvement comme chaque respiration impliquait pour lui une intense poussée de douleur, il était forcé de retourner la situation. Et vite. Eddard attrapa en hurlant une jambe de son adversaire avant d'en faire de même avec l'autre. C'était tout ce qu'il avait à sa portée. Amélia perdit l'équilibre.

A ton tour.

Invité

« Bien, puisque vous insistez... Je ne suis pas contre le fait de tuer quatre tributs en une matinée. »

L'arrogance qui remplit sa voix suffit pour me donner l'urticaire. J'aurais presque envie de rétorquer, si je ne savais pas que la mienne le serait autant que la sienne. Mais elle ne va pas gagner. Tout simplement parce que Adara ne peut pas mourir maintenant. Elle n'est pas née pour perdre. Elle ne peut pas échouer dans ce qu'elle considère comme un jeu. Je ne peux pas donner au tribut du Quatre le loisir de m'achever, d'ôter ma vie. Ma famille ne peut pas me regarder mourir de cette façon, tué lors du deuxième jour par une carrière. Je n'ai pas le droit d'échouer maintenant, à ce stade des Jeux. Il faut que je survive. Que je gagne. Que je rentre chez moi, en rendant ma famille plus riche qu'elle ne l'aurait jamais pu imaginer. Je suis forcé de vivre. Je n'ai pas le droit de laisser tomber les Blinov de cette façon. Leurs espoirs sont concentrés sur moi. Ils veulent me voir retourner chez nous, pour qu'on vive heureux et insouciants, sans devoir s'inquiéter du manque d'argent. Mes parents pourraient finalement arrêter de se consumer lentement à l'intérieur des centrales du Cinq. Mes frères et mes soeurs n'auront pas à être remplis de tesserae et ils vont pouvoir profiter de leur jeunesse, sans penser aux Jeux. Ils pourront vivre l'adolescence que je n'ai jamais eue.

La fille du Quatre avance vers Eddard, peut-être dans l'espoir de s'occuper de lui avant d'essayer de me tuer. Elle attrape le poignet qui garde l'arme, avant de l'éloigner, pour qu'il ne puisse pas la blesser de cette façon. Ensuite, avec le couteau qu'elle possède, elle blesse Eddard au niveau de l'abdomen. Le temps que j'ai passé avec le médecin du district m'a suffi pour apprendre qu'une quelconque blessure dans cette partie du corps risque d'entraîner la mort si elle est très grave. Cependant, j'essaye de m'en soucier le moins possible. J'observe la fille, qui semble satisfaite de son coup. Les gémissements du tribut du Trois semblent s'imposer comme bande sonore de la scène. La carrière qui m'observe, le regard que je lui rends. Elle semble prête à avancer, alors que ma main se serre un peu plus sur la manche de l'arme que je garde à la main. Avant qu'elle ne puisse réagir, les mains d'Eddard agrippent les pieds du tribut du Quatre, avant de la faire tomber. En profitant de ce moment de faiblesse de la fille, je me jette sur elle, le couteau en avant, en espérant que la lame fasse couler son sang. Certes, je risque de me faire blesser en faisant cela, mais que vaut une blessure contre la mort d'un adversaire?

Je sens ma lame qui rentre dans sa peau. Je ne pense pas qu'elle ait réussi à l'abîmer plus que ça, mais j'espère quand même que ça la rende plus faible, ne serait-ce qu'un tout petit peu. J'essaye de me dépêcher à me relever, pour éviter qu'elle contre-attaque, mais c'est trop tard. Je pourrais presque sentir le bruit de ma peau qui se sépare, si on était dans une scène au ralenti. Je pourrais presque sentir le sang qui commence à couler. Je pourrais presque sentir la mort qui souffle contre mes oreilles.

Trois n'eut pas le temps d'esquiver que déjà la lame du couteau s'enfonçait dans sa peau sauf qu'au lieu de transpercer son poumon, le condamnant ainsi à une mort certaine, le métal ripa contre ses cotes, ne causant qu'une blessure superficielle mais qui, apparemment, le faisait suffisamment souffrir pour qu'il soit hors jeu. Amelia le lâcha alors, le laissant tomber lamentablement au sol. Elle aurait tout le temps de s'en occuper plus tard, décida-t-elle, en se tournant déjà vers son autre adversaire. Une lueur dangereuse brillait au fond des yeux de la tribut, il n'y avait plus qu'une chose qui comptait à présent : les mettre en miettes. Gagner. Elle devait gagner, tant pis si ça signifiait se salir les mains. Et vu la facilité avec laquelle elle avait mis hors d'état de nuire Trois, elle ne voyait qu'une seule issue à ce combat : sa victoire. Peut-être même qu'elle ne serait pas blessée par ces bons à rien. Après deux secondes immobile, elle se décida à avancer vers son nouvel adversaire, se souciant peu du tribut à terre. Trop peu, apparemment puisqu'elle se trouva aussitôt déséquilibrée par cet abruti qui lui avait attrapé les chevilles. De colère, elle frappa à coups de pieds dans elle ne savait trop quoi - ses mains, ses bras, sa tête, peu importait. Elle eut à peine le temps de se retourner sur le dos que Cinq était sur elle. La Carrière put tout juste lever la jambe, maintenant une distance suffisante entre eux pour qu'il ne puisse l'étrangler ou l'égorger. Mais presque aussitôt, une douleur fulgurante monta depuis sa jambe gauche. Elle poussa un cri où se mêlait la surprise, la peur et la rage, repoussa Cinq, se redressant dans la foulée. Son couteau vint effleurer l'avant-bras du jeune homme, ouvrant le tissu comme la peau. Il recula d'un pas ou deux, visiblement surpris de voir son propre sang couler, même si la plaie n'avait rien de sérieux. La brune en profita pour se relever, serrant les dents sous la douleur de sa propre blessure. Sans prendre le temps de la regarder, elle repositionna son couteau, positionnant la lame sur le côté, fonça sur Cinq et lui asséna un coup de poing en pleine mâchoire. Il allait mourir, mais avant ça, elle comptait bien passer sa colère sur lui et son pote. Profitant du déséquilibre causé par le coup, elle le repoussa violemment, le faisant tomber au sol. Peut-être bien qu'elle pourrait le rouer de coups jusqu'à ce qu'il meurt. Peut-être même qu'elle aimerait ça, songea-t-elle, avec une satisfaction mêlée d'effroi.

Un sourire satisfait trônant sur ses lèvres, elle s'avança jusqu'à Cinq, quand un bruit l'interrompit. Une branche venait de craquer. Elle fit aussitôt volte-face - Trois était toujours au sol mais quelqu'un d'autre venait de s'inviter à la fête... et comptait apparemment partir comme il était venu. Amelia ne comptait pas le laisser faire - encore moins alerter qui que ce soit. Elle oublia donc Trois et Cinq pour rattraper l'autre tribut, le plaqua contre un arbre. Quasiment instantanément, elle nota qu'il était désarmé, et qu'elle ignorait jusqu'à son district d'origine. Puis, elle décida qu'elle se fichait de qui il était - c'était peut-être même mieux ainsi. Sans lui laisser le temps d'appeler quiconque à l'aide, elle enfonça le couteau qui était toujours dans sa main droite dans l'abdomen du jeune homme. Il poussa un cri étouffé et elle s'éloigna alors que le sang brûlant commençait à couler le long de la plaie. Cette fois, la lame n'avait pas été détournée : sa blessure était mortelle et c'est le regard froid qu'elle le regarda glisser le long du tronc. Elle ne retirait aucune satisfaction de ce qu'il venait de se passer, mais aucune honte non plus : elle avait fait ce qu'il fallait, pour gagner, pour survivre, surtout. Sans s'attarder, elle s'éloigna du tribut agonisant pour rejoindre Trois et Cinq qui, l'espérait-elle, l'attendaient sagement.

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J'ai fui. Je suis un lâche.

Alors que le vent fouettait son visage glacé dans sa course folle et bruyante, il regrettait son acte, pourtant incapable de faire marche arrière. Il aurait pu faire demi-tour. Il aurait pu s'intéresser au sort de Nikolaï qui avait en quelques sorte distrait cette fille pendant un instant. Il s'était jeté sur la carrière alors qu'elle prenait l'avantage. Il aurait pu fuir lorsqu'elle essayait de se débarrasser d'Eddard. Il aurait pu ne pas l'aider, ne jamais lui confier ce couteau. Il aurait pu ne rien faire, et à cette heure là, Eddard serait mort. Artémis serait morte, elle aussi. C'était peut-être moins important à ses yeux mais cela faisait bizarre d'y songer. En tous les cas, le jeune homme avait l'impression d'avoir failli à sa tâche. Il avait quitté le front en pleine guerre, abandonné un allié dés que l'occasion s'était présentée. Il n'avait jamais eu l'impression de réellement tenir à ces gens des districts, excepté les quelques amis qu'il avait et dont l'habitant du district 5 ne faisait certainement pas partie. Pourtant, il assailli par les remords. Pourquoi ? Pourquoi le sentiment que la mort se tenait devant lui, le laissait-il désormais en proie à cette affection qu'il avait tant fui ?

Une larme roula sur sa joue. Il remercia silencieusement, agitant des lèvres tremblantes, celui ou celle qui s'était sacrifié pour lui. Il n'en avait certainement pas eu le désir, mais en se jetant ainsi dans la gueule du loup, il lui avait donné une chance de vivre. Eddard ne donnait pas cher de la peau du malheureux qui avait eu cette idée. Et il craignait qu'il en soit le même pour Nikolaï, si celui-ci n'avait pas profité de la même occasion pour prendre la poudre d'escampette.

Eddard s'arrêta. Puis, il s'accroupit avant de se vautrer par terre. Il était exténué.

Soudain un coup de canon. Puis, un deuxième.

Il est donc certainement vivant.

Invité

Cours, Nikolaï. Cours plus vite que le vent.

Un coup de poing sur la mâchoire. Que peut bien faire un coup de poing sur la mâchoire à ce stade de la bataille? Un bleu? Rien de trop handicapant par la suite. Même en ajoutant la blessure à l'avant-bras, je devrais être capable de survivre. L'issue des jeux pourrait être la victoire. La survie d'Adara n'est pas mise en doute par cette simple blessure. La fille du Quatre s'avance, alors qu'un rictus se dessine sur mes lèvres. Qu'elle vienne. Je n'ai pas peur d'elle. Elle semble confiante. Sûre de gagner. Je serre encore plus mon couteau, avant de le pointer en direction de la fille. Je ne compte pas me laisser battre par une petite arrogante gâtée depuis sa naissance. Un bruit semble attirer son attention. Elle tourne sa tête vers la source, tout comme moi. Une branche qui craque ne peut rimer qu'avec un tribut qui arrive. La carrière s'éloigne, ce qui prouve que le tribut en train d'arriver n'est pas un carrière. Ou, en tout cas, il n'est pas un carrière décidé à donner un coup de main à la fille du Quatre. Eddard prend la fuite sur le champs, sans hésiter. On aurait pu essayer de maîtriser la carrière pendant qu'elle était occupée avec l'autre tribut. Mais c'est trop tard désormais. Sans attendre plus, je me lève, avant de commencer à courir. Un coup de canon brise la calme qui suit la tempête. Et un deuxième le suit. Byebye tribut inconnu.

Je ne regrette pas le fait que cet inconnu soit mort alors que moi j'ai survécu. C'était soit lui soit moi. Et sa survie n'aurait pas donné à manger à ma famille. Je n'arrête pas de courir au milieu des racines qui occupent le sol, en empêchant de marcher normalement. Je n'entends pas d'autres bruits en excluant les miens. Je suppose que Quatre ait eu sa dose de mort aujourd'hui. Une autre pensée la suit. Une pensée plus essentielle à ma vie, plus importante. Quelqu'un qui ne peut pas mourir dont j'ignore la position et l'état.

Adara.

Partis. Ces rats avaient lâchement fui. Amelia, dans sa frustration et sa colère, envisagea de les débusquer et leur faire la fête qu'ils méritaient. Suivre les traces de sang que chacun des deux avait laissé derrière lui aurait d'ailleurs été un jeu d'enfant. Mais un coup de canon retentit dans l'arène et fit accélérer son cœur dans sa poitrine. Pendant de longues secondes, elle guetta le second coup et, lorsqu'il arriva, fut soulagée de constater qu'elle était toujours en vie. Ce n'est qu'alors qu'elle réalisa que les morts qui venaient de se produire devaient être de son fait. Elle ne s'arrêta cependant pas sur le meurtre qu'elle venait de commettre, se souvenant de quelque chose de plus important - de la seule chose qui comptait en fait, aujourd'hui : Callum. Elle devait le retrouver, vite, avant que quelqu'un ne lui ôte la vie. Hors de question de perdre plus de temps en pourchassant les deux autres tributs et, qui plus est, en risquant de les retrouver auprès d'un binôme en pleine forme et plus aguerri au combat. Elle était seule et cela signifiait qu'elle ne pouvait pas se permettre de tels risques.

Décidant qu'elle avait suffisamment erré de ce côté-ci de l'arène, la Carrière repartit donc sur ses pas, passa devant le cadavre gisant du tribut qu'elle avait tué. Elle remarqua alors qu'il avait un sac à dos et, après une légère hésitation, s'accroupit aux côtés du corps encore chaud pour le débarrasser du sac qui, elle l'espérait, contenait quelque chose d'utile. Elle n'y trouva qu'un briquet et une gourde. Amelia récupéra donc la bouteille, jeta le reste et marcha encore un peu avant de s'accorder une pause durant laquelle elle tenta de nettoyer sa plaie, et ses mains pleines du sang d'un autre adolescent. Ce n'est qu'en reprenant le chemin que la tribut réalisa à quel point elle se sentait vide. Vide et fatiguée. Il fallait qu'elle retrouve Callum.

» rp nikodarlia