broken doll. (hannaleigh)

J'ai toujours rêvé d'avoir une vie parfaite. De me marier avec une personne qui kidnapperait mon cœur, d'avoir des enfants avec mes cheveux et les yeux de mon mari, de les regarder grandir et avancer dans la vie. J'aurais eu un chien, et j'aurais joué avec lui dans le pré derrière ma jolie maison que j'aurais partagé avec ma famille. Pas celle de mes parents. La mienne. J'aurais vieilli aux côtés de mes enfants et de mon âme sœur, en aidant mes fils à s'en sortir dans la vie. J'aurais serré mes petits-enfants dans mes bras. Et pour finir, je serai morte dans un lit, les cheveux blancs tombant à côté de mon lit, en serrant la main de ma progéniture, en souriant faiblement, alors que des larmes auraient coulé le long de leurs joues. Mais tout ça n'était qu'un vain espoir, désormais. Je n'étais plus au District Un. Le matin je ne me coiffais plus, je ne liais pas mes cheveux dans une queue de cheval, et je ne sortais plus dans une de mes plus belles jupes, en me ravissant de la chaleur du soleil sur ma peau. J'étais au District Deux. Et j'allais y rester jusqu'à la fin de ma formation. Jusqu'à qu'ils aient fait de moi une arme à leur service. J'allais devenir une pacificatrice, dans le but de garder la paix à Panem. J'allais suivre le chemin de mon oncle, suivre ses pas, pour la plus grande fierté de mon père.

Mes pieds nus parcouraient la plage, qui, à ce moment de la journée était déserte. Disparues les voix des habitants venus se bronzer, oubliés, les cris des enfants jouant sous le soleil. L'eau est toujours aussi froide, à croire qu'on est pas censés nous y baigner. Je laissais au sable le plaisir de noyer mes extrémités, alors que j'attendais, avec les vagues venant rencontrer mes pieds. Cet endroit était tellement calme. Nul doute que maintenant les enfants l'envahissent, l'oppriment. Je faisais retourner ma bague sur mon doigt, en répétant le discours que j'avais déjà préparé et que j'avais désormais mémorisé. Tout semblait tellement simple à ce moment. « Hanna'! » Sa voix avait eu l'effet d'un coup de massue en pleine tête. Je me retournais, alors que les mots commençaient à s'embrouiller dans mon esprit. Mes lèvres s'étaient étirées dans un sourire tendu, en espérant couvrir l'angoisse qui remontait des profondeurs de mon être. Ses cheveux roux étaient illuminés par le soleil, et ses yeux verts semblaient briller de joie. La joie de me voir, sans doute. « Hey. » Ses bras m'avaient serrée. Une dernière fois. Dommage qu'il ne l'ait pas su. Dommage qu'il n'ait pas su que c'était la dernière fois qu'il me voyait sans me haïr. « Ça va? » Mes yeux s'étaient baissés, ne réussissant pas à soutenir son regard. C'est à ce moment que j'avais remarquer des fleurs dans ses mains. Des roses. Mes fleurs préférées. « Dylan... » Un sourire illumine son visage, alors que les larmes mouillent mes yeux. Je prends les fleurs, en les serrant dans mes mains après avoir murmuré un « Merci. » étouffé. « Écoute... Je dois... » Sa main avait serré la mienne, d'une façon qui était remplie de douceur. Ce petit détail avait brisé mon cœur, en détruisant les dernières sûretés que j'avais, de telle sorte que ma voix tremblait, et n'était pas remplie d'assurance comme à son habitude. « Je t'ai trompé. » Sa main avait lâché la mienne plus vite que l'éclair. « Quoi? Comment... Comment as-tu pu faire ça? » Je voulais l'embrasser, laisser ses bras m'étreindre une dernière fois. J'aurais voulu lui dire la vérité, même si elle était dure. Mais je ne pouvais pas. Je ne pouvais pas m'amuser à jouer avec son amour en le laissant en attente d'un retour que je ne ferais jamais. C'était trop tard pour retourner en arrière. « Je... » Ma voix s'était cassée, et la fin de ma phrase était restée dans ma gorge. Il s'était éloigné, comme si j'étais devenue le pire monstre sur Terre. « Tu sais quoi? Ce n'est pas grave. Tu l'as fait. Du coup, tu peux gentiment aller te faire voir et disparaître de ma vie. » C'était la dernière phrase que j'entendais de lui. La dernière chose qu'il me disait, avant que je ne parte au District Deux. Je ne l'ai plus revu après. Ni avant, ni après ma formation. Il m'a laissée là, sur la plage, en compagnie des ondes, des roses qu'il venait de m'offrir et de mon chagrin.