« Si tu ne veux pas finir comme ta mère, tu ferais mieux de faire ce qu'on te dit. » murmura-t-il tandis qu'il te maintenant dos au mur. Le souffle court, tu ne pouvais pas bouger et encore moins te dégager. Tu t'en voulais d'avoir été si stupide et de t'être laissée entraîner de cette façon par cet abruti de caïd. Il te dégoûtait et rien que son intention de prendre quelqu'un à part pour lui prendre tout son argent était une chose totalement répugnante à tes yeux. Et qu'il utilise la mort de ta mère qui n'avait rien à voir avec ce qui se passait te rendait d'autant plus furieuse. Poussant un rugissement de frustration, tu dégageas un de tes bras suffisamment longtemps pour pouvoir le lui asséner dans l'entrejambe. Profitant de sa distraction tu pus te dégager totalement et tu commenças à partir quand tu sentis une main te retenir. Faisant volte-face aussi vite que possible tu eus à peine le temps de sentir son poing contre ta mâchoire que tu le repoussas violemment au sol tout en le maudissant. Hésitant entre l'envie de crier à l'aide et de le finir, tu optas finalement pour la deuxième solution. Consciente que tu ne faisais pas le poids à quatorze ans contre quelqu'un d'à peu près dix-huit ans, tu t'approchas de son corps posé au sol et te déchaînas contre lui de façon à ne pas alerter les habitants du district vivant dans les alentours. Ce n'est qu'à partir du moment où tu sentis des bras se resserrer sur toi que tu te arrêtas de donner des coups.
« Calme toi. Il a eu son compte, c'est bon. » commentas quelqu'un avant de t'entraîner quasiment à l'opposé de l'endroit où tu avais tabassé cet abruti. Encore remuée par tout ça, tu ne pris pas le temps de détailler le garçon qui t'avait sortit de là. L'adrénaline que tu ressentais en ce moment était si forte que tu ne savais même pas où tu trouvais actuellement. Ce n'est que lorsque tu sentis ta blessure à la mâchoire se calmer grâce à un linge froid que tu réalisas que tu étais assise dans la cuisine d'une maison inconnue. Prise de panique, tu commençais à te lever quand le jeune homme en question te fit rasseoir sans ménagement.
« Reste tranquille, tu veux ? Tu as pris un sacré coup. C'est même étonnant que tu ais réussi à dominer ton adversaire à ton âge et avec ton gabarit. » Bien trop stupéfaite pour assimiler les paroles de ce dernier, tu te levas en le poussant sans y prêter attention et quittas la maison tout en essayant de te repérer. Vexée par les propos que cet inconnu avait tenu sur toi, tu courais presque quand tu arrivas devant ta maison. Espérant y trouver ton père, tu fus ravie de constater qu'il avait terminé sa journée. Ignorant son air ébahi en découvrant ce qui devait être un bleu sur ton visage, tu fondis en larmes quand il te serra dans ses bras. Restant ainsi pendant quelques temps, tu étais bien résolue quand il se recula pour te regarder. Il devait sûrement avoir entendu parler de la mise à tabac d'un jeune homme puisque les nouvelles circulaient assez vite dans le district. Tu étais rassurée de savoir qu'il n'avouerait jamais que c'était toi son agresseur, non seulement parce que c'est lui qui voulait te faire du mal, mais aussi parce que tu étais bien trop jeune et bien trop maigre pour pouvoir mettre au tapis un homme comme lui. Bienheureuse de voir que ton père ne comptait pas parler de ce qui s'était passé, tu fus apaisée pour la première fois depuis des heures.
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« Je suis juste venu présenter mes condoléances et te dire que j'étais désolé pour la dernière fois ! D'accord ? » s'exclama-t-il tandis que tu fermais déjà la porte de ce qui était devenu ta seule maison. Pas vraiment d'humeur à recevoir de la visite après la mort de ton père, et encore moins de sa part, tu constatas avec agacement qu'il s'acharnait contre la porte. Ouvrant de façon brutale, tu comptais bien le faire partir. Chose qui n'était pas de son goût puisqu'il s'engouffra chez toi immédiatement. Effarée, tu claquas la porte et te retournas, prête à en user de la violence si il ne partait pas tout de suite.
« Dégage ! » hurlas-tu tandis qu'il te faisait face. Son air désemparé n'eut aucun effet sur toi et t'agaçait justement au plus haut point. Alors même que tu t'avançais vers lui, il te prit de court en t'immobilisant les poignets avant de plonger son regard dans le tien.
« C'est vrai que tu vas suivre la formation de pacificatrice ? » Bouchée bée, tu ne sus quoi répondre à cette question. Prenant ton silence pour une affirmation - ce qui était le cas -, il te lâcha les poignets et fit le tour de la pièce.
« Mais enfin tu es irresponsable ou quoi ? Tu sais ce que ça implique ?! » Aussi vexée qu'il y a de cela quelques années, tu croisas les bras et fronças les sourcils.
« Ah oui, je suis trop jeune et j'ai pas le gabarit. Tu peux m'épargner ton sermon, je le connais déjà. » répliquas-tu avant de continuer.
« Et puis je ne connais même pas ton prénom, alors tu n'as aucun conseil à me faire ! » C'était certes puéril de ta part mais il l'avait bien cherché à venir ici te faire la morale et te rappeler ta condition de femme faible qui ne pourra jamais être pacificatrice. Voyant bien à quel point il était énervé lui aussi, tu ouvris la porte et lui fit signe de partir d'un mouvement léger de la tête. Les yeux fixés sur un coin de la pièce, tu ignoras son hésitation et oublias toute ta haine quand il te murmura quelque chose à l'oreille avant de partir.
« C'est Caleb, mon nom. »