Eddard ζ There is only one God, his name is Death.

Chapter 1 : i was left to my own devices

« Et toi, tes parents ils font quoi ? »

Cette question. Cette question que l'on lui posait si souvent lorsqu'il était jeune. Cette question à laquelle il avait pourtant répondu des dizaines et des dizaines de fois si aisément ! Cette question qu'il aurait aimé interdire. Car lorsqu'on l'interrogeait au sujet de ces parents, Eddard se braquait. Il avait peur. Peur de ce qui était pourtant l'entière vérité. Il avait peur que les autres sachent à quel point il avait pu avoir une belle vie... Et tomber si bas. Mais pourtant, il refusait de mentir. Il souhaitait affronter en face sa propre

« Mon père travaille au capitole mais je sais pas trop ce qu'il y fait. » « Oh ! C'est vrai ! La vache, c'est là où je voudrais bosser plus tard moi aussi ! Et ta mère ? » « Elle est morte. » « Ah ? Mais c'est qui celle qui vient te chercher alors ? » « Quelqu'un. » « Qui ? » « J'te l'ai dit. Quelqu'un. »

La discussion allait rarement plus loin. Car oui, Eddard se donnait l'interdiction de mentir. Mais à aucun moment il n'avait accepté de répondre aux questions qui l’embarrassaient le plus. Et parler de sa famille adoptive, oui, cela le dérangeait. Ou plutôt, cela le fatiguait. Car ces gens là l'insupportaient. Il ne les comprenait pas, eux, gens des districts. Ils étaient... Différents. Comme tous les gens de ce district, d'ailleurs. Mais eux. Eux, ils voulaient le changer. Eux, ils avaient essayé de le faire travailler, de le rendre comme eux. Cependant, Eddard s'y était tout bonnement opposé. Il refusait catégoriquement de devenir comme ces habitants des districts qu'il avait toujours méprisé dans sa vie. L'époque était certainement mal choisie. A l'adolescence, il était normal de refuser les gros changements. Et celui-là n'était pas même gros ; Il était énorme.

Chapter 2 : Does it almost feel like
Nothing changed at all ?

Devant lui, un miroir. Qu'y voyait-il ? Il va de soi qu'il s'agissait de son reflet. Mais lui. Lui, lorsqu'il s'interrogeait, qu'y voyait-il réellement ? Ce visage... Celui d'un inconnu. Ce visage qui se construisait au fur et à mesure qu'il grandissait. Ce visage lui paraissait irréel. Il ne se reconnaissait plus. En lui, il ne reconnaissait plus les traits qui faisaient s'exclamer les gens quelques années auparavant : « Comme tu ressembles à ton père ! » Non, il ne voyait désormais en lui que les traces qu'un autre avait laissé. Ce salopard qu'il n'avait jamais connu. Ce soit-disant "père" qu'il n'avait jamais eu. Cet homme qui n'avait fait qu'être présent une fois dans l'ensemble de sa vie et qui s'était barré dieu seul sait où par la suite.  Cet inconnu qui le faisait se haïr lui-même.

Eddard fixa ses cheveux blonds quelques instants avant d'y amener une main hésitante. Personne dans sa famille n'avait eu de cheveux décolorés depuis des générations. C'était très rare, que disaient les médecins ! Son œil, oui ! Déterminé, il ramena soudain son bras vers l'évier et attrapa une paire de ciseaux qui était posée sur son rebord. Se mordant la lèvre inférieur, le jeune homme respira un grand coup avant de se saisir de la mèche qui lui tombait devant les yeux et d'entreprendre de la couper. Ah ! Il ne voulait plus les voir, ceux-là ! C'était comme si chaque cheveux qui chutait sans bruit dans le lavabo représentait les coups qu'il aurait aimé asséner à ce satané paternel. Oui, son géniteur n'avait qu'à bien se tenir !

L'adolescent se regarda une nouvelle fois dans le miroir. Il se sentait comme... Apaisé en constatant que ses cheveux étaient désormais bien plus courts. Malheureusement il n'était pas certain de pouvoir trouver dans le district quelqu'un qui puisse lui teindre les cheveux dans ses moyens mais il allait déjà mieux. Rien n'était terminé pour lui mais il tenait à effacer un maximum de ces traits de ressemblance avec celui qui l'avait procréé. C'était le prix à payer s'il voulait un jour retrouver son seul et véritable père.

Chapter 3 : Oh where do we begin ?

Ce matin, sa mère était morte. Sa mère... Ce n'était pas le genre de mère dont on dit en continu du bien. Tout simplement parce qu'elle n'avait rien d'une bonne mère. Elle, c'était une femme d'action. Elle, c'était une femme faite pour vivre pour elle-même et certainement pas pour les autres. Et même si elle ne l'avait jamais dit, Eddard savait qu'elle souffrait d'avoir eu un enfant. Le jeune homme se doutait bien qu'elle aurait voulu ne jamais avoir d'enfant. Elle qui avait du limiter ses rêves de grandeur pour élever un fils non désiré. Car leur famille était de la classe dite "moyenne". Ni très riches, ni pas assez. Et cela signifiait que les moyens n'étaient pas là pour financer quelqu'un chargé de la garde d'Eddard. Alors elle avait travaillé le plus qu'elle avait pu, mais elle en avait toujours voulu à son fils. Son fils qui n'y pouvait rien. Elle lui en avait voulu parce qu'elle méritait mieux. Elle en avait été certaine.

Et dans la même journée, il avait perdu un père. Un père aimant à ses heures et en général absent. Un père admiré par son seul et unique fils. Un fils à qui il avait destiné un grand avenir. Avant que toutes ses idées ne soient détruites par sa femme. Sa femme, trop fière pour mourir sans avoir craché à son mari tout ce qu'elle pensait de lui. Et lui avoir avoué ses nombreuses infidélités. Dans un élan de rage et de tristesse mêlées, M. Brooks avait ordonné des tests d'hérédité qui avaient prouvé qu'Eddard n'était pas l'enfant de celui qu'il avait toujours aimé.

« Va t-en. » « Quoi ? » « Pars... Un train t'attends. Tu quitte le capitole pour le district 3. » « C'est une blague ? » « Non. Adieu. »

Dans une seule journée, ce n'était pas que sa famille, ses amis, sa ville natale ni ses repères qu'il avait perdu. Il avait perdu toute une vie.

Chapter 4 : And the walls kept tumbling down in the city that we love

Le café. C'était vraiment dégueulasse. Mais à chaque fois qu'il avait besoin de réfléchir il s'en servait une tasse. Une tasse qu'il mettait des heures à avaler. Peut-être appréciait-il seulement l'action de tourner lentement sa cuillère le temps que le sucre fonde ? Aeden s'était en tous cas moqué à maintes reprises de cette petite habitude qu'il avait prise mais il avait choisi de l'ignorer. Les gens des districts ne pouvaient pas comprendre, ça non. Ils n'avaient pas la même définition que les habitants du capitole des mots "confort" et "détente".

Eddard restait les yeux fixés sur sa petite tasse de verre d'un blanc sale. Bien qu'au départ c'eut été difficile, il avait appris à faire l'impasse sur les choses qui le dérangeaient. Après tout, ce n'était qu'une question de temps. Il savait qu'un jour il aurait l'occasion de revenir au capitole, sa terre natale qui ne le quittait jamais. Il se l'était promis, tout comme de récupérer son père. Et par là (pour éviter la confusion, parce que trois personnes masculines pouvaient prendre ce rôle dans sa vie) il entendait bel et bien celui qui l'avait élevé pendant des années sans que ni l'un, ni l'autre ne se doute un seul instant qu'il puisse n'y avoir aucun lien de sang entre eux. Et dans son esprit, Eddard était persuadé que son père regrettait de l'avoir fait adopter. Il fallait juste qu'il fasse le premier pas en lui montrant que malgré toutes les années passées, il pensait toujours à lui. Oui, son père devait juste avoir peur de sa réaction si il revenait, c'était tout. Alors le revoir le ravirait et ils vivraient ensemble pour toujours. Et quand bien même son père ne voudrait plus de lui, il aurait les moyens de lui montrer qu'il était tout sauf un bon à rien. Il participerait aux Hunger Games.

To be continued...