nuit j1/j2 (~02:00) + th escape. (a.s + c.r)

Callum vérifia une dernière fois que tout le monde dormait bien. Ce début de jeu avait été plus calme qu'il ne l'avait imaginé, il fallait dire que vivre avec les carrières, c'était assez pépère. Il y avait de la nourriture, des armes, de l'eau, c'était l'endroit rêvé pour passer des jeux tranquille, à l'abri du danger. Pourtant, il n'avait pas envie de rester. Malgré la présence de Rell, et surtout de son binôme Amélia, il ne se sentait pas à l'aise en compagnie des autres carrières. Il ne faisait absolument pas confiance à Nathaniel, encore moins à ce Damon et cette Olivia, ou encore ceux du district 1. Car malgré ce qu'il pensait au début de la journée, il s'était rapidement rendu compte que vivre à la Corne entourés de ces fous, était plus dangereux qu'arpenter l'arène, tel un électron libre. A tout moment, il pouvait se faire trancher la gorge. Pourquoi les carrières seraient loyal envers lui de toutes façons ? Il n'en était pas un, et il avait survécu tout ce jour grâce à sa seule condition avec Amelia. Partir était plus sur pour lui, mais c'était aussi plus sur pour son binôme, d'une certaine façon. Du moins il essayait de s'en convaincre.

Plus tôt dans la journée, il avait commencé à réfléchir à ce qu'il pourrait faire. Il ne pouvait décidément pas partir comme ça, ou même faire croire qu'il partait faire un tour et prévoyait de revenir (avec un gros sac sur le dos, une arme et des vivres, ce ne serait pas du tout louche c'est vrai.) il en était rapidement arrivé à la conclusion que partir en pleine nuit était la meilleure solution. C'est pourquoi, discrètement, il avait préparé ses affaires. Dans un sac, il avait fourré une gourde d'eau, et un paquet de biscuit. Il ne savait pas de quoi demain sera fait, ni même des ressources que l'arène pourrait lui offrir. Il espérait juste trouver des trucs comestibles, ainsi qu'une source d'eau, pour se tenir en vie, tout de même. Il avait toujours son assortiment de couteaux à la taille, ce qui lui sera utile pour se défendre, et il avait aussi préparé des pièges tout autour de la corne. Piège qu'il avait installé pour faire bonne figure, mais qu'il comptait bien reprendre. Après tout, c'était ce qu'il maîtrisait le mieux. Ensuite, il s'était proposé pour prendre un tour de rôle en pleine nuit. Au départ, les autres étaient réticents, mais heureusement, Aurelianne s'était proposée pour garder le campement avec lui, en même temps. Ca aurait pu jeter tout son plan à l'eau, mais Callum n'en fut même pas contrarié. Car, la connaissant un peu, il savait qu'elle ne tenterait pas de le retenir.

Quand enfin vint son tour et celui d'Aurelianne, il attendit que les précédents veilleurs s'endorment bien pour commencer ses préparatifs. Dans un premier temps, il se leva et, calmement, prit le sac qu'il avait préparé, et le précipita sur son dos, sous le regard crédule de Rell. Il vérifia une dernière fois que tout le monde dormait bien, puis, il chuchota. « Bon, je m'en vais moi. » à l'intention de sa camarade de garde. Puis, il entreprit de démonter les pièges qu'il avait installé, dans le plus grand silence.

L'Arène me semblait étrange. Certes, je n'allais pas me plaindre, nous avions été très chanceux ; d'immenses forêts s'étalaient jusqu'à l'infini, les prés pliaient placidement sous le vent chaud et sec - du moins pour une habitante du Quatre comme moi -, une montagne enneigée surplombait le paysage. Certes, la bande qui était partie en éclaireur plus tôt dans la journée nous avait fait mention d'une rivière qui semblait être la seule source d'eau jusqu'ici, ce qui rendrait un jour ou l'autre la recherche à l'hydratation un peu plus difficile, mais nous nous sentions en sécurité. Quelque chose dans ce paysage paradisiaque semblait nous apaiser, comme un atmosphère cotonneux qui nous transporterait peu à peu vers le monde des rêves. Mais malgré tout et justement pour cette raison, je restais sur mes gardes, principalement en cette première nuit. Je ne faisais pas confiance à une Arène aussi tranquille, particulièrement pour une édition comme l'Expiation. Qu'est-ce qui allait nous tomber dessus, cette fois, hein ? Des vampires, zombies ? La nuit ne rendait la situation que plus sinistre ; rien ne les empêchait de créer une Arène sécuritaire de jour mais mortelle de nuit. Mais même si mes pensées étaient tournées sur moi-même, je ne pouvais m'empêcher de réfléchir également aux autres. À ceux qui étaient tombés. Leurs visages étaient apparus dans le ciel quelques heures plus tôt, illuminant une dernière fois le paysage avant de disparaître à tout jamais et être réduits à l'état de souvenirs. Je ne connaissais que le binôme du Un qui avait perdu, mais je les avait tout de même tous vus. À commencer par Spens, notre allié décédé, avec qui pendant les entraînements nous nous amusions à faire semblant de nous draguer sous les regards désespérés de nos binômes respectifs. Et puis la gamine du Douze, tout juste éligible. Je les avais tous vus bien vivants à peine vingt-quatre heures auparavant, puis tous morts, cuisant sous le lourd soleil d'été de l'Arène. Dix-huit. Ils avaient été dix-huit en tout à crever. Mais je pouvais au moins me consoler d'une chose : aucune de ces victimes n'était la mienne. Ça ne me rendait pas mieux que les autres - j'avais moi-même choisi d'envoyer Nathaniel à la boucherie et commençait même à le regretter -, mais je me rassurait avec ce fait. Le fait que je n'étais pas encore au même niveau que Damon ou Olivia, admettons. À mes côtés, Callum semblait profondément perdu dans ses pensées également. Lui avait-il du sang sur les mains ? J'aurais peine à le croire, étant aussi doux qu'un agneau, mais je ne parierais pas là-dessus, pas lors des Jeux. Tout pouvait arriver ; que se serait-il passé si Jared était venu à notre place ? Je ne pouvais pas miser sur sa gentillesse une fois le compte à rebours terminé. Non, à ce moment, nous prenions tous notre véritable forme ; une forme que personne ne pouvait connaître jusqu'à maintenant. Notre nature profonde ; la mienne s'est révélée être celle d'une froussarde de première. Celle de Jared pourrait tout autant être celle d'un tueur en série ; celui que je connaissais et celui de l'Arène étaient deux êtres distincts. Absorbée par ces pensées, je ne remarquai même pas que mes doigts avaient attrapé le médiator qui me faisait office d'emblème, le caressant comme le plus précieux des trésors. À vrai dire, il l'était, en quelque sorte. La maison me manquait, avec tous ses défauts. Le band me manquait. La musique me manquait. La liberté me manquait. Je n'avais plus maintenant qu'à me dire que d'une certaine manière, je voyais le monde, tout aussi factice était-il ; j'était un tout petit peu plus libre que lorsque j'avais quitté mon district. J'avais vu le Capitole, les terres sauvages dans le train. Puis cette Arène. C'était beaucoup plus que de nombreux habitants pouvaient se permettre d'essayer.

Soudain, Callum se leva d'un bond, me tirant violemment de mes rêveries. Je le regardai d'un air suspect alors qu'il se mit à attraper un inventaire détaillé ; il partait. La bouche entrouverte, je ne pouvais que le voir sans agir, incapable de faire sortir le moindre son.

"Bon, je m'en vais, moi", déclara-t-il.

Je clignai des yeux à répétition tout en essayant en vain de formuler un mot, comme si j'étais en plein bug informatique du cerveau.

"M...Mais", réussis-je à articuler, "quoi ?"

Je me ressaisis, m'éclaircissant la gorge.

"C'est une blague, j'espère."

Spoiler:

» ≈ we found a way to escape the day.
» si nous ne brûlons pas, comment éclairer la nuit ? (ec.)