Sujet: the kids aren't alright. ▼ (maj) Mar 24 Sep - 20:17
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Grogner. Enfoncer ses mains dans ses poches. Ruminer, traîner des pieds. Et finalement relever les yeux vers l’immense bâtisse se tenant juste là. Hannibal soupira lentement, se forçant à rester calme. Il baissa rapidement ses prunelles céruléennes vers la porte d’entrée, tentant en vain de dissiper le malaise soudain qui venait de l’envahir. Il ne voyait pas le ciel. Il était trop loin, bien trop pour qu’il puisse ne serait-ce que l’apercevoir. Il le devinait, au-dessus des toits de ces demeures dont il ne voyait déjà même pas le sommet. Mais jamais plus il ne le verrait de ses propres yeux. En photo, peut-être. Pour le reste, c’était impossible. Il était condamné.
Soupirant, il toqua lourdement à la porte, avant de remarquer la cloche. Il enfonça le petit bouton approprié, attendant qu’on vienne lui ouvrir. Il ne s’attendait pas à voir la maîtresse de maison se présenter directement à lui, aussi ne fût-il pas étonné lorsque le visage d’un apparent domestique se présenta à son regard abîmé. Il esquissa un sourire bref, et n’eut pas besoin d’ouvrir les lèvres que le passage lui était déjà cédé. Il fit quelques pas, jetant un rapide coup d’œil autour de lui, cou rentré dans les épaules, légèrement voûté. Il n’était jamais très à l’aise à découvrir une demeure de cette ampleur, et n’était de toute manière pas des plus friands de la notion de taille chez les Capitoliens. Rien n’était modeste, quand bien même les propriétaires auraient été dotés de la plus grande des modesties, ce dont il n’était généralement rien. Ils faisaient dans la grandeur. Pas de demi-mesure. Épater les voisins, profiter au maximum de sa condition. Focalisés sur ce point, méprisant ceux qui leur permettaient de vivre dans le plus grand des conforts. Lentement mais sûrement, Titus sentit la rage remonter dans ses veines, courant mortel, empoisonné. Il renifla, déglutit. Suivi le domestique au travers des quelques pièces immenses de la maison. Au district, on aurait appelé ça un palais.
Il regardait devant lui, guettait la moindre anomalie du sol, dans laquelle il aurait pu se prendre les pieds. Il ne trébucha pas, parcours presque parfait jusqu’au salon où le laissa finalement le domestique. Hannibal eut un bref signe de tête à son attention, un léger sourire lui échappant par réflexe. Il regarda autour de lui. S’efforça de se faire le plus petit possible, dans son coin. De ne rien dire. De ne pas bouger. Mal à l’aise. Il était attentif au moindre bruit, au moindre son pouvant subvenir dans la maison. Il guettait celle qui l’avait invité. Pourquoi était-il là ? Il continuait d’accepter de se faire payer, malgré sa retraite officielle en tant que prostitué. Parfois, certaines le désiraient encore. Il ne disait pas non. Jamais vraiment. Peut-être celle-ci en avait-elle envie. Peut-être voulait-elle simplement passer sa colère sur lui. Peut-être aurait-elle un comportement tout à fait atypique, au final. Il n’en savait rien. S’en fichait.
Il soupira. Et se figea. Les sons lui parvinrent finalement. Quelqu’un s’approchait. Le cœur battant, ses yeux se posèrent sur la porte qui venait de s’ouvrir. La voilà.
Et maintenant ?
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Sujet: Re: the kids aren't alright. ▼ (maj) Mar 24 Sep - 21:30
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Elle ne savait pas du tout ce qu'elle était en train de faire, ni pourquoi est-ce qu'elle avait décidé de faire venir un vainqueur chez elle. Surement que ses parents ne seraient pas du tout d'accord, mais elle n'en avait rien à faire. Elle était seule. Seule dans cette foutue maison trop grande. Endroit dans lequel elle pourrait aisément se perdre. C'était la première fois qu'elle prenait le temps de choisir ses vêtements. C'était la première fois qu'elle allait officiellement voir un vainqueur. Pourquoi lui? Pourquoi pas un autre? La jeune femme avait pris soin d'observer chaque année de jeu et lui, il avait marqué son esprit. Son histoire. Sa façon de faire. La jeune femme observait son image dans la glace. Elle agissait comme une vrai capitolienne, comportement qu'elle détestait particulièrement. Prendre le temps de trouver ce qu'elle allait porter, ce n'était pas elle. En temps normal, elle prenait la première chose qui lui tombait sous la main, sans que ce soit un de ces trucs trop extravagants qu'elle détestait particulièrement. Qu'est-ce qu'elle allait faire au juste? Lui offrir un café. Un verre? Elle n'en avait pas la moindre idée et c'est aussi pour cette raison qu'elle se sentait nerveuse. Trop nerveuse. Comme une gamine. C'est ce qu'elle était. Elle allait avoir bientôt vingt ans. Il avait douze ans de plus qu'elle. La jeune femme était trop curieuse. Elle voulait savoir son âme, voir ses traits, savoir ce qu'il y avait en lui, sans lui poser les questions directement. Sa vie n'était faite que de faux-semblant. Que de richesse dont elle n'avait rien à faire.
Un soupir passa la barrière de ses lèvres alors qu'elle opta pour une simple robe noire qui tombait vaguement sur ses formes frêles. Rien de spécial. Rien de trop séduisant. Juste ce qu'elle était. Son coeur battait vite. Ses pieds foulaient doucement le sol froid parce qu'elle avait décidé de ne rien mettre, laissant sa peau nue se poser contre le carrelage. Maj avait spécifiquement demandé de se taire sur ce qu'elle faisait et elle avait confiance que cela allait rester secret. La brune se mit en route pour se rendre vers le salon et une fois arriver devant la porte elle s'arrêta net. En temps normal, les femmes faisaient venir les vainqueurs pour coucher avec eux, elle espérait qu'il ne soit pas déçu. Disons qu'elle n'était pas une très grande connaisseuse des hommes en général. Ses parents avaient tenté beaucoup de fois de la mettre en couple avec d'autres garçons de son âge, qui ne rêvaient que de richesses, mais elle faisait tout pour les faire fuir. Elle s'en fichait. Le son de la porte se fit entendre. À ce moment, elle se demandait ce qu'il pensait, comment il se sentait de devoir se déplacer pour quelqu'un qui voulait de lui. Tellement de questions se percutaient dans le fond de son esprit, mais elle ne dit rien, pas encore. Il était là. Assis. Loin. Encore loin. Assez loin pour qu'il ne voit pas grand-chose d'elle. Elle. Elle était figée. Son regard s'était posé sur lui. Elle pouvait parfaitement le détailler, parce qu'elle voyait tout, les détails, le sombre de ses yeux, la fatigue sur ses traits. Le silence se faisait surement pesant, mais elle n'y pouvait rien, elle se sentait emballée et tellement perdue. Le temps passa, doucement, et elle se décida enfin à s'approcher, se demandant mentalement ce qu'elle pourrait bien lui dire. Plus elle s'approchait, plus elle se sentait étrange. Il était comme la matérialisation de tout ce qu'elle avait pu voir à l'écran. Pour elle, tout n'était que rêverie. Elle ne s'était jamais approchée d'un vainqueur. Elle vivait dans son monde, dans l'espoir que tout soit faux, même si elle savait parfaitement que ce n'était pas le cas. Ce ne fut pas long avant qu'elle soit assez près pour qu'il puisse finalement distinguer les traits de la demoiselle. Aucune idée de ce à quoi il s'attendait, mais elle était là. Fragile brune à la chevelure sauvage, qui ne portait rien de commun aux capitoliennes. Elle aurait voulu parler, mais ses lèvres semblaient scellées, pour le moment. Ses yeux caressaient chaque parcelle de son visage. Il était abimé, de l'intérieur, de l'extérieur, elle pouvait le voir. Simplement. Elle s'approcha encore pour lui tendre la main, parce qu'elle se disait que c'était la meilleure chose à faire. « Je me nomme Maj.» Elle sourit. « Je sais, c'est un étrange prénom.» Elle serra doucement sa main dans la sienne. « Pas besoin de vous présenter, je sais qui vous êtes.» Elle le vouvoyait oui, parce qu'elle ne le connaissait pas. « Vous voulez boire quelque chose?» Elle était nerveuse. Trop nerveuse. Elle était incapable de détacher son regard du sien. De lui.
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Sujet: Re: the kids aren't alright. ▼ (maj) Mar 24 Sep - 22:35
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Elle était là. Il le savait, il le sentait. Cependant, la pièce était trop grande et la porte trop éloignée de lui pour qu’il puisse réellement l’apercevoir. Sa vue ne lui était d’aucune utilité ; ne restaient plus que son ouïe et, aussi étrange que cela puisse paraître, son odorat. Il ne bougeait pas. Assis. Cependant, lorsqu’il fut certain qu’elle pouvait le voir, il se leva, appréhendant férocement l’idée de se retrouver assis, en position inférieure, face à qui que ce soit. Surtout face à un petit bout de femme. Mâchoires contractées, il prit son mal en patience. Il ne la voyait pas. Il ne la voyait pas, bon dieu. Il aurait aimé ne serait-ce que l’apercevoir. Voir à quoi elle pouvait bien ressembler, ce pendant qu’elle restait dissimulée dans l’embrasure d’une porte trop éloignée pour sa pauvre vision. Il s’efforçait d’apparaître détendu ; en vain. La mise en évidence de sa faiblesse le prenait à la gorge. Il était incapable de voir jusqu’à sa propre hôte. Handicapé. Il tenta de ne pas y penser. De songer à autre chose. De ne surtout rien laisser paraître. Mais Hannibal était lui-même, aussi sûrement que cette petite, toute prude ou exubérante qu’elle aurait pu être, était une Capitolienne. Il était nerveux. Appréhendait. Pourtant, aucun commentaire ne parvint à ses oreilles. Après un temps d’attente qui lui parut une éternité, elle sembla s’approcher. Les pas feutrés arrivèrent à ses tympans. Elle ne s’était pas encombrée de chaussures, quelles qu’elles soient. Et, enfin, ses iris céruléens la trouvèrent.
Il se détendit instantanément, ou presque. Par réflexe, sa main attrapa celle que la jeune fille lui tendait, la serrant, essayant de ne pas lui faire de mal. Presque trop délicatement. Il avait l’impression que dans sa paume puissante, les doigts de son hôte allaient se briser, brindilles cassées sèchement par le vent. Sa poigne était douce, et agréable. Il la sentait, légère et hésitante. Et ce simple contact suffît finalement à le rasséréner. Au moment où il ouvrit la bouche pour se présenter à son tour, elle le coupa. Bien entendu, qu’elle le connaissait. Il avait agi par simple politesse. Il avait beau venir d’un district, il n’était pas dénué de manières surtout à force d’années à côtoyer les Capitoliens. Un sourire fleurit sur ses lèvres, tandis qu’il la dévisageait pleinement, incapable de lâcher son regard, également. Captivé. Happé par ses traits fins et ses airs si gracieux. Sa mine délicate et pourtant farouche. Elle était ravissante. Mais ne semblait nullement l’avoir invité pour profiter de lui physiquement. Au premier abord, tout du moins.
À sa question, il ne sut que répondre. Il sentait la nervosité s’émaner d’elle, et aurait aimé pouvoir la rassurer. Il ne savait cependant comment se gérer lui-même ; apaiser les autres relevait de la science inexacte. Un simple sourire amorça sa réponse, tandis qu’il effectuait un pas en avant, nullement gêné par la proximité. D’ordinaire, il aurait pu. Mais il aimait pouvoir discerner au mieux les traits de ses vis-à-vis. « Si vous avez quelque chose à m’offrir. » L’insolence mise de côté. Il n’avait pas envie de la sortir face à cet oisillon si fragile. Il avait cette sensation étrange, colosse tenant dans le creux de sa main un moineau, petit volatile hésitant et anxieux. Il avait finalement lâché sa main, la laissant rejoindre le fond si familier de sa poche. « N’ayez pas peur, hein. » Il ne réfléchissait plus vraiment. Les mots sortaient, le plus simplement au monde. « J’vais pas vous manger. »Je n’y ai même pas pensé. Son sourire se voulait calme, et apaisant. Il était intrigué. Elle n’était pas comme toutes les autres. Elle était habillée simplement. Ne l’aguichait pas. N’avait pas attrapé possessivement ses lèvres pour le saluer, comme le faisaient désormais la majorité de ses habituées. Elle restait délicate. Fragile. Éphémère.
De quoi as-tu peur, petit oiseau ?
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Sujet: Re: the kids aren't alright. ▼ (maj) Mer 25 Sep - 2:52
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Elle laissait son regard glisser sur chacun de ses traits. La noirceur de ses yeux. Les images qui semblaient y flotter. Les images. Les souvenirs qui marquent un esprit à jamais. Plus elle s'approchait, plus elle sentait son corps se crisper lentement, plus elle sentait son corps devenir douloureusement fébrile. La demoiselle n'était plus la maîtresse de son coeur, qui s'amusait à résonner contre sa cage thoracique. Son regard se plantait dans le sien. Regard dont elle n'avait simplement pas envie de se détacher. Il avait les traits marqués. Il avait ce quelque chose de brisé qui la fascinait plus qu'elle ne le voulait réellement. Devant lui, elle était un peu figée. Elle aurait voulu être à son aise et jouer la femme de la maison, mais ce n'était pas le cas. Elle était une petite poupée fragile, brisée. Une femme qui ne se trouvait pas au bon endroit. Perdue. Sa main se glissa doucement dans la sienne, trouvant la chaleur masculine de la sienne et étrangement réconfortante. Un étrange frisson passa le long de sa peau alors qu'elle pencha le visage lentement sur le côté, ne détournant pas son regard su sien. Fasciné. Étrangement attiré. Mais les hommes, ce n'était pas du tout dans la tasse de thé de la jeune femme. La demoiselle préférait se perdre dans son monde courbe, de couleur et de sculpture, plutôt que de ses perdre dans les vices des corps qui s'entrechoquent. Elle avait pourtant une étrange envie de sentir la rudesse de sa peau sous le cristallin de ses doigts, mais elle ne fit rien. Elle ne fit rien autre que de sentir son coeur s'arrêter alors qu'il fit un pas vers elle, réduisant encore plus la distance qui se trouvait entre eux. « J'ai un tas de choses ici. Ça dépend de ce que vous avez envie de boire.» Un léger sourire passa sur ses fines lèvres teintées d'une couleur rosé. Elle avait un peu de maquillage, mais rien de bien apparente, juste de quoi accentuer le bleu de ses yeux ou la courbe de ses lèvres.
La demoiselle baissa le regard un moment pour observer le sol quelque instant. Se plonger dans ses yeux était prenant. Ça la rendait tellement fébrile. Elle connaissait par coeur tous les jeux. Non parce qu'elle était une fervente admiratrice, mais parce que ça la dégoûtait, parce que ça la fascinait et qu'elle n'arrivait pas à se situer, elle n'arrivait pas à comprendre l'utilité de tout cela. Autant de morts, sans raison. Un léger rire passa entre ses lèvres alors qu'elle releva le regard pour poser ses yeux directement dans les siens, se plongeant dans ses abysses inconnus, mais qui renfermaient tellement de secrets. « Je n'ai pas peur.» Enfin, ce n'était pas de la peur, mais une excitation bien différente de celle qu'il avait pu rencontrer avant elle. Jamais elle ne lui parlerait directement des jeux, jamais elle ne poserait ouvertement les questions qui planaient dans le fond de son crâne, mais elles étaient bien présentes et elle était simplement incapable de se détacher. Il pouvait voir. Elle le voyait. Elle le savait, mais elle avait aussi remarqué que c'était limité. « J'espère.» Souffla la jeune femme. Simplement perdu dans ce genre de moment qui ne lui était pas du tout commun. Trop de fascination. Trop d'observation. Elle avait du mal à se défaire de sa présence.
Elle resta à le regarder un petit moment avant de bouger, de se rendre dans le fond de la pièce pour se rendre à un bar qui y était installé. « Une coupe de champagne? Un verre de vin. De l'alcool fort. De l'eau. Selon vos envies.» Elle n'avait pas l'habitude de recevoir. De servir. La jeune femme n'était pas de plus douée, mais elle faisait ce qu'elle pouvait. Plus loin de lui, elle se sentait un peu plus en contrôle de ses actions. Quand elle s'approchait, elle peinait à réaliser qu'il était devant elle. Lui. Un vainqueur. Celui qu'elle avait vu souffrir, réduire à néant d'autre pour sortir vainqueur. Elle se doutait que les marques étaient présentes et peinait à partir. La demoiselle finit par ouvrir une bouteille de vin blanc. Parce qu'elle en aimait le goût. Elle avait été habituée à ces délices depuis toujours. Elle se servit un verre et lui apporta un verre de ce qu'il désirait. Une fois devant lui, un peu plus près qu'elle ne s'était positionnée un moment plus tôt, elle lui tendit le verre. Ses iris pâles se glissèrent une fois de plus sur son visage pour s'accrocher à son regard, comme si maintenant, elle avait du mal à se passer de cet étrange contact. La coupe se posa contre le rebord de ses lèvres pour en boire une gorgée, laissant le liquide couler lentement le long de sa gorge. Le goût était parfait. « C'est la première fois que je rencontre un vainqueur, seule à seule.» Elle fit une pause. Il devait se demander pourquoi lui et pas un autre. Ce n'était même pas pour le sexe en plus. C'était pour.. Elle ne savait pas vraiment. Pour combler ce besoin de les comprendre, de les connaître, de savoir. « C'est étrange.» Il devait se demander qu'est-ce qu'elle voulait. Le calme prenait lentement place. Lentement, mais elle restait obnubiler, fasciner, perplexe. Il était là. Seul avec elle.
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Sujet: Re: the kids aren't alright. ▼ (maj) Mer 25 Sep - 17:09
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À la réponse de la jeune femme, le vainqueur esquissa un léger sourire. Il n’osa poursuivre sa demande de boisson, attendant de voir ce qu’elle allait se servir, ou prendre le parti de lui offrir. Il avait peur à l’idée de commander de l’alcool ; peur à l’idée de paraître rustre, alcoolique, et de se précipiter directement vers les boissons fortes. Il resta donc simple, tentant d’ignorer la soif dévorante qui montait progressivement en lui. Il la regardait, et s’acharna à détailler ses traits doux lorsqu’elle détourna les yeux, l’espace de quelques secondes. Elle finit par lui proposer quelques boissons, s’éloignant réellement vers le fond de la pièce. Il se crispa légèrement lorsqu’elle disparut de son champ de vision, quelque peu perturbé par l’absence de présence de son hôte physiquement. Sa voix résonnait pourtant, tout autant que quelques secondes auparavant ; il tenta de rester calme, de ne rien laisser paraître. Souriant légèrement. « Alcool fort. Merci. » Il fourra ses mains dans ses poches, patientant quelques instants. Le temps qu’elle le serve, se serve. Et revienne.
Il n’avait aucune envie de paraître rustre et grossier, aussi étrange que cela puisse être. Il avait pour habitude de donner une image peu flatteuse de lui, ne se préoccupant pas le moins du monde de ce que pouvaient bien être amenés à penser les autres. Mais cette délicate jeune femme, cet oiseau doux et léger, il n’avait aucune envie de la brusquer. Il restait pourtant renfermé, distant. Lorsqu’elle revint, lui tendant son verre, il sortit les deux mains de ses poches, souriant toujours. Il attrapa le récipient, le levant très légèrement comme pour la saluer, avant de le porter à ses lèvres. Il en avala une grande rasade, avant de reposer ses prunelles glacées sur le doux visage de sa vis-à-vis. Ainsi donc, c’était la première fois qu’elle rencontrait un vainqueur. L’espace d’une seconde, il se prit à espérer qu’elle ne l’avait donc pas fait venir pour assouvir ses besoins sexuels. Son sourire s’adoucit encore, tandis qu’il faisait tourner le liquide ambré dans son verre, l’aérant, profitant de la sensation de chaleur qui amorçait sa course dans ses veines. Elle était plus proche de lui que de longues secondes avant. Il la regardait toujours. La voyait bien. Mieux.
Il porta à nouveau le verre à ses lèvres, avalant une nouvelle gorgée d’alcool, tentant de ne pas se soucier de la sensation de brûlure qui aurait provoqué quelques toussotements chez plus d’un. Étrange. Il abaissa le récipient, lui sourit. « Oh ? Et en quoi ? » Elle ne l’avait visiblement vu qu’à la télé. Elle était selon toute probabilité curieuse. De ce qu’il vivait, actuellement, de ce qu’il avait traversé, il y avait quelques années déjà. Elle devait être à peine née. Pauvre enfant. Il garda son verre dans sa main, laissant cependant son bras retomber le long de son corps. Il tint le récipient entre le bout de ses phalanges, sans pour autant prendre de risques de le faire tomber, à moins qu’on ne le bouscule. « Par simple curiosité. Pourquoi avoir jeté votre dévolu sur moi ? » Il souriait toujours, un air interrogateur et curieux reposant désormais sur ses traits. « Je ne suis pas celui que l’on réclame par réflexe. » Nouveau sourire. Il recula d’un pas, reprenant à nouveau son verre à pleine main. « Et je suis presque à la retraite. » Il ricana doucement, d’un air pourtant dépourvu de la moindre moquerie. Le sous-entendu était légèrement perceptible, pour celui ou celle qui aurait voulu en trouver un. Peut-être n’était-ce pas le cas de la jeune femme face à lui.
Peut-être, pour la première fois depuis longtemps, serait-il laissé en paix sur ce plan. Peut-être. Ou peut-être pas.
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Sujet: Re: the kids aren't alright. ▼ (maj) Jeu 26 Sep - 2:20
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Qu'est-ce qu'elle faisait? Elle aurait aimé le savoir. Comprendre ce qui se passait en elle. Pouvoir analyser ses actions, les pensées qui filaient tellement rapidement dans le fond de son esprit. La brune aurait aimé comprendre les sensations qui se faisaient ressentir dans les moindres parcelles de son corps. Cette envie de s'approcher, comme de s'éloigner. Comme les jeux. Cette foutue fascination qu'elle aurait voulu ne pas ressentir, mais ses yeux restaient figer à l'écran. Pourtant, elle se sentait mal. Mal à l'aise d'assister au destin de gens qui ne méritaient pas vraiment de mourir, de souffrir de la sorte. Ce devait être horrible. La nervosité. Cette envie de rester en vie. Lutter pour ne pas mourir. Devoir trahir. Devoir périr. C'était impensable. Il l'avait vécu lui et tellement d'autre. Lui qui était tout juste devant elle. Il devait être changé. Brisé à jamais de ces jeux qui restaient gravés dans le fond de son âme, se percutant en souvenir tellement douloureux à même de le briser, de le rendre fou. Elle ne savait pas à quel point. Le luxe. L'abondance. C'est ce qu'elle connaissait et détestait, pourtant, elle avait du mal à se séparer de ce luxe dans lequel elle vivait depuis des années. Il y avait une différence entre elle et les autres, mais il y avait une différence entre elle est les membres des districts. Une âme errante. Une personne qui n'avait pas réellement de place où se sentir à son aise. C'est ce qu'elle était. Quelque chose. Quelqu'un sans port d'attache. Nulle part.
Elle s'approcha de lui à nouveau, ayant versé un verre plein de whisky pour lui tendre. Elle. Elle ne connaissait pas vraiment les alcools. Maj se perdait dans les sévices de la drogue, se laissant porter par les sensations trop agréables affluant dans son corps. Là. Elle était dans son état normal. Elle ne voulait pas poser un regard totalement absent sur lui. Elle avait voulu être la maîtresse de ses actions. Le verre entre les doigts de son invité, elle laissa glisser ses iris bleutés dans les siens, se perdant dans les profondeurs de ses yeux. Il avait ce quelque chose qui la fascinait, sans qu'elle ne puisse le contrôler, sans qu'elle ne puisse y faire quoi que ce soit. Petite fleur. Petite chose fragile qu'elle était encore. Elle ne connaissait rien à sa vie. À leur vie. Elle ne connaissait que le moindre de ses gestes dans les jeux. Elle aurait pu lui citer ses actions, ses regards, ses moments de faiblesse, parce qu'ils étaient imprégnés en elle, dans son crâne, contre les parois de son cerveau. « C'est étrange de se voir matérialiser ce que j'ai vu à l'écran. De pouvoir le ressentir. Le voir. Le sentir.» La demoiselle marqua une pause avant de reprendre. « Je ne suis pas une fervente admiratrice des jeux, mais je les connais. Il faut croire que c'est de famille.» Elle voulait dire par là qu'elle n'avait pas réellement eu le choix de subir les envies de ses parents. Ici, c'était tellement normal de les suivre qu'elle avait dû faire comme les autres. Ce n'était pas elle. Ce monde. Cette façon de penser. Cette extravagance qu'elle trouvait tellement futile.
Son visage se pencha sur le côté. Elle était près. Plus près qu'elle m'avait osé l'être un moment plus tôt. Il était étrangement beau. Une beauté bien singulière avec ce quelque chose qui planait dans le fond de ses prunelles. Ce quelque chose qui faisait qu'elle était incapable de se détacher de lui. La demoiselle porta le verre à ses lèvres, laissant le liquide tiède rouler sur sa langue avant de glisser le long de sa gorge. Elle ne tentait pas de le séduire, ce n'était pas dans ses intentions, parce qu'elle se sentait bien médiocre à ce niveau. La séduction n'avait jamais réellement fait partie de son quotidien. Est-ce qu'il y avait réellement une réponse à ce qu'il venait de lui demander? Une réelle raison. Est-ce qu'on contrôle réellement les gens qui nous marque ou nous attire plus qu'un autre? C'est instinctif. Viscérale. Un ressentit qu'il est simplement impossible de contrôle. Ce quelque chose qui se fait ressentir, qui vous pousse à agir, comme elle l'avait fait ce soir. Il était étrangement près d'elle et c'était de plus en plus déstabilisant. « J'aurais aimé avoir une réponse toute faite, parfaite à dire, mais je n'en ai pas.» Un léger sourire passa sur ses lèvres rosées alors qu'elle prit une nouvelle gorgée de sa coupe de vin. « Je pense que tout ne s'explique pas. Parce que vous m'intriguer, je suppose, parce que vous m'avez marquée. Je ne peux pas vraiment dire pourquoi.» La gêne se dissipait. Le goût de l'alcool dans son corps la faisait se décontracter lentement. « Je sais qu'en temps normal l'on vous fait venir pour des raisons totalement physiques, mais ce n'est pas le cas.» Elle haussa simplement les épaules. La demoiselle n'avait pas la moindre intention de lui sauter dessus pour assouvir des envies plus que perverses, comme la plupart des femmes. Il n'y avait plus de place pour la tendresse. Pour la douceur. Ils étaient traités comme des objets ne servant qu'au capitole, comme toujours. La demoiselle sourit un peu en haussant les épaules. Elle le savait. Elle le savait, mais elle n'avait pas voulu voir un autre que lui. Le destin. Le hasard. Qu'importe. C'était simplement ainsi. « Je sais.» Quoi dire de plus? Elle savait. Elle savait ce qu'elle entendait et elle savait qu'il n'était pas un des plus récents vainqueurs. Elle s'en fichait. Maj voulait le voir lui. Pas un autre. Lui. Parce qu'il avait marqué son esprit. Parce qu'elle se souvenait des images et l'avoir juste devant elle était troublant, mais grisant, d'une certaine façon. Elle n'ajouta rien, laissant son regard dans le sien, se perdant dans les profondeurs de son âme qu'elle aurait aimé comprendre. Elle ne voulait pas l'ennuyer ou lui faire perdre son temps. Peut-être avait-il mieux à faire?
« J'aimerais vous montrer quelque chose.» Quoi? Qu'est-ce qu'elle faisait? Elle se laissait guider, par ses envies, pas ce qui lui passait en tête. Sa main fragile se glissa doucement autour de son bras avant qu'elle ne l'entraîne dans les multiples couloirs. Sans raison. Elle avait envie. Envie de partager. Quelque porte dépasser, quelques coins tournés, elle finit par pousser une porte pour entrer dans une salle d'art. Dans un endroit de création. Son endroit. Surement qu'il pouvait reconnaître quelque scène, quelques personnes, vainqueurs. Elle reproduisait des moments, des choses qui la marquaient, qui la troublaient. Elle dessinait la mort. Elle peignait le mal. Elle sculptait les âmes. Ce n'est que là qu'elle se rendit compte de sa main contre sa peau, de la proximité qu'elle avait installée en le guidant dans la pièce. Ses mains doucereuses contre sa peau rêche, contre sa chaire chaude. La demoiselle laissa ses doigts glisser lentement sur son bras, profitant de cet étrange contact qui lui plaisait avant de se retirer doucement, de s'extirper de là, de cette sensation envoûtante. « C'est la première fois que je fais venir quelqu'un ici.» Elle cessa de parler avant de reprendre lentement son souffle et d'affronter son regard. « Vous m'avez fasciné. Vous. Les autres. Surement vous plus que les autres. C'est peut-être de l'admiration. C'est difficile à dire. Je suppose que ce n'est pas une épreuve facile à vivre.» Un léger sourire. Elle détourna le regard pour observer les alentours. Va savoir ce qu'elle faisait. Va savoir pourquoi elle lui montrait cela. Sa façon de dire qu'elle était avec eux. Avec eux à sa façon.
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Sujet: Re: the kids aren't alright. ▼ (maj) Ven 27 Sep - 21:46
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rolling in the deep.
Elle le voyait enfin. À l’entente de cette phrase, il ne put empêcher une vague de chaire de poule de dévaler son échine. Il n’en laissa rien paraître, son sourire simple ne le quittant plus. Il le forçait, parfois ; pourtant, le naturel de son interlocutrice poussait également au sien, et il n’en sortait que moyennement perturbé. Quelques instants, il l’écouta continuer. Sa mâchoire se contracta imperceptiblement, sans qu’il ne s’en rende compte. Elle prétend connaître les Jeux. Elle prétend les connaître, alors qu’elle ne fait que les observer depuis sa tour d’ivoire. C’était de famille. Les Capitoliens assistaient à cette mascarade délicieusement macabre, se réjouissant du sang sur les lames et des hurlements d’agonies d’enfants innocents. Ils n’avaient rien voulu, pour la plupart. Rien demandé à personne. D’autres, comme Titus, s’étaient portés volontaires ; on considérait alors parfois qu’ils avaient mérité cette mort, ou cette souffrance. En réalité, ce n’était qu’illusoire ; personne ne la méritait. Et même si l’arrogance et la suffisance l’avaient poussé à se présenter aux Jeux, il regrettait chaque jour que le bon dieu lui donnait. Tout en en étant satisfait. Il était devenu cynique à ce simple propos, à leur simple mention. Renfermé. La bête au fond de lui se tassait sur elle-même, menaçant de feuler et de rugir chaque fois qu’on clamait son succès, qu’on se laissait transporter de joie face à sa victoire. Il aurait voulu qu’ils connaissent à leur tour ce supplice auquel il avait été soumis. Quelques secondes à peine après avoir perdu la vue, il avait sombré dans l’inconscience. Sa victoire n’était survenue que par le plus grand des hasards, et certains pensaient parfois qu’il n’avait pas mérité de gagner ; jusqu’à ce qu’un autre leur rappelle à juste titre que lui, au moins, s’était battu. Jusqu’à la dernière seconde. Même les yeux crevés, il avait choisi de terminer ce qu’il avait commencé. Et de se propulser jusqu’à un piédestal duquel il ne semblait pas près de redescendre.
Son hôte l’intriguait. Maj. Elle prétendait à présent ne pas avoir de réelle raison de l’avoir invité, ou tout du moins de ne pouvoir l’expliquer. Il se tut, ne sachant que répondre, préférant imprimer chacun de ses mots que de la couper toutes les secondes. Elle ne semblait pas l’avoir fait venir pour des raisons physiques, à en juger par ses propos. Au contraire. Il se détendit légèrement à l’annonce de cette nouvelle. Son sourire s’adoucit quelque peu. Décontracté. Il laissa le silence les bercer, quelques instants, hochant la tête pour toute réponse. Il ne se fichait pas de ses motifs, contrairement à ce qu’il aurait pu laisser paraître ; il avait simplement besoin de silence, de calme. Comme d’ordinaire. Elle ne semblait pas criarde, ni exubérante ; pas le moins du monde. Elle gardait une certaine réserve, qu’il ne pouvait qu’apprécier. Lorsque finalement elle reprit la parole, l’attrapant par le bras pour l’emmener à sa suite, il haussa légèrement les sourcils, sans aucune protestation pourtant. Il se laissa faire, déposant son verre sur une petite table d’appoint à côté de laquelle ils passèrent, la suivant dans un dédale de couloirs dans lequel il aurait été bien incapable de se repérer seul. Lorsqu’elle le fit entrer dans la petite pièce, il sentit son cœur se tordre étrangement, sans réelle explication. Il dût s’approcher des toiles et des œuvres pour se rendre compte de ce face à quoi il se trouvait. C’était un refuge. Le refuge de cette oiselle si innocente qu’il venait à peine de rencontrer. Son refuge ? La mort qui régnait sur chacune de ces peintures le prit à la gorge, sans qu’il ne puisse réagir outre mesure. Il sentit son cœur s’accélérer, en un rythme étrange, danse macabre et remplie de souvenirs. Et pas que des bons. Il continuait de regarder autour de lui. Un instant, ses yeux se posèrent sur le contact que la jeune fille prolongeait. Un léger malaise ; était-elle réellement persuadée de ne pas l’avoir fait venir pour des raisons physiques ? Il frissonna à nouveau, la laissant se détacher. Il s’éloigna de quelques pas, circulant auprès des œuvres de la demoiselle, les détaillant de son regard abîmé. Les mots restaient bloqués dans sa gorge. Quand, finalement, il se décida à les prononcer, ce fut d’une voix rauque et basse, d’un ton imprégnant et perturbant. « … Vous disiez connaître les Jeux, tout à l’heure. Vous semblez les cerner mieux que ce que je ne l’imaginais. » Contrairement à la plupart des habitants du Capitole, tout du moins. Il sentait sa respiration douloureuse, son cœur étrangement remué par la proximité de ces visions d’horreur, bien que romancées par l’art. « Mais vous ne les connaissez pas. » Un sourire triste se peignit sur ses lèvres. Il ne releva pas. S’éloigna d’un pas. Baissant les yeux. Déglutissant, lentement. Comme si même sa salive ne paraissait plus pouvoir glisser le long de son œsophage. Il avait la sensation de se retrouver à nouveau plongé dans un monde dont il ne voulait plus rien savoir. Il n’arrivait pas à détester cet art, qu’elle avait eu le courage de lui dévoiler. Mais il ne pouvait non plus l’apprécier. Elle avait du talent ; énormément, même. Mais ses œuvres manquaient de réalité, de précision, d’agonie, de souffrance et de hurlements.
Elles manquaient de vie, tout simplement.
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Sujet: Re: the kids aren't alright. ▼ (maj) Sam 28 Sep - 0:59
❝ you're gonna be so far, kid.
rolling in the deep.
Elle aurait dû s'abstenir. Ne pas le faire venir ici. Parce que c'est certain qu'elle ne connaissait pas les jeux, qu'elle ne comprenait pas. Parce qu'il fallait le vivre. Parce qu'il fallait ressentir ce foutu mal, cette envie de survivre, pour comprendre. Ce n'est pas ce qu'elle voulait dire. Ce n'est pas ce qu'elle voulait faire. En le faisait rentrer ici, elle voulait lui partager une partie d'elle. C'était impossible de dire pourquoi, ni comment. C'était son antre. Sa vie. Maj savait qu'il y avait ce quelque chose en lui, ce quelque chose de briser. Une cassure irréparable. Elle le sentait. Elle le voyait dans le fond de ses iris imperturbable. Cette flamme qui vacille. Cette flamme qui tremble lentement. La jeune femme voyait trop de choses. Elle ressentait trop de choses. C'est comme si elle était hypersensible à ce qui se passait autour d'elle. La tension fit sentir, au fur et à mesure qu'il laissait ses yeux parcourir les toiles qu'elle avait peintes. C'était parfois morbide. Parfois plutôt doux, mais il y avait ce quelque chose de troublant dans ses œuvres, comme si elle laissait une partie de son âme avec elle, comme si elle s'y imprégnait un peu trop. Pas assez pour savoir ce que ça faisait réellement de se trouver là. Souvent, elle avait voulu quitter l'écran des yeux, mais elle était incapable, incapable de détourner le regard. Les larmes y montaient. Des sanglots lui prenaient férocement à la gorge. Les jeux. Elle les détestait. À sa façon. Elle les admirait à sa façon. Ce qu'elle admirait réellement c'était eux. Eux qui n'avait d'autre choix que de s'y lancer, que de s'y perdre corps et âme et se briser en mille morceaux.
Un malaise prit place en elle, parce qu'elle n'avait pas envie de lui faire du mal, parce qu'elle n'avait pas envie de le blesser ou de le faire tomber dans cette folie qu'il tentait surement d'oublier. C'est ce qu'elle venait de faire. Le replonger un peu dans ce monde, dans cet endroit trop plein d'images, de toiles qui s'entassaient dans les coins. Elle se mordit la lèvre inférieure en s'approchant de lui, comme si soudainement, il n'était plus un étranger, mais quelqu'un dont elle avait envie de prendre soins. Elle attrapa son bras, laissant ses fins doigts courir sur sa peau rêche et l'attirer vers la porte. Maj ne voulait pas. Elle ne voulait pas faire remonter le mal. La souffrance. « Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire.»
Elle l'entraîna une fois de plus vers la porte, l'incitant fortement à sortir pour se retrouver dans le couloir et elle ferma la porte de cette salle qui était privé. Cette salle où elle était la maîtresse. Pendant un moment, la brune resta face à la porte, les mains posées contre celle-ci, perdue dans ses pensées, dans ce qu'elle avait envie de lui dire ou de répondre. Ses iris pâles glissaient sur le bois de la porte qu'elle analysa un moment avant de se retourner pour reposer son regard sur lui. L'analysant à son tour. Un moment. Quelques secondes. Quelques instants. « Je ne pense pas les savoir aussi bien que vous. Je sais très bien cela.» Elle se tu un moment avant de faire quelques pas pour apparaître plus clairement dans son champ de vision. Le regard de la jeune femme se plongea directement dans le sien. Il pouvait voir qu'elle ne voulait rien de précis. Il pouvait voir qu'elle ne lui voulait rien de mal. La brune ne l'avait pas fait venir ici pour une raison précise, mais pour un tas de raisons bien trop floues pour qu'elle puisse les mettre en mots. Sa main finit par se lever pour passer lentement sur son visage. Il était étrangement beau et elle se sentait désole de l'avoir fait entrer dans ce monde, revivre des choses qu'il tentait surement d'oublier. Le bout de ses doigts passa lentement sur sa joue, caressant les poils de sa barbe naissante, profitant de la texture de sa peau sous le satin de la sienne. Dans ses yeux, pas la moindre once de luxure ou de mal. Elle était simplement elle. Livrée à elle-même. Totalement fascinée et déstabilisée par lui. Elle continuait doucement de détailler les traits de son visage sous ses doigts, se faisant bien silencieuse pour le moment et elle repris enfin, sur un ton faible. « Je suis désolée. Je n'aurais pas du vous faire entrer là, surement que c'était une bien mauvaise idée de ma part.» Elle ne le connaissait pas. Maj ne savait rien des maux qui pouvaient se trouver dans le fond de son esprit, mais contrairement au reste du monde, c'est de ça qu'elle se souciait, c'est de ça qu'elle s'intéressait, au fond d'elle. C'était impulsif. Incompréhensible. Insaisissable. Son visage se pencha sur le côté, alors qu'elle ne détournait pas le regard, laissant ses doigts caresser tendrement sa joue, sa mâchoire. Qu'est-ce qu'elle fichait? Elle ne le savait pas elle-même, mais il était bien réel. Là. Devant elle. « Loin de moi l'idée d'être indélicate et indésirable.» C'était comme si elle avait voulu lui partager une partie d'elle. Lui dire, silencieusement, qu'elle cherchait à les comprendre. Eux. Eux qui avaient du courage. Eux qui vivaient dans cette peur, cette souffrance. Mais elle ne pouvait pas le comprendre. Pas vraiment. Parce qu'elle n'était pas de ce monde. De quel foutu monde est-ce qu'elle pouvait bien être?
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Sujet: Re: the kids aren't alright. ▼ (maj)
the kids aren't alright. ▼ (maj)
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