lyndsy ❧ "you gave me a chance" "yes, to live" "no, to do something"

Ma Lyndsy,

si tu lis ces mots, cela voudrait dire que je ne fais plus partie désormais de ce monde. Je suis tellement désolée de devoir te laisser seule toi et ton père avec cette condition de vie que tu connais, malheureusement, si bien. Mais tu ne l'es pas.
J'aurais aimé que tu apprennes la vérité autrement que par cette lettre.

Lyndsy, ma chérie, tu as un frère, un demi-frère. (...)

Et ce fut ainsi que Lyndsy Castkill et Soren Braddock apprirent l'existence d' l'un et de l'autre. Rhéa Braddock avait apparemment une double vie. Mais comme la fillette n'avait pas le même nom de famille que sa mère, elle était vue comme une bâtarde aux yeux du voisinage. A la place des regards attendrissants et compatissants, Lyndsy ne voyait que de la pitié, ou encore du mépris ... C'est par ces regards distants et froids qu'elle avait appris à grandir vite et à affronter certaines choses de la vie ; comme celle de mourir jeune. Elle avait douze ans quand sa mère mourut. Douze ans lorsqu'elle découvrit pour la première fois Soren. Et douze ans qu'elle devint éligible pour les Jeux de la Faim. Chaque année, en plus de son tesserae de recensement, elle devait en prendre d'autre pour son père et elle. Son père, Téo Castkill, avait beau être l'homme le plus aimant de tout le district, il n'en était pas moins très pauvre. Mais vraiment très pauvre. Il avait beau travailler d'arrache-pied mais à la fin, il obtenait toujours un salaire misérable, sans espérer d'avoir ne serait-ce qu'une petite augmentation. Le père et la fille en étaient venu donc à se procurer des tesseraes supplémentaires. Et au grand soulagement de la demoiselle, son nom n'a jamais été tiré. Ceux de ses amis, oui. Enfin d'une précisément, Kléo. Kléo était sa meilleure amie, celle qui avait appris à Lynd' à tirer à l'arc. Et le hasard a voulu que Kléo aille aux Jeux de la Faim. Et n'en revienne jamais.
De ses 12 à ses 18 ans, la peur l'avait tiraillée que la main de l'hôte tire son nom. Malgré ses chances, jamais elle n'avait entendu quelqu'un l'appeler, la condamnant à une mort certaine. Et ce n'était qu'à son dix-neuvième anniversaire qu'elle avait pu souffler. Mais de nouveaux problèmes vinrent à apparaître ; maintenant qu'elle n'avait plus recours aux tesserae, il faillait trouver un nouveau moyen pour vivre "convenablement".
Elle pouvait compter sur Soren, qui les aidait un peu financièrement, elle et son père. Il vivait seul depuis la mort du sien et Lyndsy avait beau insister qu'il vienne habiter avec eux. Mais elle ne le voyait que le dimanche et Soren travaillait beaucoup en faisant des heures sup' ( comment pouvait-on faire des heures sup' en étant concierge ? ). Mais avec son petit salaire de femme de ménage qu'elle s'était dégotée à ses dix-neuf ans, c'était loin de satisfaire à tous leurs besoins. En même temps, il faut reconnaître que Lyndsy n'y mettait pas beaucoup du sien ; elle aimait pas sortir de sa maison. Elle aimait bien y rester pour écrire ou pour rêvasser un peu. Rêver d'un monde meilleur. D'un monde sans un Capitol tyrannique, marginal et inintéressant au possible. Elle était mécontente de la politique et n'hésitait pas à le faire partager avec ses proches ( elle avait l'intelligence de ne pas le crier sur tous les toits ). Bref, on s'éloigne du sujet principal ; subvenir aux besoins de sa famille. C'était à partir de ce moment qu'elle avait décidé de reprendre ses exercices de tir à l'arc. Disons plutôt qu'elle réutilisait ses "dons" en tir à l'arc pour chasser dans la forêt. Et elle savait ce qu'elle faisait était parfaitement illégal et qu'elle faisait cela le soir, à des horaires auxquelles les pacificateurs ne faisaient pas leurs tours de garde dans la forêt surplombant le district. Elle sortait de chez elle prétextant un travail à faire ; mais en vérité, elle se rendait dans un petit cabanon abandonné se trouvant à la lisière de la forêt et récupérait son arc et ses flèches. Elle choisissait toujours du petit gibier et ne réussissait pas souvent ses tirs. Du coup, elle rentrait bredouille ou prétextait un cadeau de ses patrons quand elle obtenait une bête. Et puis, un jour, elle tomba en pleine forêt un jeune homme. Disons, qu'elle avait failli se faire tuer par un autre archer plus expérimenté qu'elle. Elle le reconnut plus ou moins comme étant l'un des fils d'une famille qui "se portait le mieux dans le district sept". Après l'incident, Lyndsy l'avait engueulée comme un malpropre et était repartie rentrer chez elle. Quelques heures plus tard, elle ouvrit la porte quand on l'avait sonnée ; ce même individu qu'elle avait croisé plus tôt se tenait devant elle lui tendant un gros gibier. Il lui demanda de le vendre au marché noir pour qu'elle ait un peu d'argent. Puis il repartit sans que Lynd' ait eu le temps de répliquer. A contrecoeur, elle le fit et constata que c'était une solution envisageable. Et personne n'était au courant des parties de chasses en solitaire ...

Lyndsy Castkill vivait dans la pauvreté, mais comme disait son père, c'était une "petite débrouillarde ... à sa manière." Certes, elle était loin de l'image de l'héroïne qui faisait des pieds et des mains pour subvenir aux besoins de sa famille et qui était celle qui sauvait le monde. Disons qu'elle était plus terre-à-terre et qu'elle connaissait ses défauts et limites et qu'elle était plus utiles avec ce qu'elle savait faire.