+ absolutely final goodbye.

Le convoi bouge dans tous les sens alors que, accoudé à la fenêtre, j’observe avec dédain, les personnes qui se déplacent à l’extérieur. Partout, des personnes en loques qui se baladent dans les rues, cessant de bouger sur notre passage, pour contempler le train qui passe, à une période inhabituelle de l’année. Du bétail rien d’autre ; des vaches qui regardent passer un train, ils ne méritent que de recevoir le dédain des membres du capitole, pas l’admiration que mes parents leur accordent. Et même si je sais que, pour eux, ils ne sont que des jouets, destinés à les distraire lors de leurs moments d’ennuis ; je ne peux m’empêcher de ressentir une pointe d’amertume à leur égard. Voilà déjà vingt-et-un ans qu’il me faut supporter de les voir vivre uniquement pour les Hunger Games, me reléguant au second plan, ne m’accordant pas une seule once d’attention. Je dois sans doute considérer comme une chance, le fait qu’ils m’aient laissé venir avec eux dans cette expédition, au beau milieu du district sept. « Je crois que nous sommes arrivés. » laisse échapper mon père d’une voix joyeuse, presque enchantée. Mélodieuse, elle est un chant qu’il ne peut s’empêcher de laisser passer ses lèvres. Un cri de joie qui m’exaspère, sans doute parce que je ne partage pas sa joie, celle de venir dans le district sept pour apprendre à y connaitre le maire Weiss et le reste de sa famille. « Oui, on dirait bien. Allez, viens mon chéri, on va bien s’amuser. » lance-t-elle à mon attention. Mon chéri, mots qui sonnent creux encore une fois. Elle n’a rien à faire de moi, de mon existence. Que je me trouve ici ou que je sois resté au Capitole, peu lui importe ; dans quelques minutes, elle aura oublié jusqu’au fait que je sois son fils, lorsqu’elle pourra s’émerveiller sur l’environnement naturel des personnes du district sept. Me reléguant au second plan, comme toujours. Mais peu importe, je ne m’en offense presque même plus, tant la situation me parait habituelle à présent. M’extirpant du wagon – n’est-ce pas ce train qui emmène les tributs jusqu’au capitole, d’ailleurs ? – je m’empresse de rejoindre mes parents en de grandes enjambées. « Cela ne pourra pas être pire que lorsque l’on regarde les jeux de la faim… » je commente, comme pour moi-même, alors que je leur emboîte le pas. « Qu’as-tu dit ? » me demande aussitôt mon géniteur. A croire qu’il possède un radar, destiné à détecter automatiquement lorsque je lui parle, quand il le souhaite. Mais cela ne dure jamais longtemps, je le sais bien et ne me fait aucune illusion à ce sujet. Aussi est-ce avec peu d’entrain que je réponds : « Non, rien. » remarquant d’un air maussade qu’il s’est déjà retourné, ne se souciant en rien de la réponse que je peux bien lui apporter.

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Mes pieds claquent avec violence contre le marbre de l'escalier menant au salon, alors que je m'empresse de les descendre quatre à quatre. Il me faut profiter du fait de savoir mes parents ensemble, dans la même pièce, et tout disposés à m'écouter, afin de leur exposer mes plans. J'ai vingt-et-un, me voilà à présent majeur et tout à fait enclin à me choisir un métier qui me correspond. Et je n'en vois qu'un capable de satisfaire mes attentes, même si c'est un choix qui risque de déplaire à mes géniteurs, quoi que je ne sache pas réellement qu'est-ce qu'ils peuvent bien en penser, à force de ne pas les côtoyer. Inquisitorial, le regard de mon paternel croise tout de suite le mien, à peine ai-je mis un pied dans la pièce. Et alors que je traverse le salon à grandes enjambées, pour venir me placer face à eux, je sens toujours son regard étonné, posé sur moi, comme-ci un sixième sens l’a poussé à comprendre que j’ai une requête de laquelle leur faire part. Du coin de l’œil, je le vois donner un coup de coude à ma génitrice, pour qu’elle redresse la tête dans ma direction, alors que je prends enfin place face à eux. « Papa. Maman. » je souffle, en les regardant tour à tour alors que j’énumère leur titre respectif, faisant naitre un sourire sur les lèvres de chacun. Un rictus qui me parait pourtant bien plus faux qu’ils ne le laissent envisager. « Puis-je vous exposer une requête ? » Mon père hausse de nouveau un sourcil à l’entente de ce simple mot, tandis que ma mère devient soudainement livide. Je ne me demande qu’à peine ce qui peut bien passer par leur tête ; je sais que de toute façon, ils ne sont que de vulgaires étrangers auxquels je me trouve tout de même enchainé, et que, je ne parviendrais jamais à savoir ce qui peut bien leur passer par la tête. « Nous sommes disposés à t’écouter. » souffle finalement ma mère, après d’interminables secondes, et un hochement de tête approbatif de la part de mon père. Je les regarde tour à tour, comme-ci je tente de trouver dans leurs regards, la force de continuer à exposer mon idée, mon envie. Pourtant, je sais pertinemment que je n’y trouverais jamais rien d’autre que le vulgaire intérêt, que l’on peut porter quelques instants à une bête de foire. « Je souhaite devenir pacificateur. » Loin de paraître leur déplaire, l’idée semble même les ravir, comme peut l’indiquer le visage, subitement radieux de mon père. « S’il s’installe dans un district, nous pourrons nous rendre là-bas plus facilement en vacances. » commente déjà mon paternel, en se tournant vers ma mère. J’ai l’impression de ne déjà plus être là pour eux. « Oh oui, le district sept, de préférence ! Tu te souviens du maire Weiss ? » commente-t-elle en retour, me faisant grincer des dents alors que je me remémore que c’est exactement à cause de cet homme et de ses filles, que c’est fait ressentir le besoin de devenir pacificateur.

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Poser mes valises ici, me sentir enivrer par l’odeur putride qui possède tout entier le district sept, était une chose que j’aurais tout de même préféré croire impossible. Pourtant, alors que mes prunelles se posent sur l’architecture de la mairie, je me rends compte que je n’ai plus qu’à me rendre à l’évidence et simplement accepter le fait qu’il en soit ainsi, que j’ai pu toucher ce qui a pu être mon rêve durant ces quatre dernières années, bien qu’il soit dur de me figurer mon ambition de devenir pacificateur, ainsi. Pourtant, c’est un terme auquel il va falloir m’accommoder, au fil des jours, des semaines, des mois, des années. L’homme dont le reflet se posera chaque fois devant moi, ne sera rien d’autre qu’un pacificateur. Je devrais d’ailleurs pouvoir être heureux d’atteindre enfin ce but, après tant d’années d’entraînement et de sacrifices, mais je n’y parviens tout simplement pas. Peut-être parce que, à n’importe quel endroit où peut se porter mon regard, il ne m’est donné de voir que des habitants des districts, des personnes qu’il me sera sans cesse donné de côtoyer. Peut-être est-ce un détail que j’ai oublié de prendre en compte, en me laissant dans cette aventure, et qui ne se voit raviver que lorsque mon regard se porte enfin sur le village des vainqueurs, pour la première fois depuis cinq ans. L’endroit où vivent les deux filles du maire Weiss, ayant toutes deux participé et survécu aux jeux de la faim. Jamais je n’ai vu mes parents observer une personne ainsi, avant de voir leurs prunelles se poser sur les deux descendantes du maire. Elles se trouvent ainsi être, en quelques sortes, celles qui font que je me trouve ici à présent, qui ont créé le déclic. Ma venue en ces lieux, n’est donc pas réellement un hasard, je me permets de penser, alors que je tourne enfin le dos au village des vainqueurs, pour pénétrer dans cette maison qui est désormais la mienne. Partant pour une nouvelle vie.