lydia sanders + we found love.

    Je grimpe sur ces rochers avec prudence, avec sûreté. Chaque pas vers le haut me rappelle à l'ordre, en me criant que si je glisse d'un léger centimètre, ma vie est terminée. C'est avec cette peur constante que j'ai vécu les pires années de ma vie. Chaque jour, je faisais attention à ne pas donner d'argent à n'importe-qui, de peur de voir mon nom s'ajouter une fois de plus à la liste. Cette liste effrayante, qui regroupait chaque enfant des districts, pour finalement en prendre un, et l'envoyer dans l'arène. Je lance un regard vers l'horizon, sentant le vent frapper mon visage. Un vent de liberté, qui me dit que cette fois-ci, je n'ai plus à avoir peur. Je ne dois plus craindre le jour des sélections. Je n'ai plus à avoir peur, ni de tomber, ni d'être choisie. Ce sentiment constant n'a plus lieu d'être. Pourtant, les Hunger Games sont toujours là, et malgré de nombreuses rébellions contre le Capitole, personne n'a pu les supprimer. Là, devant moi, se trouvent des hommes qui s'entraînent à grimper sur la montagne. Tout comme moi quelques années auparavant, ils prennent le plus de précaution possible, car ils savent qu'à un moment ou à un autre, s'ils ne sont pas prudents, quelque chose leur arrivera.

C'est dans cette atmosphère électrique que j'ai grandi. Malgré le favoritisme qu'a reçu le district numéro deux, pour le nombre de ses gagnants, chaque enfant garde en lui une part d'appréhension. Car même si ce district semble bel et bien avantagé, le destin est là. Les sélections aussi. Redescendant de la montagne, je me dirige rapidement vers mon chez-moi. Une petite maison simple, faite de pierres apparentes, doucement ensevelie sous des feuilles de lierre qui la dévorent peu à peu, à petit feu. A chaque fois que l'hiver s'approchait, ces feuilles mourraient, gelaient, apportant une touche de fraîcheur en plus dans la maison. Parfois, nous devions même essayer de retirer les branches qui s'infiltraient à travers les carreaux des fenêtres. Chaque année, la maison disparaissait un peu plus sous la végétation. Bientôt, nous ne verrons plus rien qu'un large amas de verdure, un arbre à la forme pour le moins étrange, qui abrite trois personnes. Mes parents, et moi. Non, je n'ai pas toujours été fille unique. Mon frère a été tué lors des vingt-deuxième Hunger Games, il y'a de cela quelques années. Une blessure à jamais gravée dans mon esprit. A chaque fois que la cérémonie passe sur nos écrans de télévisions, j'ai l'impression que le visage de mon frère se trouve quelque part, à me regarder. Un sourire sur les lèvres, une larme coulant sur la joue.

C'est peut-être une des meilleures raisons qui font que je voue une forte haine envers le Capitole et les organisateurs des jeux. Même si depuis la mort de mon frère, je suis un peu vue comme une enfant gâtée, qui possède tout ce qu'elle veut quand elle le veut. Pourtant, c'est une chose que je ne supporte pas. Je ne peux m'empêcher de me dire que des centaines d'enfants aimeraient être dans ma situation. Mais qu'à la place, ils sont envoyés dans une arène, perdus au beau milieu d'un lieu étrange, qui finira par conserver leurs corps. Et même si j'éprouve une certaine compassion, et de la culpabilité à l'égard de ces enfants, je ne peux qu'être heureuse d'avoir passé le cap des dix-huit ans. Désormais, mon nom est effacé de toutes listes. Plus rien ne peut me trahir, et me dire qu'un jour, je finirai ma vie dans un champ de bataille. Tuée par des bêtes ignobles, par un environnement trop dangereux, ou par un enfant trop intelligent. Désormais, je suis devenue vendeuse dans une épicerie, ce qui me permet de rester un peu dans cet univers des jeux, en écoutant ce que se disent les gens. Ce métier me donne l'occasion de rencontrer d'autres personnes, et d'aborder un tout autre point de vue concernant les jeux. Il me montre la réalité ; celle que chacun d'entre nous ne voulait pas découvrir. Nous sommes tous manipulés, tout sans aucune exception.