we must be killers (castiel)

« Menteur ! » s'écria une voix familière et féminine. Bien plus qu'un cri, c'était une accusation justement portée. Un simple constat des faits. Et cela t'était bel et bien adressé. Tu venais de trahir tes parents et ton frère aîné en restant impassible devant l'hôtesse. Tu venais d'être lâche. Toi, habitué depuis quasiment ta naissance à ce jour là si il arrivait. Toi, silencieux tandis que chaque année, tes parents réconfortaient ton frère en lui disant que si il était tiré au sort, tu prendrais sa place. Il en avait toujours été ainsi. Ta vie n'avais jamais rien signifié aux yeux de ta famille. A croire que tu n'avais été créé uniquement dans le but de remplacer ce fils si aimé et adulé des parents Odair. Tu étais resté de marbre tandis qu'il te jetait un regard furieux et pressant en montant sur l'estrade après que son nom ait été tiré au sort. Tu avais préféré ta vie à la sienne. Et au fond de toi, tu trouvais cela fort ironique. Tu avais privilégié ton existence à la sienne en étant à moitié sûr qu'il n'en réchapperait pas vivant. Simple instinct de survie ou tout simplement l'envie de te débarrasser ce ce frère qui n'a du te considérer que comme son joker pour les jeux ? Tu ne savais absolument pas ce qui t'avait poussé à agir ainsi. Tu n'avais jamais vraiment réalisé l'ampleur des jeux de la faim, ni celle d'une participation probable de ta part. Tu avais juste réalisé à quel point c'était injuste d'être celui qui prendrait sa place et que tu n'avais jamais été un minimum apprécié. Tu avais conscience que cela n'effacerait pas ton choix et que tes parents avaient de grandes chances de te mettre à la porte ou de te tuer de leurs mains. Inconscient aux mains furieuses s'abattant sur toi, tu ne réalisas que trop tard que tu te trouvais dans une pièce exiguë où tes parents brayaient et prenaient ton frère dans les bras en pleurant avant qu'il ne parte. Les adieux donc. En retrait, tu ne pus toutefois t'empêcher de porter une oreille attentive aux dires de cette famille qui n'était pas la tienne. « Je suis désolée. C'était lui qui devait prendre ta place ! Lui et .. » murmurait ta mère tandis qu'elle sanglotait à moitié. C'en était trop et un rire s'éleva dans l'ambiance tendue. Ton rire. Encouragé par les regards assassins et les cris de ceux que tu appelais auparavant ta famille, tu croisas les bras et les jaugeas du regard en souriant. « Honnêtement, je pensais faire partie de cette famille mais je me trompais. Je n'ai jamais été que pour vous un simple substitut pour votre fils adoré. » commenças-tu, insensible aux hoquets de ta mère et au silence de ton père et de ton frère. Furieux contre cette sois-disant famille, tu te rapprochas en pointant un doigt sur chacun d'entre eux. « Un simple amas de chair et de sang destiné à l'abattoir pour l'amour de votre fils. Je n'ai jamais vraiment existé à vos yeux. Et je suis navré de fausser compagnie au Capitole mais je ne compte pas jouer ce rôle que vous m'avez attribuer une seule minute de plus. » Profitant du silence plombant survenu après ta déclaration, tu tournas les talons et quittas la pièce sans un dernier regard pour ce frère qui n'a jamais eu de gestes et de mots à ton intention. Ta vie n'a du revenir dans son esprit qu'en ce jour de moisson. Chose vraiment pitoyable d'après toi.

« C'est uniquement de ta faute ! Ne cherche pas encore à nous faire culpabiliser ! » s'éleva la voix de ton père, furieuse. Assis dans un coin de la pièce accueillant plusieurs personnes ainsi qu'une télévision, tu t'étonnais du manque de contrôle de ton père devant tous ces gens devant qui il était gentil et hypocrite d'ordinaire. Mais après tout, il était normal qu'il agisse ainsi alors que son fils bien aimé venait de se faire débusquer par un groupe de tributs dans l'arène. Tributs plus tout à fait vivants par ailleurs. Insensible à sa peur et à sa mort prochaine, tu n'eus aucune réaction quand ta mère sortit de la pièce en hurlant et que ton père te balança quelque chose à la figure. Objet en verre qui se brisa très vite contre le mur près de toi mais qui te laissa une entaille sous l'oeil droit. Tout d'abord stupéfait devant une telle preuve de violence de la part de ton père, et ce devant plusieurs habitants du district quatre, tu ne tardas pas à porter ta main sur ta blessure et à extirper un morceau de verre fiché dans ta peau. Réagissant à peine aux picotements dus à ce geste, tu te levas d'un bond et te tournas devant l'assistance tandis que les cris de ton frère s'élevaient. Une ambiance très réussie donc. « Je suis désolé que vous ayez assisté à cette scène montrant à quel point un père peut aimer son fils. Je ne parle pas de moi mais bien sûr de mon défunt frère. N'hésitez pas à le raconter aux autres, ils adoreront savoir à qui ils ont vraiment affaire avec Derrick Odair. » déclaras-tu avant de quitter la baraque afin de gagner le rivage de la mer. Hors de toi, tu exhortais ta colère et ta frustration en courant. Si tu étais quelque peu déçu et peiné de la mort de ton frère, tu étais surtout blessé de constater les réactions de tes parents ainsi que le fait que les jeux soient si injustes et cruels. Tu n'avais jamais aimé ton frère mais cela ne changeait rien au fait qu'il venait de se faire enlever à deux parents apparemment très aimants. Toi, tu n'avais pas ta place parmi eux. Ce qui te faisait rester et demeurer un membre de cette famille venait de mourir. Tout ce qui te reliait à la famille Odair venait de se faire mettre en pièces par des zombies. Aussi ironique que cela pouvait paraître, cela te rendait d'autant plus frustré. Accélérant en sentant du sable s'immiscer sous tes pieds, tu t'arrêtas près du rivage et y balanças des coquillages se trouvant devant la mer d'un coup de pied. Passant du rire aux larmes, tu terminas assis sur le sable tout en te foutant de finir trempé. Beaucoup trop émotif suite au décès de ton frère, tu sursautas quand tu pris conscience de la présence d'une jeune femme à tes côtés, elle aussi assise et pensive. Arquant un sourcil, tu mis aussitôt un nom sur ce visage. Dionne. Préférant garder le silence tout en étant touché qu'elle t'ait trouvé, tu plongeas ton regard dans l'horizon, satisfait que Dionne respecte ton intimité et te laisse faire ton deuil. Cependant le contact de sa main sur la tienne te fit frissonner et t'arracha un sourire. Le premier depuis que ton frère ait été tiré au sort.

« C'est ça ! Comme si j'allais vous manquer et que j'étais un minimum important à vos yeux. » répliquas-tu à ton père tandis que celui-ci te barrait le chemin jusqu'à la porte. Ignorant toujours les plaintes et les gémissements de ta mère, tu ne te gênas pas pour défier Derrick Odair du regard, le faisant finalement plier face à la vérité. Réajustant ton sac de toile sur ton épaule, tu le bousculas et sortis au dehors, le coeur serré. Marquant un arrêt afin de détailler la maison qui avait abrité tes rêves et jeux d'enfant ainsi que tes premières réflexions sur le monde, ton père crut sans doute que c'était un signe d'hésitation puisqu'il revint à la charge. « Enfin Castiel ! Où va-tu habiter ? Tu n'as nulle part où aller. » En réalité tu savais exactement où tu allais loger puisque Dionne et son père n'avaient pas hésité une seule seconde avant de te faire cette proposition. Mais cela, tu allais le garder pour toi en espérant que tes parents ne l'apprennent bien plus tard que les autres afin de peut-être éveiller un soupçon de culpabilité en eux. Partant sans un regard ou un dernier mot pour ton père, tu trouvas le chemin jusqu'à la maison de la famille Cocklins les yeux fermés, l'ayant emprunté un bon nombre de fois avec Caleb, le frère aîné de Dionne et de son petit frère. Un ami que tu avais eu du mal à voir partir pour le Capitole alors que ses chances étaient minces de remporter l'édition des jeux de la faim. L'une des rares personnes dans Panem à qui tu tenais et qui tenais à toi. Drôle d'émotion nouvelle pour toi à cette époque. Il t'avait toujours soutenu et aimé, tout en te répétant ce que tu refusais d'entendre et que tu avais découvert lorsque tu avais laissé ton frère partir pour le Capitole. Sa mort avait été horrible et tu avais passé le plus clair de ton temps au côté de la famille de Caleb. Et aujourd'hui, elle t’accueillait comme un membre de la famille Cocklins. Une place que tu n'avais pas eu sein de la famille Odair.